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Maître Downson me fit lui raconter tout ce qu'il s'était depuis ma première rencontre avec Candice. Je dus presque lui dire chacune de nos conversations mot à mot. Il nota tout. Il se montra peut ravi de mon attitude face à Andrews. Il me préconisa de me taire au maximum et d'attendre qu'il me dise quand je pouvais répondre.

Au déjeuner, j'eus droit à un sandwich qu'il m'apporta avec un café. Nous continuâmes notre entretien pendant ce qui me parut être une éternité.

Et puis, ce fut au tour de l'officier roquet de venir m'interroger. Tenir ma langue fut compliqué. Il savait qu'il avait le dessus et il en abusait. Il faisait tout pour m'énerver, me faire parler plus qu'il n'était nécessaire. Malgré la présence de mon avocat, aussi fidèle que Lassie et avec autant de mordant, il tenta de m'intimider. Je me contentai de le toiser en gardant la bouche fermée à double tour. J'avais des centaines de répliques bien senties pour lui mais le silence le mettait tout autant en colère.

Le soir, je fus jetée en cellule. Il y faisait un froid de canard, la fenêtre était tout en hauteur, près du plafond, étroite et gardée par une rangée de barreaux rouillés. Je n'étais pas seule à l'intérieur. Camden était allongé sur le lit de camp qui était installé dans un coin. Il leva la tête lorsqu'il entendit la grille de la cellule s'ouvrir et il bondit littéralement sur ses pieds en me voyant tituber à l'intérieur. Il me happa dans ses bras et me serra si fort que j'entendis mes côtes craquer.

- Wow ! Qu'est-ce qui t'arrive ? lui lançai-je lorsqu'il me relâcha enfin.

- Tu vas bien ? J'ai entendu qu'ils t'avaient arrêtée aussi. Je ne voulais pas y croire mais visiblement, c'est le cas. Je pensais qu'ils cherchaient simplement à me faire craquer et à céder. Ils veulent sérieusement me faire passer pour l'assassin de Candice ! Plutôt que de chercher vraiment celui qui a fait ça, ils s'entêtent à croire que c'est moi ! Et que tu m'as aidé ! Ils ne pensent pas avoir fait déjà assez d'erreurs avec cette enquête ?! Voilà pourquoi je ne crois pas en la police ! Ils ne sont bons à rien !

Je m'assis sur le lit de camp qui gémit sinistrement. Je ne dis rien, laissant Camden tourner en rond, relâchant son angoisse, son impuissance, sa colère. Je ne fis pas un pas vers lui. En étant amenée ici, je n'avais pas manqué les caméras qui épiaient nos moindres mouvements. J'étais certaine que Andrews et son roquet allaient éplucher les vidéos de la nuit avec attention dès qu'ils arriveraient au poste le lendemain matin.

- Comment tu peux être aussi calme ? Ça ne te rend pas dingue ?

- Je cherche un moyen de contrer leurs accusations de façon intelligente. Jouer les derviches tourneurs ne m'aidera pas à le faire.

- Tu me reproches d'être énervé par ce qu'ils nous infligent ?

- Non. Je l'ai été aussi. Ils sont venus me chercher au boulot, merde ! Ils m'ont traitée comme une criminelle devant les clients, devant mes collègues ! J'ai de quoi être en rage ! Mais quand je suis en colère, je parle trop et c'est ce qu'ils veulent. Ils ont mon casier, ils vont tenter d'échanger les rôles, je le sens.

- Pourquoi tu dis ça ?

Il s'installa à côté de moi, enfonçant ses coudes dans ses cuisses pour continuer de s'arracher les cheveux.

- Parce que même dans la tombe, ma mère me pourrit la vie.

Son regard fit chauffer ma joue. Je me refusai à tourner les yeux vers lui. Si je devais parler de ça, mieux valait que je ne vois pas l'expression sur son visage.

- Quel rapport entre ta mère et ton casier judiciaire ? J'ai déjà du mal à croire que tu en as un...

- Et pourtant... Deux arrestations pour vol mineur, une pour trouble à l'ordre public et une pour revente des cachetons de ma mère. C'est plus dur d'en vendre dans le Kansas que dans le Massachusetts, au cas où.

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