18.

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Comme je l'avais prévu, la radio de mon nez ne révéla strictement rien. J'obtins simplement une pommade à appliquer dessus pour aider à faire partir l'affreux hématome qui persistait. Le lendemain soir, mon nez avait presque repris une couleur normale pour aller à cette fichue réunion. William me téléphona entre midi, juste avant que je ne parte travailler.

- Ça marche toujours avec Camden, ce soir ?

- Normalement. Ne t'inquiètes pas, au pire, je sais où il habite. Il me semble qu'il y a un bus qui part de l'arrêt devant le boulot jusque Prairie Village.

- Si jamais il y a un problème, tu m'appelles, que je lui botte les fesses, au besoin.

- Je compte sur toi, souris-je.

- À ce soir, Sky.

- À ce soir, Willy.

Je raccrochai pendant qu'il râlait. Il détestait que je l'appelle Willy. Et moi, j'adorais le taquiner. Je rempochai mon téléphone avant de gagner l'arrêt de bus. Je m'installai à la première place libre que je trouvais, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Des adolescents chahutaient dans le fond, criant, s'insultant, riant. C'était assourdissant. Leurs voix perçaient par-dessus la musique qui pulsait contre mes tympans.

Je descendis à mon arrêt et je marchais quelques mètres avant d'arriver au magasin. La voiture de Camden était déjà garée sur le parking des employés. Il n'était pas encore sorti de là, pianotant sur son téléphone. J'hésitai quelques secondes avant d'aller frapper à sa portière. Il sursauta, faisant tomber son téléphone par terre. Je l'entendis jurer comme un charretier et j'éclatai de rire. Il me donna un coup de portière en sortant de sa voiture.

- Ça va mieux, ton nez, on dirait ! lança-t-il.

- Will m'a forcée à aller à l'hôpital hier. Tout ça pour avoir une pommade qui a guéri mon bleu. Je lui avais dit que je n'avais rien qui justifie un voyage à l'hôpital mais il a refusé de m'écouter.

- Il a eu raison de te forcer à y aller. Ça aurait pu être plus grave.

- C'est un truc de mec, de me prendre pour une demoiselle en détresse ? Je peux me débrouiller toute seule et je sais quand même mieux que vous quand j'ai mal ou que ça ne va pas.

- Tu sais que tu n'es vraiment pas comme les autres ?

Je me tournai vers lui, un sourcil haussé.

- Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

- Parce que la plupart des filles adorent avoir les hommes qui les chouchoutent, d'habitude. Elles ont plutôt tendance à râler lorsqu'ils ne les traitent pas comme des princesses, justement.

- Je n'ai jamais été traitée comme une princesse une seule fois dans ma vie. Je ne tiens pas à ce que ça commence.

Il passa son bras autour de mes épaules et je sentis une vague de chaleur m'envahir. Je priais pour ne pas devenir plus rouge qu'une écrevisse.

- Tu t'y habitueras.

Il me lâcha aussi soudainement qu'il m'avait attrapée et il entra dans le vestiaire des hommes, me laissant plantée devant la porte de celui des femmes. Je poussai la porte et m'y adossai, me frappant les joues pour tenter de faire redescendre le sang de mon visage.

- J'en connais une qui a le béguin pour le petit nouveau... chantonna Emily.

Je sursautai. Je n'avais pas vu que je n'étais pas seule dans le vestiaire. La rougeur remonta de plus belle, plus forte encore. Je tentai de nier mais elle m'avait tellement prise au dépourvu que je ne sus que bégayer des négations incohérentes et loin d'être convaincantes.

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