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Andrews me fit répéter ce qu'il s'était passé une quatrième fois, refusant de croire ce que je lui racontais. Comme je l'avais prévu, les vidéos surveillance n'avaient servi à rien. Inexplicablement, elles n'avaient rien filmé. J'avais vu sur l'écran de l'ordinateur du sergent l'image virer au noir comme si un épais brouillard couleur de nuit avait envie le couloir des cellules. Ce n'était définitivement pas un bug ou un mauvais fonctionnement des caméras. Au même moment, les trois caméras avaient été sujettes au même phénomène progressif et incompréhensible.

Mon avocat n'avait pas apprécié de devoir débarquer dès six heures du matin au poste. Il était impeccable, le costume sans un pli, rasé de près, sentant l'after shave à m'en donner mal à la tête. Pourtant, ça se voyait qu'il n'était pas levé depuis longtemps. Ça ne tenait qu'au mouvement de ses cheveux, aux plis de la peau de son visage, marques d'oreiller à peine résorbées. Malgré tout, il sut se montrer intraitable face au harcèlement excessif d'Andrews et je pus enfin me relâcher un peu lorsqu'elle se résigna à nous laisser un petit moment en tête à tête dans la salle d'interrogatoire.

Je m'effondrai sur la table, la tête entre les bras. Mon avocat sortit trois minutes pour nous amener des cafés et de quoi grignoter. Je dévorai le peu qu'il sut récupérer de la salle de pause des flics. Il ne tenait pas à quitter le poste, se doutant que Andrews et son roquet sauteraient sur l'occasion pour essayer de continuer leur harcèlement.

- J'ai parlé de votre cas avec William et moi avons décidé d'un plan pour vous sortir d'ici.

Je me forçai à avaler rapidement l'énorme bouchée de beignet que j'avais dans la bouche.

- Ah oui ?

- Ce n'est pas très éthique de ma part mais l'acharnement de ce sergent ne l'est pas plus donc, j'ai accepté de vous soumettre son plan.

- Et c'est quoi, la super idée de Will ?

Je m'étais doutée que mon grand frère trouverait une solution pour me sortir de cellule et me libérer des soupçons qui pesaient sur moi. Il était inventif et trouvait souvent où se tenait la faille. Et quand c'était pour moi ou James, le côté éthique, il s'en moquait comme de sa première couche. Du moment qu'il nous sortait du pétrin, le reste n'avait pas d'importance, pour lui.

- Il va venir au poste pour... avouer... que vous sortez ensemble.

- Quoi ?!

Des morceaux de beignet à moitié mâchés s'écrasèrent sur le visage de mon avocat qui grimaça et s'essuya avec son mouchoir en tissu.

- Comme le mobile créé par le sergent tient sur votre relation avec Camden Delcroix, si nous lui enlevons ça, elle n'a plus rien contre vous. Donc, William a choisi de venir au poste aujourd'hui même pour prétendre avouer que vous avez une relation.

- Elle ne le croira pas ! Comment il expliquera notre silence là-dessus ?

- La pression paternelle. Il va dire que Monsieur Jorden n'approuve pas votre relation et qu'il voulait que vous la gardiez aussi secrète que possible. Monsieur Jorden étant un homme d'influence, le sergent Andrews ne pourra qu'accepter cette excuse.

Je reposai le reste de mon beignet sur la table et soupirai.

- Mais c'est mentir aux forces de police. Si ça s'apprend...

- Pour quelle raison cela s'apprendrait-il ? Vous vivez sous le même toit, vous êtes toujours ensemble... Il n'y a aucune raison pour que ça s'apprenne. Donc, vous devrez jouer la comédie un tout petit peu lorsque William viendra. Prétendez être en colère contre lui, vous inquiéter de la réaction de son père.

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