Chapitre 2 : L'art de se détendre.

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- Vu le quartier, la superficie de la maison et l'état actuel du marché, je pense que nous pouvons la mettre en vente au plus haut à 120,000 dollars, annonça Mme Fischer, l'agent immobilier, d'un air désolé.

- C'est bien assez pour ce que je compte faire de l'argent, répondit Amy.

- Très bien, je passerai donc demain matin pour faire des photos de la maison afin de publier l'annonce rapidement et je vous rappellerai ensuite quand j'aurai des visites, expliqua Mme Fischer, avec un grand sourire.

- Sans problèmes, plus vite ça sera réglé, plus vite je pourrai rentrer chez moi, répondit Amy, pleine d'espoir.

Mme Fischer raccompagna Amy à la sortie de l'agence. Les deux femmes se saluèrent puis Amy commença à flâner dans les rues du quartier, dans la fraîcheur de ce début de soirée.

Amy n'en revenait pas de ce qui lui était arrivée. Elle qui était si ancrée dans ses habitudes. En temps normal, elle se levait vers 13h, mangeait, se douchait, se préparait puis partait pour une heure trente de transport en commun pour arriver à son travail à 17h. Elle le quittait ensuite à 2h du matin. Puis elle recommençait le lendemain.

Parfois, elle ne rentrait pas chez elle mais rentrait chez un homme qu'elle avait rencontré au bar où elle travaille. Elle ne les ramenait jamais chez elle. Elle ne voulait pas s'investir, s'ouvrir, aimer. Pour elle, l'amour conduisait à rêver, à espérer et elle avait trop été déçue par le passé pour y croire. L'amour était une distraction qui l'éloignerait de ses objectifs : faire des études, avoir un métier respectable, avoir une meilleure vie.

Amy faisait ce qu'elle pouvait pour garder la tête hors de l'eau au quotidien. Mais là, tout lui échappait. Elle se posait trop de questions, même si elle essayait de les mettre de côté. Elle avait du mal à trouver un sens à tout ça.

Heureusement pour elle l'anglais ne lui a jamais posé de problème. Elle n'osait pas imaginer ce que ça aurait donné si elle ne parlait pas un mot d'anglais. Elle ne donne déjà pas beaucoup de sens à la situation, alors la barrière de la langue aurait ajouté une complication supplémentaire.

Amy n'arrivait plus à penser, elle avait le cerveau en ébullition. Elle se posait beaucoup trop de questions. Et le seul remède qu'elle connaissait dans ces cas-là était l'alcool.

*

Lorsqu'elle entra et s'installa au bar, elle était bien décidée à cesser de réfléchir et peu importe la dose d'alcool qu'il lui faudrait. Elle fit signe à la serveuse et commanda un whisky. Elle n'appréciait pas les alcools forts en temps normal mais à situation exceptionnelle, alcool exceptionnel.

Après quelques minutes à savourer son whisky, la sonnerie de son téléphone retentit. Elle vit le numéro de sa meilleure amie Lucie s'afficher et décrocha.

- Allo ?

- On n'avait pas convenu que tu devais m'envoyer un texto dès que tu avais atterri, par hasard ? demanda Lucie, fâchée.

- Désolée Lucie, les choses se sont enchainées assez rapidement ici, s'excusa Amy en soupirant.

- Alors ? Tu te sens comment ? s'enquit Lucie.

- Euh... perdue, répondit Amy, après quelques secondes de réflexion.

- Tu as vu la maison ? Tu as vu une photo de ta grand-mère ? T'as eu des informations sur ta famille biologique ? questionna Lucie.

- Oui, oui et non. En réalité, j'ai vu plus qu'une photo de ma grand-mère. Je crois que j'ai vu une photo de ma mère aussi et pire, une photo de moi. Comme ça, exposée dans le salon ! Comme si j'avais vécu dans cette maison, tu te rends compte Lucie ? Alors ça m'a décidée à aller dans une agence immobilière. Je vends la maison et je me casse. Et j'oublie tout, répondit Amy, catégorique.

Un lou(p)rd secret - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant