1 - L'arrivée

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La voiture franchit l'imposant portail grillagé. Elle s'engagea dans l'avenue principale bordée d'arbres touffus qui traversait le campus de l'université et roula au pas.

Le front pressé contre la vitre, Maddie voyait les pelouses parfaitement entretenues défiler lentement sous ses yeux. Elle compta mentalement le nombre de pavillons disséminés dans l'immense parc. La taille du campus était intimidante.

La luminosité vive lui fit cligner des paupières, le soleil brillant fort en cet après-midi. Joanna et Maddie s'étaient mises en route dès l'aube. Le trajet en voiture de location depuis l'aéroport était la dernière étape ; le long voyage touchait enfin à sa fin.

Maddie étouffa un bâillement. Au volant, Joanna scrutait minutieusement les abords des bâtiments. Les pneus crissèrent quand elle stoppa la Ford sur la dernière place libre d'un parking goudronné.

— Nous y voilà ! s'exclama-t-elle.

Un assemblage de véhicules en tout genre les entourait. Des camionnettes côtoyaient des voitures familiales, des 4x4 ou encore des SUV noir ébène. Des familles se croisaient dans un ballet ininterrompu. Des parents embrassaient leurs enfants pour leur dire au revoir.

Maddie observa la construction de brique rouge et son toit en tuiles grises. Un panneau annonçait « Reggio Hall ». Les fameux dortoirs. Une énorme bannière était accrochée à l'entrée du bâtiment « bienvenue aux nouveaux étudiants ! ».

Maddie s'apprêta à ouvrir sa portière quand Joanna la retint par le bras.

—  Attends !

Maddie sentit quelque chose de mouillé contre sa joue. Elle grimaça en repoussant sa mère.

— Maman, c'est dégueu !

Joanna continua de frotter la joue de sa fille avec son pouce humide.

— Tu as du noir sur la joue. Il faut faire bonne impression. Tu sais Mad, la première impression, c'est important.

Le stress de Joanna était palpable. Maddie posa sa main sur celle de sa mère en souriant.

— Ça va aller, maman.

À dix-huit ans, Maddie, fille unique d'une femme célibataire, n'avait jamais vécu loin de sa mère. Pour Joanna, voir Maddie vivre à l'autre bout du pays était une situation difficile à vivre. Certes, Maddie avait grandi mais elle restait son petit bébé qu'elle voulait couver et protéger du monde entier.

— Tu as raison, chuchota Joanna en caressant les cheveux de sa fille. Tout va bien se passer.

Elles quittèrent leurs sièges et rejoignirent l'extérieur. Maddie fut frappée par la température ambiante, la chaleur était accablante.

Joanna souffla en secouant ses mains pour se faire de l'air. Elle portait une simple robe à bretelles qui mettait en valeur sa fine silhouette.

Maddie regretta d'avoir mis un short en jean qui lui collait à la peau. Elle tira sur l'encolure de son débardeur et l'agita, faisant voleter le léger tissu.

Elles ouvrirent le coffre et se mirent à décharger son contenu sur le sol. L'agitation était vive autour d'elles. Les nouveaux arrivants enchainaient les allers-retours entre leurs véhicules et le hall dont la large porte d'entrée était laissée grande ouverte.

Des jeunes portant des tee-shirts « Felice » proposaient leur aide. L'un d'entre eux se dirigea vers Joanna. Il n'était ni grand ni musclé mais avait l'allure dynamique.

— Bonjour, je fais partie des volontaires pour l'accueil des nouveaux étudiants. Je peux vous aider ?

Étonnée, Joanna leva la tête et répondit joyeusement.

— Bonjour ! Oui, avec plaisir !

Elle lui tendit le sac de voyage calé sous son bras. Il l'attrapa et prit une valise de son autre main. Joanna se chargea de la deuxième valise. Maddie récupéra deux petits cartons qu'elle cala contre sa poitrine. De sa main libre, Joanna referma le coffre désormais vide.

— Quelle chambre ? demanda le jeune homme.

— 114, répondit Maddie d'un ton hésitant en rivant ses prunelles sur la feuille froissée entre ses doigts.

L'étudiant lui jeta un coup d'œil amusé.

— C'est dur de s'y retrouver quand on arrive. Tu te sentiras vite comme chez toi, tu verras...

Il laissa en suspens la fin de sa phrase, attendant visiblement qu'elle dise son prénom.

— Maddie, lâcha-t-elle.

Il la gratifia d'un sourire encourageant.

— Bienvenue à Felice, Maddie.

— Merci, répondit-elle poliment.

Ils pénétrèrent dans le hall du bâtiment en se frayant un chemin parmi les bagages qui s'entassaient.

— C'est au premier étage ! s'exclama l'étudiant.

Il snoba l'ascenseur et grimpa les marches de l'escalier, s'accommodant du monde qui s'y bousculait. Maddie et Joanna le suivirent.

En arrivant sur le palier, ils enfilèrent un large couloir où se succédaient des portes toutes similaires. L'étudiant s'arrêta devant l'une d'elles et déposa ce qu'il portait sur le sol. Joanna le remercia.

À quelques mètres, un jeune le héla et lui demanda un coup de main. Il acquiesça avant de se tourner vers Joanna et Maddie.

— Voilà ! Bonne installation, Maggie, dit-il en les quittant.

Joanna pouffa en levant les yeux au ciel.

— Petite mémoire le garçon !

Maddie éclata de rire. Elle haussa les épaules et reporta son attention sur la serrure en tournant la clé. Excitée et anxieuse, elle avait hâte de découvrir son nouveau lieu de vie.

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