Campus

7 - Prendre ses marques

Le lendemain matin, des étudiants de dernière année organisèrent une visite du campus par petits groupes. Maddie et Élise se retrouvèrent avec Meredith et Kristen. Ces dernières furent bien plus intéressées par les étudiants qu'elles croisaient que par les explications données sur les différents édifices où le groupe se rendait.

Maddie, elle, prêta une oreille distraite aux conversations autour d'elle, fascinée par les espaces qu'elle découvrait ; du centre sportif gigantesque au siège du syndicat étudiant en passant par les différents bâtiments de cours, le complexe aquatique et les terrains de sports en tout genre.

Maddie se sentit frustrée à la fin de la visite ; bien trop rapide à son goût. Elle décida de prendre le temps dans les jours suivants de découvrir à son rythme chacun des lieux.

L'après-midi, les nouveaux étudiants effectuèrent leurs dernières démarches. En passant au bureau des admissions dans le bâtiment administratif, Maddie récupéra un classeur avec toutes les informations importantes dont son emploi du temps et sa carte d'étudiante. 

Le reste de la semaine, la musique pulsa depuis les dortoirs, le campus n'était qu'une immense fête. De nombreuses activités sportives et culturelles furent mises en place par des étudiants volontaires. L'ambiance était enjouée et le temps fut chaud et ensoleillé.

Chaque jour, les rayons du soleil s'étalaient sur l'eau calme de l'étang situé en plein centre du campus. Certains étudiants se prélassaient sur ses berges alors que d'autres se promenaient dans les allées tels des touristes, les garçons vêtus de short et tee-shirt, et les filles arboraient des robes d'été, d'imposantes lunettes de soleil et des tongs.

De son côté, Maddie passa ses journées à arpenter les passages du campus. Elle se promena dans les facultés et flâna dans les amphithéâtres vides et impressionnants. Elle s'attarda dans le département de psychologie, excitée à l'idée de commencer les cours qui, elle en était convaincue, n'auraient rien à voir avec ceux qu'elle suivait au lycée.

Un après-midi, alors qu'elle déambulait tranquillement autour d'un grand terrain de gazon, elle passa près d'un petit groupe d'étudiants qui jouaient au foot. L'un d'entre eux ne savait clairement pas viser et le ballon fila droit sur elle. Elle tourna la tête juste à temps et le rattrapa.

— Joli ! lança un grand gaillard d'un mètre quatre-vingt-dix, son pouce droit pointé vers le ciel.

— J'ai de bons réflexes, répondit Maddie en haussant nonchalamment les épaules.

— Très bons même ! continua-t-il, l'air impressionné.

Il était si grand que Maddie dut lever la tête pour le regarder. Il devait bien faire deux têtes de plus qu'elle. Elle lui renvoya la balle quand l'un des garçons présents s'exclama.

— Hey Maggie, c'est ça ?

Elle se mit à rire en reconnaissant celui qui l'avait aidée quelques jours auparavant, à son arrivée sur le campus.

— Presque. C'est Maddie, corrigea-t-elle.

Il eut une petite moue.

— Désolé ! Moi c'est Eric. Le maladroit c'est Nate (il pointa du doigt le grand gaillard puis désigna les deux derrière lui) et eux, Jason et Keegan.

— Salut, fit timidement Maddie.

— Ça va depuis l'autre jour ? Bien installée ? s'enquit Eric.

— Oui, merci. J'essaye de prendre mes marques dans cet immense espace.

— Tu t'y feras plus vite que tu ne le crois ! En passant tes journées à traverser le campus d'un bout à un autre, tu le connaîtras rapidement comme ta poche.

— À force, tu pourras même faire tes trajets les yeux fermés, s'exclama le dénommé Nate.

Maddie n'avait pas hâte que cela arrive. Elle aimait la sensation que lui procurait le fait de fouler un endroit inconnu, elle aimait être envahie d'émotion et de surprise.

Un silence flotta dans l'air. Maddie se gratta la nuque.

— Bien, bonne après-midi !

— À toi aussi Maggie, s'exclama Eric.

Maddie le regarda de travers.

— Je plaisante ! À bientôt Maddie, ajouta-t-il.

Maddie lui fit un sourire poli. Quel humour !

Elle souffla en lui tournant le dos et continua sur l'allée. Elle avança à grandes enjambées vers un lieu qu'elle mourrait d'envie de découvrir, la bibliothèque.

En quelques minutes, elle arriva devant une belle fontaine de pierre, d'où jaillissaient de grands arcs d'eau. Elle la contourna et se trouva devant un vieux bâtiment. Une librairie jouxtait la bibliothèque et faisait contraste par sa construction récente.

Maddie grimpa les quelques marches qui desservaient un large porche et poussa la lourde porte. Elle fut accueillie par une bouffée de fraîcheur qui contrastait avec la température élevée de l'extérieur. Elle souffla d'admiration devant la grandeur des lieux ; la bibliothèque se répartissait sur plusieurs étages et d'immenses vitres laissaient entrer la lumière.

Maddie se rendit à l'accueil et discuta avec la jeune employée. Celle-ci se nommait Jade, étudiante en deuxième année à Felice, et travaillait à temps partiel à la bibliothèque. Elle en expliqua le fonctionnement et l'organisation à Maddie qui apprit notamment qu'elle était ouverte 24 heures sur 24 et que les étudiants y avaient accès jour et nuit. Maddie ne put cacher son étonnement.

— Jour et nuit ? répéta-t-elle.

— C'est ça, jour et nuit, confirma Jade en souriant. Ça m'a fait un choc aussi en arrivant. Je viens d'un petit bled, chez moi les bibliothèques ferment à 20 heures !

— Chez moi aussi !

Maddie partit ensuite se promener dans les rayonnages du rez de chaussée. Les étagères étaient rassemblées au milieu de la pièce tandis que des tables et chaises étaient alignées le long des murs. Les lieux étaient déserts mais Maddie savait qu'il en serait autrement dans quelques semaines.

Elle déambula aux deux premiers étages avant de se rendre au dernier, lieu de silence absolu où seul résonnait le bruissement des pages tournées.

Maddie se plongea dans un livre et n'en leva les yeux que lorsque la nuit était tombée à l'extérieur. Son téléphone affichait des appels et textos d'Élise et d'Anthony.

Elle quitta la bibliothèque en pleine conversation avec son petit ami, le téléphone vissé à l'oreille, et partit rejoindre sa colocataire à la cafétéria.