53 - Un joli réveil

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Son sommeil fut profond et Sally émergea tard dans la matinée. En ouvrant les yeux, elle découvrit Elizabeth penchée vers elle, le visage à quelques centimètres du sien.

Sally poussa un cri en plaquant une main sur sa poitrine.

— Elizabeth !

Sa colocataire se recula.

— Qu'est-ce que tu fabriques ? balbutia Sally en se redressant sur les coudes.

— Tu parlais dans ton sommeil...

Devant l'air dubitatif de Sally, Elizabeth poursuivit :

— Comme je n'entendais pas bien d'où j'étais, je me suis rapprochée.

Sally ne put s'empêcher de sourire.

— Curieuse, dis donc !

Elizabeth haussa les épaules.

— On ne se refait pas...

Elizabeth tapota sur une montre imaginaire à son poignet.

— Tu as vu l'heure qu'il est ?! Depuis quand tu te réveilles aussi tard, toi ?

Sally esquissa un drôle de sourire, Elizabeth vint aussitôt s'asseoir sur le bord de son lit et lui demanda avec un clin d'œil grossier :

— On a fait des galipettes cette nuit, mademoiselle ?

Sally éclata de rire.

— Oh oui, tu n'imagines même pas !

Elizabeth s'assit en tailleur sur la couverture, signe qu'elle s'installait pour un moment.

— Je veux tout savoir. Et tu n'omets aucun détail, s'il-te-plaît.

— Rien n'est plus mort que ma vie sexuelle, lâcha placidement Sally.

Elizabeth lança d'un air très sérieux :

— Tu es une fille magnifique, Sally. Tu pourrais avoir des nuits de folie !

Sally la regarda du coin de l'œil, l'air mi-amusé mi-reconnaissant.

— Peut-être... Mais ce n'est pas ce que j'ai fait cette nuit.

Elizabeth croisa les bras sur sa poitrine et cala son menton dans le creux de sa paume.

— Donc, qu'as-tu fait de beau ? À minuit, ton lit était vide.

Sally tenta de retenir un sourire, sans succès.

— Raconte ! la pressa Elizabeth. Ne me laisse pas te supplier.

— Ce serait tentant, s'exclama Sally d'un air malicieux. De te faire languir, je veux dire...

Elizabeth leva les yeux au ciel, puis fit mine d'envoyer un coussin en direction de sa colocataire.

— Sally !

Sally pouffa et se mit enfin à raconter sa soirée. Elle commença par évoquer les enchères, passant un moment sur celle qu'elle avait remportée, puis parla de la super ambiance qui régnait.

— Ça devait être génial, souffla Elizabeth.

Sally l'avait invité à l'accompagner mais Elizabeth avait une activité prévue à la maison de retraite où elle était bénévole. Impossible de se décommander au dernier moment et elle n'était pas du genre à agir ainsi. Quand Elizabeth prenait des engagements, elle les honorait.

Sally opina vivement.

— Oh oui, c'était vraiment super. J'ai beaucoup ri.

Un large sourire envahit le visage d'Elizabeth.

— Et qui est donc celui qui t'a fait autant rire ?

— Pourquoi celui ?

— Ce n'est pas un « celui » ?

Sally esquissa un sourire et fit signe que oui.

— Et c'est... commença Elizabeth, laissant la fin de sa phrase en suspens.

— Nate, compléta Sally.

Les deux amies échangèrent un regard complice. Elizabeth se pencha vers Sally.

— Pourquoi je ne suis pas surprise ?

— Parce que tu sais que je l'apprécie ?

— Tout à fait, répondit Elizabeth en appuyant chaque mot, puis elle tapota le nez de Sally en assénant : Et lui aussi t'apprécie, j'en suis sûre.

Sally se sentit rougir. Décidément, elle ne reconnaissait plus ses propres réactions.

— Oui, enfin non, laissa-t-elle échapper. Car je crois que...

— Tu crois quoi ?

Sally balaya l'air d'un geste de la main et grommela :

— Laisse tomber.

Elizabeth se redressa et riva son regard dans celui de Sally.

— Ah non, hein, tu commences, tu termines !

Sally poussa un soupir et se résigna à dire ce qu'elle avait en tête. S'il y avait bien une personne à qui elle pouvait totalement se confier, c'était Elizabeth.

— Il y a Maddie.

— Qui, Maddie ?

Sally réalisa qu'elle n'avait jamais parlé de Maddie à Elizabeth. Qu'elle n'avait jamais évoqué ce qu'elle avait fait lorsqu'elle était en dernière année de lycée, à la tête de l'équipe de cheerleaders.

— Maddie, répéta Sally tout bas. Une fille qui bosse à la bibliothèque, elle est amie avec Nate.

— Et ?

Le baiser d'Halloween lui revint en mémoire, mais comme Nate avait laissé sous-entendre, lors d'une conversation, qu'il était seul, Sally se contenta de dire :

— Ils ont l'air proches.

— Ils sont amis, non ?

— Je crois.

Elizabeth fit la moue.

— Hum... Serais-tu jalouse ?

— Mais non !

— Alors, s'ils sont juste amis, où est le souci ?

Sally haussa les épaules.

— Je ne sais pas...

Elizabeth posa ses mains sur les épaules de Sally.

— Voyons tout cela. Je crois que tu as besoin d'une bonne analyse...

Sally regarda son poignet.

— Oh, comme il se fait tard !

— Ne te moque pas de moi ! la réprimanda Elizabeth. Tu n'as pas de montre, tu n'as aucune idée de l'heure qu'il est...

Sally désigna la fenêtre par laquelle un flot de lumière se déversait dans la chambre.

— Suffisamment tard pour que je me lève et m'en aille loin faire ce que j'ai à faire.

Elizabeth fronça les sourcils.

— Sally Smith, chercherais-tu à t'enfuir ?

— Absolument. Je veux partir d'ici afin que tu arrêtes de me bombarder de questions et qu'on ne se lance pas dans une pseudo analyse psychologique de ma personne... Voilà !

Elizabeth lâcha un rire, puis vint déposer un baiser bruyant sur la joue de son amie.

— Tu as de la chance, je suis grave en retard mais je ne voulais pas partir sans avoir une petite discussion avec toi... On continuera notre causette ce soir, ça te laisse le temps de t'y préparer !

Elle lança un clin d'œil à son amie avant de se lever.

Un sourire aux lèvres, Sally la regarda partir.

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