11 - Une sororité ?

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Maddie avait vu les jours se succéder tout comme les sélections pour les différentes équipes sportives de Felice et c'était sans regret qu'elle n'en avait passé aucune. En étant totalement honnête avec elle-même, elle savait qu'elle n'était toujours pas remise de ce qu'elle avait vécu au sein de l'équipe des cheerleaders de son lycée. Et elle voulait trop se concentrer sur les cours pour se distraire avec une activité sportive qui, à ses yeux, ne lui apporterait finalement pas grand-chose, n'ayant aucunement l'intention de faire carrière dans quel que sport que ce soit.

Elle avait répondu à l'offre d'emploi de la bibliothèque et avait été recrutée. Elle allait désormais y passer dix heures par semaine. Les premiers temps, elle ferait plus de rangement en rayon qu'autre chose, mais cela lui convenait. Elle aimait se promener dans les allées de la bibliothèque, entre les dizaines et dizaines de rayonnages, et feuilleter de multiples d'ouvrages.

Élise, de son côté, avait présenté sa candidature pour intégrer l'équipe éditoriale du journal de la fac, sobrement intitulé « l'hebdo de Felice ». Elle était angoissée à l'idée de ne pas être retenue ; les étudiants qui entraient en première année et réussissaient à obtenir un poste au sein de l'hebdo le conservaient pendant toute leur scolarité. C'était une chance à ne pas rater.

Élise avait passé la première étape en présentant des textes qu'elle avait écrits par le passé et elle devait désormais rédiger un article sur un sujet imposé par la rédacteur en chef ; en l'occurrence, « l'intégration de nouveaux arrivants à Felice », pour prouver ses qualités rédactionnelles et démontrer sa réactivité et son efficacité. Le sujet était vaste, à Élise de choisir sous quel angle elle choisissait de le traiter. Mais clairement, elle séchait.

Elle était à son bureau depuis des heures, tapant quelques mots avant de les supprimer aussitôt. Elle n'avait aucune inspiration et la page restait désespérément blanche sur l'écran. Ce qui ne lui arrivait pourtant jamais !

Elle soupira une nouvelle fois en se laissant retomber dans le fond de son siège. Elle regarda par la fenêtre ouverte. Le soleil baissait à l'horizon et des éclats de rire parvenaient jusqu'à elle. Maddie pénétra à cet instant dans leur chambre et vint déposer sur son bureau son sac et les livres qu'elle venait d'acheter à la librairie.

— Je ne pensais pas que j'aurais besoin d'autant de manuels pour si peu de cours, s'exclama Maddie. Si les profs continuent à en ajouter sur leurs listes, tout l'argent de ma bourse va y passer !

Élise quitta son siège et s'écroula sur son lit. Maddie la fixa en fronçant les sourcils.

— Tout va bien ?

— Je n'arrive à rien. Mon satané cerveau fait la grève, je crois !

— Tu devrais te changer les idées.

— Tu as raison ! On va boire une verre ! répondit-elle, enthousiaste, en se redressant.

— Oh non, j'ai un résumé à faire pour demain et je n'ai même pas commencer à lire le-

— Une petite pause ne te fera pas de mal à toi non plus, la coupa Élise en lui faisant signe de prendre son sac à main.

Maddie sourit. La fac avait commencé depuis peu et Maddie s'y investissait déjà corps et âme. Élise avait raison ; elles avaient autant l'une que l'autre besoin de faire autre chose qu'étudier ou travailler.

Elles quittèrent leur chambre bras dessus dessous, sortirent de Reggio Hall et marchèrent vers le bar attenant à la cafétéria.

Sur leur chemin, Maddie entendait résonner des chants qui provenaient de résidences étudiantes.

Quand elles croisèrent des jeunes arborant des tee-shirt avec des lettres grecques qui s'étaient réunis sous le porche d'une grande villa, Maddie interrogea son amie.

— El, il se passe quelque chose de particulier ?

— C'est la semaine de recrutement, répondit naturellement Élise.

— Recrutement ?

— Les associations, les fraternités, les sororités, ils recrutent tous en ce moment.

Maddie n'était pas trop au fait sur ce genre de sujet. Elle avait entendu parler des sororités mais cela restait assez vague pour elle.

Élise remarqua son air absent et se lança dans une explication.

— Ces organisations recrutent de nouveaux membres chaque année.

— Mais qu'est-ce qu'elles font exactement ? Quel est l'intérêt de les rejoindre ?

Élise pouffa.

— Bonnes questions, ma grande ! Non, je plaisante. Eh bien, je dirais que cela dépend des groupes. Il y a des fraternités et des sororités qui ne sont connus que pour être les royaumes des fêtards, des consommateurs de drogues en tout genre et des filles faciles. D'autres sont plus sérieux et rendent vraiment service à la communauté. Ils mettent en place de nombreux événements, font beaucoup de bénévolat, récoltent des fonds pour la recherche médicale, les sans-abris, les enfants hospitalisés. Comme la sororité des Kappa Mu. Ma mère en était membre quand elle était à la fac, et elle en a même été à sa tête.

— Ah oui ? Et tu n'as pas envie de la rejoindre ?

— Franchement ? Non. Paige, la présidente de la sororité m'a approchée avant même que j'arrive à Felice mais j'ai décliné son offre. J'aime mon indépendance surtout si je suis prise pour travailler dans le journal. Et dans le blog aussi. Et puis, gérer et organiser des trucs, eh bien, ce n'est pas trop mon truc, justement !

— Ah oui ? Moi j'aime bien gérer, organiser, lâcha Maddie.

Élise s'immobilisa et se tourna vers sa colocataire. Un immense sourire naquit sur son visage.

— Maddiiiiiie ?

Cette dernière la regarda du coin de l'œil sans comprendre.

— Toi, je sens que tu vas avoir besoin de mes contacts...

Maddie ne comprenait pas.

— Tu veux intégrer les Kappa Mu ??

— Heu, quoi ? No-non, je-je ne-ne sais pas, bafouilla Maddie. J'ai juste dit que j'aime organiser.

— Ok. Et qu'est-ce que tu aimes d'autre ? Être avec du monde ? (Maddie opina) Aider les autres ? (Maddie opina encore) Être utile à la communauté ? (Maddie opina toujours). Eh bien, il n'y a pas de doute, tu dois postuler chez les Kappa Mu !

— Je ne sais pas, être au sein d'un groupe comme ça, je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée...

Élise posa ses mains sur les épaules de Maddie dans un geste affectueux et plongea son regard dans le sien.

— Les Kappa Mu ont une longue et bonne réputation derrière elles. Je peux t'assurer que cette sororité n'a rien – mais alors rien – à voir avec les pauvres filles égocentriques et tarées qui t'ont menée la vie dure au lycée.

Maddie haussa les épaules.

— Je ne sais pas.

Élise attrapa Maddie par le bras.

— Rencontre-les et fais-toi ton propre avis, non ?

Maddie lui sourit.

— Tu as raison. Ça ne me coûte rien.

Elle marqua une pause puis ajouta : 

— Et comme ça tu as ton sujet.

Élise fronça le visage avant de comprendre. Mais oui, l'intégration de Maddie au sein de Kappa Mu ! En voilà un super article !

Soulagée, Élise poussa un long soupir et entraîna Maddie avec elle. Elle voulait faire les choses le mieux possible, elle avait donc du monde à présenter à Maddie.


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