56 - Springbreak - Maddie

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Maddie n'avait pas hésité une seule seconde avant de choisir de passer les vacances de printemps chez elle plutôt que de partir en virée sur la côte avec Élise ou dans les îles en compagnie de Meredith. Maddie avait besoin de se ressourcer auprès de sa mère. Retrouver son cocon, son espace était vital pour elle. Et puis elle n'était pas si fêtarde que ça, les soirées ça l'amusait ponctuellement mais passer ses vacances à ne faire que ça, très peu pour elle.

En franchissant le seuil de la maison, Maddie fut accueillie par une bonne odeur qu'elle reconnut instantanément ; des spaghettis en sauce. Sa mère avait préparé son plat préféré pour son retour. Ravie et reconnaissante, Maddie lui tomba dans les bras. La mère et la fille s'étreignirent un long moment à quelques pas de la porte d'entrée.

Quand elles se détachèrent enfin l'une de l'autre, Maddie glissa son bras sous celui de sa mère et continua de le tenir. La distance qui les séparait au quotidien depuis son entrée à la fac avait fait réaliser à Maddie combien elle était proche de sa mère, et combien sa présence à ses côtés était primordiale.

Après avoir enlevé ses chaussures et troqué ses vêtements pour un jogging et un large tee-shirt, Maddie et Joanna se mirent à table. Elles discutèrent de tout et de rien durant de longues heures.

Alors que Maddie s'étirait et tentait d'étouffer un nouveau bâillement – le quatrième en quelques minutes –, Joanna la prit par les épaules et l'entraîna vers sa chambre.

— Il est temps d'aller au dodo, tu es épuisée.

— Je ne suis plus un bébé, maman, maugréa Maddie en se laissant tout de même faire.

Joanna lui adressa un sourire attendri.

— Tu seras toujours mon bébé.

Ce fut sur ces mots doux que Maddie s'endormit.

Le lendemain matin, elle émergea tard. À Felice, elle ne faisait jamais la grasse matinée. Entre ses cours et son travail à la bibliothèque, elle devait toujours mettre un réveil aux aurores.

Enroulée dans sa couette, Maddie se leva et se dirigea vers la fenêtre. Elle jeta un œil à l'extérieur : le temps était venteux et pluvieux. Elle esquissa une petite moue, pas question de mettre le nez dehors, elle profiterait de l'intérieur.

Maddie rejoignit sa mère dans la cuisine et s'installa à table où trônaient un bol et un paquet de céréales.

— Ça va, ma puce ? s'enquit Joanna en sortant une brique de lait du frigo qu'elle tendit à sa fille.

Maddie hocha la tête avant de se servir des céréales et de les recouvrir de lait.

— J'ai dormi comme un loir.

— Je suis passée te voir plusieurs fois et à chaque fois, tu dormais profondément. Je me suis dit que tu avais besoin de récupérer, je sais que tu as un rythme soutenu à Felice.

Mâchant sa bouchée, Maddie observa sa mère. Elle remarqua qu'elle s'activait aux fourneaux.

— Qu'est-ce que tu prépares ?

Joanna s'essuya les mains sur un torchon et se tourna vers sa fille.

— Un bon repas, je l'espère. Pour ton retour et... nos invités.

Maddie se figea, sa cuillère en l'air.

— Nos invités ? répéta-t-elle.

— Tu sais, Elvio et ses filles.

Elvio, le petit copain de sa mère. Il ne lui posait aucun souci. L'une de ses filles, oui : Mia. Maddie n'avait pas du tout envie de la voir, mais elle ne voulait pas être rabat-joie.

— Tout se passe toujours bien avec Elvio, alors ?

Joanna s'empourpra. Maddie sourit. Sa mère était amoureuse. Vraiment amoureuse. Comparé à tout ce que Joanna avait fait pour elle, Maddie pouvait bien supporter un autre repas en présence de Mia. Et s'il se passait comme le dernier, au final, les deux filles se contenteraient de s'ignorer.

Maddie échangea des textos avec son amie Rachel, rentrée elle aussi pour les vacances. Elles convinrent de passer l'après-midi chez Maddie. Rachel débarqua alors que Maddie sortait tout juste de la douche. Elles se sautèrent dans les bras, sautillant sur place.

— Tu m'as trop manqué, Mad !

— Toi aussi, Chel' !

Elles lancèrent la musique, puis s'installèrent sur le lit de Maddie. Rachel parla de ses cours, de l'équipe de cheerleading qu'elle avait rejoint dans sa fac et de ses petits amis successifs.

— Il y a trop de choix, c'est impossible de rester avec une seule personne !

Maddie rit franchement. Elle raconta ensuite la situation avec Sally, ainsi qu'avec Anthony.

— Eh bien, dis-moi, ta vie est mouvementée !

— Moins qu'au lycée, Dieu merci.

Les filles se sourirent. Elles n'avaient aucun souci à évoquer ce qui était arrivé entre elles au lycée mais tous leurs souvenirs communs n'étaient pas forcément plaisants à se remémorer.

— Devine qui vient dîner ce soir, lança Maddie.

Rachel se gratta le menton en fronçant les sourcils.

— Tu la connais, ajouta Maddie. Et c'est vraiment pour faire plaisir à ma mère...

Rachel ouvrit grand les yeux.

— Ta mère est toujours avec le père de Mia ?!

— Oui. Et c'est le grand amour.

— Merde.

Rachel se reprit :

— Enfin, merde, je sais pas. Est-ce que c'est la merde ou pas ?

Maddie haussa les épaules.

— Je crois que le destin a un drôle de sens de l'humour. Il me fait demi-sœur avec une peste qui m'a pourrie la vie l'an dernier et me fait bosser en binôme avec une autre peste, qui n'en est peut-être plus une mais ça, on n'en sera jamais certaines, qui m'a aussi mené la vie dure l'année dernière.

Rachel souffla.

— Waouh. Tu as repris ta respiration à un moment donné ?

Maddie se mit à rire.

— Même pas besoin. Je suis forte en apnée.

— La chance ! Moi, j'aimerais bien pouvoir couper ma respiration dans les vestiaires, après les entraînements, vu combien ça cocotte !

Maddie pouffa, Rachel aussi.

— Je te jure ! continua-t-elle en fronçant le nez, comme si elle sentait l'odeur. C'est une véritable infection. Ça sent un mélange de chaussettes humides et d'aisselles trempées !

Maddie partit d'un grand éclat de rire. Rachel l'imita.

— Je t'en enverrai un échantillon à la rentrée.

Maddie secoua les mains.

— Sans façon.

— Si, si ! Il faut que tu sentes pour te rendre vraiment compte. Là tu ne peux pas saisir ma douleur, c'est impossible.

Maddie et Rachel se remirent à rire. Que c'était bon d'être à la maison !

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