Depuis son arrivée à Felice, Maddie n'avait pas eu l'occasion de rentrer une seule fois chez elle. Elle habitait bien trop loin de l'université et ses week-ends étaient rythmés par ses nombreuses activités. Sa famille lui manquait, chaque jour un peu plus. Elle attendait donc Thanksgiving avec hâte.
Les jours passants, la fête approchant, l'excitation montait en elle. La perspective de retrouver sa mère, sa ville et sa maison la remplissait de joie. Lorsque le moment de prendre l'avion arriva enfin, Maddie ne tenait plus en place. Elle étreignit Élise un long moment, avant de lui souhaiter une bonne fête.
— La joie ne m'a pas encore gagnée, lâcha Élise.
— Tu vas retrouver tes proches ! fit remarquer Maddie.
Élise esquissa un sourire malicieux.
— Je suis bien moins proche de mes proches que tu es proche de tes proches !
Élise s'épanouissait totalement à l'université, ce qui n'avait jamais été le cas chez elle. Dès leur rencontre, Maddie avait appris qu'Élise s'était toujours sentie étouffée par sa famille et que de se trouver loin d'elle lui permettait de respirer et de vivre enfin sa vie comme elle l'entendait. Les relations entre Élise et ses parents étaient vraiment tendues et la distance n'avait pas eu l'air de créer de manque d'un côté comme de l'autre. Maddie et sa mère s'étaient appelées à de nombreuses reprises, contrairement à Élise et ses parents qui s'étaient juste échangé quelques mails.
— Je sais que je dois me préparer à supporter les reproches de mon père, soupira Élise. Il n'a toujours pas digéré mon entrée à Felice. J'espère que mon frère ne se mettra pas de son côté et me laissera tranquille sinon les repas seront un enfer.
Un silence tomba, puis Élise s'exclama :
— Bon, peu importe ! Je ne vais pas gâcher l'ambiance, tu es tellement contente. Alors profite ! Et on se revoit vite.
Élise embrassa Maddie une nouvelle fois avant de l'enjoindre à attraper sa petite valise et s'éclipser. Maddie ne se fit pas prier. Elle trépignait à l'idée de retrouver sa mère. Elle devait le reconnaître, elle lui avait terriblement manqué en quelques mois.
Dans l'avion, Maddie s'endormit. Elle ne se réveilla qu'à l'atterrissage, l'esprit complètement embrumé. Cela ne lui arrivait jamais, de s'effondrer ainsi comme une masse. Elle réalisa que sa fatigue accumulée atteignait des sommets.
Elle se leva en baillant et tandis que tous les passagers se pressaient pour sortir, elle s'étira, attrapa son sac et avança dans l'allée centrale. Elle récupéra sa valise avant de se diriger vers la sortie. Un courant d'air frais parvint jusqu'à elle et acheva de la réveiller complètement. Elle allait retrouver ses proches ! La fébrilité la gagna à nouveau.
Quand elle aperçut sa mère à la sortie de l'aéroport, Maddie ne put retenir ses larmes. Elle se précipita vers elle et tomba dans ses bras. Elles s'embrassèrent longuement.
Elles rejoignirent la voiture et prirent la route tout en évoquant chacune leur tour ce qu'elles avaient vécu lors des mois qui venaient de s'écouler. Oui, elles s'étaient appelées, envoyé de multiples messages et de mails, mais tout se raconter en vrai, ce n'était pas pareil.
— Mad, est-ce que tu arrives à prendre du temps pour toi ? demanda soudainement Joanna.
Maddie fronça le visage.
— Comment ça ?
— Tu es toujours à droite à gauche. Quand tu n'es pas en cours ou en pleine révision, tu travailles à la bibliothèque ou sur un projet pour les Mamma Mu...
Maddie éclata de rire.
— Les Kappa Mu !
— Oui, enfin, tes sœurs de fac. Je ne connais pas vraiment ça, moi. Je n'ai jamais fait partie d'aucune sororité ou organisation quelconque !
Maddie se tourna vers sa mère.
— Et ça ne t'a pas manqué ? Je veux dire, de faire partie d'un groupe ?
— Mais j'ai fait partie d'un groupe ! Un groupe d'amis que je me suis fait petit à petit. Il y avait Paul et Silvio. Easton aussi ! C'était le blagueur du groupe. Et ma coloc Maya que j'ai côtoyé pendant des années. On s'est perdu de vue peu avant ta naissance. Et puis, il y avait aussi Sinaa...
— La Sinaa que je connais ?!
— Oui, c'est elle. On n'a jamais perdu contact toutes les deux. Bon, on se voit bien moins qu'avant mais on s'appelle régulièrement, on se donne des nouvelles, on parle de nos enfants... Et toute cette bande d'amis, tu vois, elle s'est formée progressivement à travers des cours ou des sorties, mais aucun de nous n'appartenait à une association ou une fraternité ou que sais-je ! Mais on s'en est tous plutôt bien sortis, je trouve.
Maddie hocha silencieusement la tête. La main droite de Joanna quitta quelques secondes le volant pour aller caresser la joue de Maddie.
— Tout ce que je veux te dire, c'est que l'important n'est pas de se lancer dans de multiples activités, mais de prendre plaisir dans ce que l'on fait. Et je ne voudrais pas que tu t'épuises.
— C'est le temps que je trouve mon rythme, c'est tout, lui répondit Maddie avant de porter son regard par la fenêtre.
Sa mère avait-elle raison ? S'était-elle lancée dans trop d'activités ? Maddie n'avait pas envie de se poser ce genre de question alors elle demanda :
— Quand est-ce que mamie, Lindsey et les filles arrivent ?
— Je ne sais pas exactement. J'attends que ta grand-mère m'appelle pour me tenir au courant.
Maddie espérait qu'elles ne tarderaient pas. Elle avait hâte de les retrouver.
La voiture traversa leur quartier. Maddie perdit son regard sur le tapis de feuilles qui recouvrait les trottoirs complètement désertés. Les familles étaient certainement déjà réunies dans leurs foyers.
Maddie n'avait quitté sa ville que depuis quelques mois et pourtant, elle lui paraissait différente. Petite. Sans vie. Surtout en comparant ses rues vides à l'effervescence de son campus.
En ouvrant la porte d'entrée, elle réalisa que sa mère s'était fichue d'elle : sa grand-mère, Michelle, sa tante Lindsey ainsi que ses deux cousines June et Ava, l'attendaient dans le salon. Avec des cris de joie de part et d'autre, Maddie tomba dans les bras de chacune.
Le dîner fut joyeux, plein de rires et de bonne humeur. Maddie parla de ses cours qui la passionnaient ainsi que de son travail à la bibliothèque, ce qui intéressa beaucoup Ava, férue de lecture et impressionnée de savoir qu'on pouvait se trouver entouré de livres toute la journée.
— Je veux faire ça plus tard, asséna la fillette. Lire tout le temps.
En riant, Maddie tenta de lui expliquer que son activité ne consistait pas juste à lire, mais c'était peine perdue. Ava se projetait déjà dans une bibliothèque remplie de canapés, de BD et de gâteaux à volonté.
Maddie balaya du regard chacune des personnes présentes autour de la table et se sentit chanceuse. Elle était chez elle, entourée des gens qu'elle aimait et qui l'aimait en retour. À cet instant, elle ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Sally.
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Campus
Teen FictionMaddie quitte le lycée après une année de terminale riche en émotions. Elle espère pouvoir repartir de zéro à Felice malgré la présence de sa pire ennemie Sally dans cette même université. Mais à la fac, les cartes sont redistribuées et tout peut ar...