Les médisances m'ont profondément marquée. Mes tantes me traitaient souvent d'enfant de violeur, disant que j'étais "le fruit d'un viol," la cause de tous les tourments de ma mère et des malheurs de leur famille.
J'ai alors demandé à mes enseignants ce que signifiait "fruit d'un viol," ils m'ont répondu qu'une jolie petite fille comme moi ne devait pas prononcer de tels mots et que je comprendrais sûrement en grandissant. Mais je n'ai pas eu le temps de grandir car plus je grandissais, plus les insultes et les médisances s'intensifiaient.Très tôt, j'ai compris que je ne pouvais et ne devais pas me comparer aux enfants de mon âge. À six ans, je parcourais déjà les rues, allant de maison en maison pour vendre des mangues ou des oranges selon la saison. Mes journées étaient remplies de labeur mais je ne m'en suis jamais plainte. Pourtant, il m'arrivait d'envier les autres petites filles de mon âge qui jouaient entre elles pendant que je cherchais à vendre tous mes fruits de la journée.
Je les enviais parce qu'elles étaient insouciantes, parce qu'elles pouvaient jouer et rire sans se soucier du lendemain, mais surtout parcequ'elles étaient encore des enfants, tandis que moi, j'avais dû grandir trop vite. J'avais appris à porter le poids des responsabilités bien trop tôt, à endurer des paroles cruelles et à trouver de la force dans des situations difficiles.Je n'avais pas vraiment d'amis, ni à l'école, ni dans le quartier où nous vivions, car je n'avais pas le temps pour ces distractions. Du lundi au vendredi, je me réveillais à 6 heures, nettoyais notre petite maison de trois pièces : une chambre que je partageais avec ma mère, un petit salon composé d'un fauteuil, d'une petite télévision et de quelques décorations, et enfin une pièce où nous rangions les ustensiles de cuisine et toutes les autres babioles.
Après le nettoyage de la maison, je prenais le petit déjeuner préparé par ma mère. C'était toujours soit de la bouillie de mil, soit du quinquelibat avec du pain tartiné de mayonnaise. J'adorais particulièrement le pain à la mayonnaise, c'était un véritable régal, un petit moment de bonheur dans une journée chargée.
Ensuite, je partais à l'école, essayant de me concentrer sur les leçons malgré les soucis qui me hantaient. Le soir, je rentrais et repartais vendre mes fruits. Ma mère vendait des légumes au marché et il m'arrivait souvent de l'aider quand je finissais tôt à l'école. Nous avions notre petite routine. Ma mère me parlait rarement, les seules fois où nous échangions des phrases, c'était pour les commissions ou pour me gronder.
Cette vie était loin d'être facile. Chaque jour, je ressentais le poids des responsabilités sur mes petites épaules. Mais cette existence difficile m'a appris la valeur du travail et du sacrifice de ma mère .Ma mère est tombée enceinte à 15 ans à la suite d'un viol. Après cette nouvelle, elle a été reniée par sa famille. Mon grand-père, paix à son âme, a été tellement choqué qu'il a fait une crise cardiaque fatale. Après sa mort, la situation est devenue encore plus difficile pour ma mère, car elle était aussi accusée de la mort de son père.
Elle vient d'une famille de quatre enfants : un grand frère et deux grandes sœurs. Elle est la benjamine, et la préférée de son père. Après le décès de leur mère, ils ont été élevés par la petite sœur de leur père.Une seule personne a soutenu ma mère à cette époque : l'aînée de la famille, sa grande sœur Rabiatou, mon homonyme qui lui a proposé de venir vivre chez elle et voulait même l'aider à poursuivre ses études. Mais ma mère, par fierté, a refusé cette offre, ne voulant pas abuser de l'hospitalité de sa sœur, même si c'était sa famille.
Ma tante a joué un rôle crucial dans mon enfance. Elle m’a offert une éducation et un foyer aimant quand ma mère et moi étions les plus vulnérables. Grâce à elle, j’ai eu accès à des opportunités que je n’aurais jamais eues autrement. Elle m’a inculqué des valeurs de respect, de discipline, et de persévérance.
C'est elle qui s'est toujours occupée de moi jusqu'à notre départ de sa maison ,elle m'avait inscrite dans une école coranique et c'est elle qui m'a aussi appris à lire et à écrire très tôt.
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Dangereuse Union
Romance-Ne t'approche pas, s'il te plaît. Je te faisais tellement confiance, je croyais sincèrement que tu m'aimais, j'y ai cru. J'ai cru en nous, en ce que nous avions. Je pensais que notre relation était sincère, que nos sentiments étaient réciproques. I...