Chapitre 35

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Rabiatou

-Allô Issa, qu'est-ce qui se passe ? Tu ne viens plus ?

Il est presque 13h , le temps commence à se faire long et il n’y a toujours aucun signe de lui.
Ce matin, quand je l'ai appelé, il m'avait bien confirmé qu'il viendrait. Mais depuis il ne prenait plus mes appels et je n’ai reçu aucun message. S'il savait qu'il n'allait pas venir, il aurait au moins pu m’envoyer un message, non ? Ce n'est pas compliqué de prévenir, surtout à notre époque où il suffit d’un texto.

-Oui, bonjour Rabi, finit-il par dire. Désolé, j'étais assez occupé et je n'ai pas eu le temps de consulter mon téléphone.

Sa voix… Elle est différente. C’est léger, mais je le sens. Il a une petite voix, presque inaudible. Et ce bruit autour de lui, ce brouhaha...

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu vas bien ?

-Mon père est décédé ce matin vers 9h, lâche-t-il soudainement , je stoppe ma respiration net. Nous sommes en train de nous occuper des préparatifs pour le funéraille, c'est pourquoi je n'ai pas pu venir et je n'ai pas eu le temps de t'informer.

Le choc est instantané. Son père ?  Non, je ne m’y attendais pas du tout. Mon cœur se serre, et une profonde tristesse m'envahit pour lui. Je reste un instant figé, cherchant quoi dire. Que peut-on dire dans ces moments-là ?

Aux dernières nouvelles, son père allait très bien. C’est sa maman qui était malade, et pas qu’un peu. Son état de santé était critique pendant un bon moment. Il m’avait dit que ça allait mieux dernièrement, que sa mère récupérait peu à peu, mais la situation restait fragile. Mais jamais, à aucun moment, je n’avais pensé que ce serait son père qui partirait.

-Je suis tellement désolée, Issa… Toutes mes condoléances. Je ne sais pas quoi dire. Si tu as besoin de quoi que ce soit, vraiment n’importe quoi, n’hésite pas à me le dire, d’accord ?

C’est tout ce que je trouve à dire sur le moment. Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère qu’il comprendra que je suis là, même si les mots me manquent.

-Merci. Je te tiendrai au courant. Pour l’instant, c’est un peu difficile, mais je vais faire de mon mieux.

-Est-ce que tu sais déjà quand aura lieu l’enterrement ?

-Oui, ça sera aujourd'hui 16h, chez nous,

-D'accord, je serai là, courage.

Il raccroche après m'avoir remercié .

L'enterrement est toujours un point final brutal, où l'on se retrouve face à l’inéluctable. Voir le corps, entendre les prières, se retrouver entre amis, voisins et membres de la famille… Tous réunis dans une même douleur.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demande Hamou assis à côté de moi

-Son père est décédé ce matin, l'enterrement est prévu pour 16h aujourd'hui.

Hamou écarquille légèrement les yeux,

-Inna lillah wa inna ilayhi raji'un. Que son âme repose en paix. Il était malade ?

-Amine . Je l'ignore, je ne lui ai pas demandé.

Il acquiesce doucement, comprenant sans doute pourquoi je n'ai pas posé cette question. Dans ces moments-là, les détails semblent moins importants, et je ne voulais pas paraître insensible.

-Bien sûr, je vais t’accompagner, dit-il. Je n’ai rien d’autre à faire de toute façon.

C’est tellement soudain, tellement inattendu. La vie peut parfois être choquante. Quelques heures plus tôt, Issa était probablement dans la tranquillité de son quotidien, avec ses pensées, ses projets, ses petites habitudes. Rien ne laissait présager qu’il allait perdre son père, qu’il serait confronté à cette réalité brutale aujourd’hui.

Dangereuse UnionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant