Chapitre 8

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Nos regards restent rivés l'un à l'autre et le sien manque de me faire perdre mes moyens. Fort. Je dois rester fort. Je m'approche. Plus près. Encore plus près. Je me noie dans l'océan de ses yeux. Lorsque je l'embrasse, je le sens gémir contre ma bouche et son gémissement se répercute dans tout mon corps. Ses bras s'accrochent à mon cou, les miens enlacent sa taille et le rapprochent de moi.

Lorsqu'il s'écarte, je panique à nouveau, mais il ne me lâche pas.

-Chez moi, murmure-t-il contre mes lèvres.

Décidément, l'alcool le rend entreprenant...Je secoue la tête : je refuse de profiter de lui.

Parce que ce n'est pas ce que tu es en train de faire en ce moment ?me souffle une voix.

Elle a raison. Je devrais m'éloigner. Je devrais le laisser partir avec un autre. Mais cette simple pensée me rend dingue, je ne peux pas.

-Allez, T, me susurre Erwan à l'oreille – je tressaille. Je sais que tu en as envie...

Bien sûr que j'en ai envie, mais pas comme ça, pas dans ces conditions. Je ne l'ai jamais fait et je suis sûr qu'Erwan non plus, mais le faire comme ça, alors qu'il est ivre...c'est mal.

-S'il-te-plaît...Je te veux.

Je te veux. Je frémis à nouveau. Trois mots. Trois petits mots qui viennent de faire basculer mon univers.

Résiste ! C'est mal !

-Non, je murmure finalement. Pas comme ça, pas quand tu es dans cet état.

Les notes d'Apprendre à aimer de Florent Pagny résonnent soudain et je déglutis péniblement. Comment veulent-ils que je résiste à Erwan s'ils me mettent ce genre de musique ? Autour de nous, les gens dansent enlacés, certains s'embrassent. Je sens Erwan se coller à moi : lorsqu'il m'embrasse à son tour, mon cœur bondit et je ne peux m'empêcher de lui rendre son baiser avec une passion qui me surprend moi-même. Je le veux. Il est le seul que j'ai jamais désiré. Et ce désir vient balayer mon envie d'être raisonnable.

Dans le taxi qui nous ramène au campus, je sens Erwan poser sa tête sur mon épaule. Nos doigts s'entremêlent. Mon souffle est rapide, mon cœur bat la chamade et doit s'entendre à des kilomètres.

-Détends-toi, T, me dit-il doucement en m'embrassant les doigts.

Son contact provoque une décharge dans tout mon corps. A-t-il seulement conscience de l'effet qu'il me fait ? Je ne pense pas : s'il en avait conscience, il ne me torturerait pas ainsi.

Plus le taxi avale les kilomètres, plus je sens mon estomac se nouer et ma gorge s'assécher. Mes doigts se resserrent sur ceux d'Erwan.

C'est mal.

C'est mal.

C'est mal.

C'est mal.

-Hé.

Ses doigts sur ma joue me forcent à tourner la tête pour le regarder.

-Calme-toi. Je t'assure que tout ira bien.

Je déglutis.

-Tu l'as...Tu l'as déjà fait ?

-Non. Mais je suppose que toi...

-Non, je l'interromps aussitôt.

Je tremble. Mauvaise idée ! Très mauvaise idée !

Ma main se crispe sur celle d'Erwan lorsque nous descendons du taxi. Putain, mais pourquoi suis-je aussi faible face à lui ?

Je passe le badge sur l'interphone en tremblant et entre dans la résidence, ma main toujours unie à celle d'Erwan. Arrivé au premier étage, devant son studio, je lui fais face.

-Mon studio est juste là-bas, Erwan. Si tu préfères...

-Non, m'interrompt-il à son tour. Je veux être avec toi.

Je hoche la tête et il ouvre son studio.

Merde, mais qu'est-ce que je suis en train de faire ?


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant