Je ne veux plus jamais entendre parler de toi, T. Plus jamais.
Je sais que tu es fier ! Je sais que tu l'es !
Plus jamais.
Je sais que tu l'es !
-NON !
-T !
Je me réveille en sursaut, haletant et trempé de sueur. Erwan est à mes côtés.
-Tu es là...
-Où veux-tu que je sois ?me demande-t-il doucement.
-J'ai cru...J'ai cru que tu étais parti.
Il m'enlace et me serre contre lui, tandis que je tente vainement de reprendre mon souffle.
-Calme-toi. Je suis là, je ne partirai pas.
Je m'accroche à lui, tremblant de désespoir. Si je le perds...je ne sais pas ce qui se passera. Je crois que j'en deviendrai fou.
-Viens.
Il se lève et m'entraîne à sa suite. Il me fait asseoir à la cuisine et me sert un verre d'eau – les rôles s'inversent.
-Encore ce cauchemar ?demande soudain une voix douce.
Super...Mes hurlements ont réveillé Clara. Je hoche la tête.
-Je suis désolé de t'avoir réveillée.
-J'étais réveillée, T, ne t'inquiète pas.
A ces mots, je la regarde en même temps qu'Erwan. Il est très rare qu'elle soit réveillée avant mes cris.
-J'ai moi aussi fait un cauchemar, nous avoue-t-elle alors.
J'en demeure bouche-bée.
-A propos de lui ?
Ma bouche s'assèche lorsque je la vois hocher la tête – elle sait que je n'ai jamais pu prononcer son nom.
-J'ai rêvé...qu'il t'arrachait à moi.
Putain. Je manque m'étouffer avec ma gorgée d'eau.
Il m'appartient.
Il est à moi.
-Cette pensée me hante depuis que j'ai reçu sa lettre. Je ne parviens pas à penser à autre chose.
-Il ne le fera pas.
Je frémis lorsqu'Erwan prend la parole. Décidément, sa détermination n'a pas faibli.
-Je vais au commissariat demain soir avec Antoine. J'ai suffisamment de preuves contre lui pour le faire arrêter.
Cette fois, je m'étouffe vraiment.
-Mais putain, tu comptais me le dire quand ?je m'exclame soudain.
Il me regarde sans broncher.
-Je ne comptais pas te le dire, déclare-t-il tranquillement. Pour la simple raison que je savais comment tu réagirais.
-Quoi ? Alors, tu fais des plans avec Antoine derrière mon dos ? Et s'il se retourne contre toi ? Tu y as pensé, à ça ?
La peur qu'il lui fasse du mal et la déception qu'il m'ait caché une chose aussi grave me mettent à nouveau hors de moi.
-S'il s'en prend à toi comme il s'en est pris à moi et à Clara ? Qu'est-ce que tu feras, Erwan ?
-Il ne me touchera pas.
A ces mots, je le fusille du regard.
-Comment peux-tu en être aussi sûr ?
-Parce que je suis déjà allé chez lui et que j'en suis ressorti vivant.
-Uniquement parce que je l'ai empêché d'intervenir, Erwan, intervient Clara.
Je serre les dents. Il n'est pas question qu'il le dénonce.
-Tu n'iras pas à la police.
-Tu le protèges ?
-Quoi ? Le protéger après ce qu'il m'a fait ? Tu rêves !
-Alors, pourquoi refuses-tu que je le dénonce ?
-Parce qu'il te fera du mal ! En quelle langue faut-il que je te le dise ? He'll hurt you ! Ça va, tu comprends mieux, comme ça ?
-Je le dénoncerai, T, et tu ne m'en empêcheras pas.
-Très bien.
Sans un mot de plus, j'enfile mes chaussures et mon manteau et je pars en claquant la porte. J'ai eu ma dose d'énervement pour cette nuit. Ça lui laissera le temps de réfléchir.
