En revenant, je m'arrête devant la résidence Rude et sonne chez Antoine.
-Oui ?
-C'est T. Je peux monter ?
-Evidemment.
Il m'ouvre et je monte au quatrième étage.
-Je suis allé le voir.
J'ai parlé sans préambule sitôt la porte fermée derrière moi. Je vois Antoine écarquiller les yeux.
-Quoi ? Seul ? Tu aurais dû m'appeler !
Je secoue la tête.
-J'avais besoin de le voir seul à seul.
-Que t'a-t-il dit ?
Il m'invite à m'asseoir sur le canapé et vient s'installer près de moi.
-Beaucoup de choses, j'avoue.
Et je lui raconte tout. Il m'écoute sans m'interrompre et pousse un sifflement lorsque j'ai terminé.
-Eh bien...Je ne m'attendais pas du tout à ça. Est-ce la première fois que tu te défends ainsi ?
-Oui. Je n'avais jamais osé auparavant. J'avais trop peur de lui pour y parvenir. Mais là, je savais qu'il était enfermé, tandis que j'avais la possibilité de m'échapper. Et il y avait des gens qui surveillaient. J'étais en sécurité.
-Ce qu'il t'a dit, reprend lentement Antoine, qu'il était jaloux de toi, crois-tu que c'est vrai ?
-Je pense.
Je ferme les yeux.
-J'ai besoin d'Erwan...
A ces mots, mon ami m'enlace et me serre contre lui.
-Cette situation me tue, Antoine. Je n'y survivrai pas, c'est impossible.
-Si, tu y survivras, T. Il le faut. Pour moi. Pour Clara. Et pour Erwan. Tu peux y arriver.
-Mais Erwan n'en a plus rien à faire de moi ! Il va finir par m'oublier !
-Non ! Ne le laisse pas te rayer de sa vie ! Bats-toi et reprends-le !
Te rayer de sa vie. Ces mots me font si peur et si mal que, n'y tenant plus, je m'effondre en larmes. Je me mets à trembler, tandis qu'Antoine me serre plus fort.
-Bats-toi, T. Je t'en supplie, bats-toi.
-Je n'y arrive plus...Je ne peux plus, c'est trop dur...
A ces mots, mon ami s'écarte doucement et me regarde droit dans les yeux.
-Si tu ne le fais pas pour toi, alors fais-le pour moi, déclare-t-il soudain. Je veux que tu sois heureux. Et je sais qu'il n'y a qu'avec Erwan que tu le seras. Reprends-le. S'il-te-plaît.
Je déglutis péniblement et finis par hocher la tête.
-Dors ici cette nuit, me dit doucement Antoine. Prends mon lit, je dormirai sur la chauffeuse.
-Merci, Antoine, je murmure, les larmes aux yeux.
-Je t'en prie.
Quelques instants plus tard, allongé dans le lit de mon ami, je contemple le plafond sans parvenir à trouver le sommeil.
-Antoine ?
-Oui ?
-Comment as-tu fait pour me pardonner le jeu ?
-Tu n'es pas responsable, T, tu ne le seras jamais. C'est la faute de Doyen si tu as trahi tes partenaires et je ne lui pardonnerai jamais de t'avoir fait souffrir ainsi.