Chapitre 68

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Je le vois dès que j'arrive en classe et je comprends immédiatement. Un genou appuyé contre celui de son voisin...Des doigts qui se frôlent...Je serre les poings en m'installant près d'Antoine. Celui-ci me regarde : il a également vu la scène et comme moi, il a compris de quoi il s'agissait. Je ne suis pas stupide, après toutes ces années où il m'a fait jouer, je sais reconnaître la séduction. Il a choisi Hugo et Hugo a choisi Max. Je serre les dents : hors de question, il n'en brisera pas un autre après moi.

A la pause, je me dirige donc aussitôt vers Hugo.

-Pourquoi séduis-tu Max ?

-Doyen me l'a demandé.

Je frémis en entendant son nom. J'avais malheureusement appris, en même temps que Clara, qu'il avait été libéré de l'asile.

-Arrête, je lui dis doucement. Je t'en supplie, arrête.

Il me regarde, visiblement surpris.

-Arrêter quoi ?

-Ta séduction. Il va te faire du mal.

Je le vois écarquiller les yeux.

-Non. Non, tant que je jouerai, il ne me fera rien. Il me l'a promis.

-Il va te faire du mal, je répète. J'ai été sa pupille pendant des années, je sais de quoi il est capable. Regarde.

Je soulève ma manche et lui montre mon bras strié à jamais d'éternelles marques rouges.

-C'est lui qui t'a fait ça ?me demande Hugo, visiblement horrifié.

-Oui. Coups de ceinture. Dès que je n'arrivais pas à quitter l'un de mes partenaires, il me battait jusqu'au sang.

J'en porte encore les stigmates, tant physiques que morales. Je baisse ma manche.

-J'avais oublié. Je suis vraiment désolé...

Je souris pour le rassurer.

-Ce n'est pas grave. Mais je voulais te mettre en garde. Fais tes valises et viens au foyer. Tu y seras mieux qu'avec lui. Si tu restes, il te détruira comme il m'a détruit moi.

-Mais si je pars, il me battra, s'alarme soudain Hugo en ouvrant de grands yeux effrayés.

-Non. Pas si je suis avec toi. Je n'ai plus peur de lui. Il ne te fera pas de mal tant que je serai avec toi.

Je le vois me sourire, visiblement soulagé.

-Merci, T.

-Je t'en prie. Je suis passé par là moi aussi, je sais ce que c'est, crois-moi.

Le foyer était une idée de Clara et je l'ai aidée à concrétiser son projet. Ensemble, nous avons fondé le Foyer de la Séduction. Situé dans un hangar de Quetigny que Clara a loué et amélioré avec mon aide, ce foyer est désormais prêt à accueillir toutes ses victimes pour les sauver de ses griffes. Nous avons eu l'accord du maire de Dijon et le Foyer de la Séduction a commencé d'être actif sitôt que nous avons appris sa libération. Après tout le mal qu'il a causé, je me demande d'ailleurs pourquoi l'asile l'a libéré. Mais ce n'est pas à moi de décider de son sort...En revanche, je peux changer celui de ses victimes. Il n'est pas question qu'il fasse souffrir d'autres étudiants.

Orphelins.

Nés sous X.

Victimes de viol.

Fruits d'un viol.

Victimes d'inceste.

Fruits d'un inceste.

Il a bien choisi ses joueurs. Des garçons fragiles qui portent sur leurs épaules le fardeau d'une lourde histoire. Il va les amadouer en prétendant vouloir les sauver.

Mais je le connais. La main qui caresse vient toujours frapper ensuite.

Je ne le laisserai pas recommencer son jeu.


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant