Chapitre 14

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-La ferme !

Je sursaute. D'ailleurs, tout le monde sursaute. Ce n'est pas possible qu'il ait prononcé cette phrase. Ce n'est pas possible qu'il me protège ainsi après tout ce qui s'est passé. Le silence se fait et sa main se resserre sur la mienne. Mon cœur bat la chamade. Jamais je n'aurais imaginé Erwan dire un jour ces mots. Je le regarde : tendu, les dents serrées, il fusille mes assaillants du regard. Plus personne n'ose prendre la parole. Visiblement, ils ne s'attendaient pas non plus à ce qu'il réplique ainsi.

-Oui, vous, tous autant que vous êtes !reprend-il. Taisez-vous une bonne fois pour toutes ! Qui êtes-vous pour le juger ainsi ? Ignorez-vous donc ce qu'il a vécu ? Ne croyez-vous pas qu'il mérite votre pardon et votre pitié après ce qui lui est arrivé ? Vous le traitez de monstre ; mais vous êtres plus monstrueux que lui en lui refusant votre clémence après tout ce temps ! Oui, le temps a passé depuis qu'il vous a choisis pour son jeu, plus encore pour vous que pour moi, et pourtant, j'ai choisi de lui pardonner ! Traitez-moi de faible si vous le désirez : je sais pourtant qu'en agissant ainsi, je suis plus fort que vous tous réunis ! Pourquoi ? Parce que je ne l'ai pas abandonné malgré ce qui s'est passé ! Vous l'avez tous fui comme des lâches après avoir découvert le jeu et vous restez faibles en continuant de lui tourner le dos ! Je suis fort, parce que je reste avec lui, envers et contre tout, envers et contre vous !

Putain de bordel de merde. Erwan qui me défend ainsi, c'est juste...ouah. Je n'arrive même pas à exprimer ce que je ressens. J'en demeure bouche-bée. Interloqué. Je suis tout simplement incapable de parler. Sa main me tire derrière lui et je le suis comme un automate. Pas une seconde je n'aurais imaginé me sentir faible face à lui. Pourtant, depuis que nous nous sommes donnés l'un à l'autre, j'ai l'impression de l'être de plus en plus. C'est lui qui tient les rênes, c'est lui qui mène la danse et je le suis, en bon cheval chorégraphe et obéissant.

En arrivant devant l'enceinte de la faculté, il s'arrête et me fait face.

-Tu ne crois pas que j'en ai trop dit ?

Je souris : est-ce vraiment de cela qu'il s'inquiète, en ce moment ? Ce mec me tue. Littéralement.

-Non, tu n'en as pas trop dit, je le rassure. Merci de m'avoir défendu. A vrai dire, je suis sous le choc. Jamais je n'aurais imaginé te voir un jour parler ainsi à mes assaillants.

Il me rend mon sourire.

-Je n'en reviens pas moi-même d'avoir osé leur dire tout ça. Allez, viens, on va en cours.

Mon sourire s'élargit tandis que je le suis jusqu'à la salle de classe. Nous avons cours sur le fantastique, un cours absolument passionnant, bien que le professeur soit connu pour être sévère au niveau de la notation. Au programme : Le Horla de Maupassant et Le Tour d'Ecrou de Henry James. Si le premier livre m'est familier, le second, en revanche, m'est totalement inconnu.

-Le mot « fantastique » vient du grec phantasein qui signifie « faire voir, apparaître ».

Mon portable vibre, je le prends discrètement.

Loris : Phantasein signifie apparaître ? Erwan signifie disparaître. Fais très attention, T...


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant