Chapitre 67

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Dire que les soins d'Erwan n'ont pas été faciles est un euphémisme. Il ne supportait tellement pas d'être touché que les médecins ont été forcés de l'endormir pour l'examiner. Désormais, c'est sûr : on ne pourra plus jamais être ensemble. Car comment être ensemble sans jamais avoir aucun contact ? Oh, bien sûr, nous pourrions être amis. Pourrions. Non, je ne pourrai pas. N'être que ami avec Erwan est au-dessus de mes forces. Je suis trop amoureux de lui pour le supporter.

Que reste-t-il dans ce cas ? L'abandon. Le problème est que l'idée même de l'abandonner va m'achever à nouveau. Et cette fois, je ne sais pas si je parviendrai à me relever...

-Je suis vraiment désolé, T.

Je secoue la tête.

-C'est moi qui le suis. Si je n'avais pas brisé mes partenaires, rien ne se serait produit.

Je le regarde – je ne peux pas m'en empêcher. Ses cheveux châtains en bataille retombent encore en de longues mèches sauvages sur ses yeux d'un bleu si pur que le ciel semble pâle à côté. Il est toujours aussi beau.

-Que va-t-il lui arriver ?me demande-t-il doucement.

-A Thibault ?

-Oui.

Je frissonne.

-Il va être condamné à vingt ans de réclusion.

Je le vois frémir à son tour.

-Comment le sais-tu ?

-C'est...un policier qui me l'a dit.

Ce n'est jamais agréable d'apprendre que quelqu'un de votre âge, qui plus est que vous connaissez, va être emprisonné. Je baisse la tête.

-J'aurais dû l'être à sa place, je murmure.

-Non...

-Si. Ce qui s'est passé est entièrement ma faute.

-T, arrête, gémit-il.

Je déglutis et le regarde à nouveau.

-C'est la vérité, Erwan.

-Non. C'est à cause de Doyen que tu m'as séduit. Tout est à cause de lui. Cesse de te sentir coupable.

Je n'en reviens pas qu'il continue de me défendre.

-Tu ne supportes plus du tout le contact, n'est-ce pas ?

Je le vois secouer la tête et je prends une profonde inspiration.

-Tu as conscience de ce que ça signifie...

Il hoche la tête, les larmes aux yeux, et je dois me faire violence pour ne pas le prendre dans mes bras.

Fais-le, T. Je t'en supplie.

Putain, pourquoi est-ce que cela me revient maintenant ? Maintenant, alors que je suis en train de rompre définitivement avec Erwan ?

-T ?

-Oui ?

-J'espère vraiment que tu retrouveras quelqu'un d'autre. Quelqu'un que tu puisses aimer et toucher comme il se doit.

Comme si c'était possible...

-Ça n'arrivera pas, Erwan. C'est toi. Il n'y aura jamais que toi.

-Ne dis pas ça, gémit-il. Tu retrouveras quelqu'un d'autre et vous serez heureux ensemble.

Les larmes me montent aux yeux, je dois me faire violence pour ne pas lui prendre la main.

-Je t'assure que ça n'arrivera pas.

Le cœur lourd, je finis par le saluer et quitter la pièce.

-Je reviens te voir demain, je dis en partant.

-Merci.

Et je m'enfuis pour qu'il ne voie pas la douleur s'échapper de mes yeux.


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant