Chapitre 53

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Je suis sorti de l'hôpital et je vais mieux physiquement. Moralement, je ne peux pas en dire autant...

Tu me dégoûtes.

Pourquoi sa phrase me hante-t-elle à ce point et pourquoi me fait-elle aussi mal ? Je me demande parfois si je ne devrais pas recommencer le jeu...Mais au plus profond de moi, je sais bien que c'est impossible. Erwan est trop ancré en moi pour que je puisse trouver un autre partenaire. J'aurais l'impression de le trahir et cette idée m'est insupportable – même si lui n'a pas hésité à me trahir avec Thibault.

Mon portable sonne. Un numéro que je ne connais pas. Qu'est-ce que c'est encore ? Je réponds, méfiant.

-Allô ?

-Vous êtes T ? Le petit ami d'Erwan ?

Les mots me brûlent.

-Ex petit ami, je rectifie aussitôt.

-Je suis...

C'est une voix de femme et elle a l'air bouleversée.

-Je suis la mère d'Erwan. Mon mari est près de moi.

Putain de merde. Je retiens mon souffle.

-Je sais que vous avez énormément compté pour lui. Il tient à vous. Je vous en supplie...Sauvez-le...

Je ferme les yeux.

-Je vous le promets, madame.

Il faut que j'agisse. Allez, bouge ! Mais comment agir alors qu'il m'a clairement fait comprendre qu'il ne voulait plus de moi ? Comment agir alors que je viens à peine de me relever d'une tentative de suicide ?

Il faut que j'arrive à lui faire entendre que Thibault est dangereux.

-Depuis combien de temps n'avez-vous pas eu de ses nouvelles ?

-Erwan ne nous a jamais vraiment beaucoup parlé, m'avoue sa mère. Mais il y a environ deux jours, il nous a affirmé qu'il valait mieux, pour lui comme pour nous, que nous n'ayons plus du tout de contact. Que c'était pour son bien et que son petit ami y tenait. J'ai d'abord cru que c'était vous. Mais j'ai eu Clara au téléphone et elle m'a expliqué toute l'histoire. Je suis sincèrement désolée d'avoir douté de vous.

-Ne vous inquiétez pas. Votre réaction est normale. Mais je ferai tout ce qu'il faudra pour le sauver, vous avez ma parole.

-Je vous remercie, me répond-elle d'une voix tremblante avant de raccrocher.

Pourquoi ai-je soudain envie de hurler ? Il faut que je trouve une solution, et vite. Une preuve. Il me faut une preuve. Quelque chose de solide.

Le message de Clara m'arrête net.

Clara : Erwan vient de me supplier de ne plus le contacter.

QUOI ? Ce n'est pas possible...Erwan n'a pas pu lui dire ça à elle, merde ! Il faut que j'y aille. Que je lui parle. Il doit comprendre que Thibault est en train de l'enfermer et que ce n'est pas pour son bien.

T : Je m'en occupe.

Clara : Sois prudent.

T : Toujours.

L'immeuble de Thibault est toujours ouvert. Je grimpe les marches quatre à quatre jusqu'au troisième étage et tambourine à la porte.

-Erwan, ouvre !

-Tu es sourd ou quoi ? Je t'avais dit de ne plus venir ici !

-Que tu t'en prennes à moi, passe encore. Mais à Clara ? Comment as-tu pu ?

Ce n'est plus la douleur qui parle : c'est la colère. Colère contre Thibault et contre l'aveuglement d'Erwan.

-Elle fait partie de ta vie !me réplique-t-il aussitôt. Et je ne veux plus rien avoir à faire avec toi !

-Thibault est en train de t'enfermer ! Ouvre les yeux, merde !

-Il ne m'enferme pas. Il me protège, nuance. Il me protège de toi et de ton jeu stupide.

-Tu ne pensais pas ça quand tu me suppliais de t'ouvrir pour échapper à Loris, je rétorque.

-Thibault n'est pas comme Loris.

Non, je songe. Il est pire.

-Il t'aveugle !

-Va-t'en, T ! Je ne le répèterai pas !

Le cœur rempli de rage et de douleur, je tourne les talons.


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant