Chapitre 35

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C'est le lendemain que je m'en suis aperçu. J'ai regardé Lisa : elle l'avait remarquée en même temps que moi.

L'absence d'Erwan.

Merde, que se passe-t-il ?

Calme-toi, ce n'est sans doute rien. Il est malade. Oui, c'est ça, il est malade. Rien de grave, reste calme.

-Quelqu'un sait où est Erwan ?

-Il est malade, madame.

Je me raidis brusquement en entendant la voix qui vient de parler. Putain, comment Thibault est-il au courant ? Je serre les poings et l'envie de cogner me reprend.

Calme. Reste calme.

Je n'y parviens pas. Le fait que ce soit Thibault qui ait répondu parmi toutes les personnes me fait peur.

Le soir même, je rentre à la résidence et vais frapper au studio 107. Et j'attends.

Réponds, je t'en supplie, réponds. Insulte-moi, traite-moi de tous les noms, mais réponds.

Je frappe à nouveau.

-Erwan ?

Pas de réponse.

T : Où es-tu, Erwan ? Je t'en supplie, réponds-moi.

Toujours rien. Et lorsque je l'appelle, je n'entends qu'une sonnerie avant de tomber sur la messagerie : il a rejeté mon appel.

S'il est chez Thibault...

Je n'ai pas le choix : je dois en avoir le cœur net. L'idée même me fait trembler – de peur, de rage, je ne sais plus très bien. Mais il faut que j'y aille.

Je prends donc le tramway et descends à Darcy. Thibault habite rue de la Liberté, je me souviens sans peine du numéro et de l'étage. Je monte. Et je frappe.

-Erwan ? Tu es là ?

-Je n'y crois pas ! Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans la phrase « Dégage, T » ? Le verbe ou l'initiale ? Parce que, crois-moi, tu vas le comprendre !

La véhémence de son ton me fait frémir et me brise le cœur.

-Erwan...

-Non ! Tais-toi ! Je ne veux plus entendre un mot venant de toi ! Tu m'as brisé avec ton stupide jeu, assume les conséquences ! Tu es mauvais, T, et tu le resteras ! Mauvais, dangereux, tu es comme Doyen, voire pire et j'aurais dû le voir avant ! Dégage !

Tu es comme Doyen, voire pire. Ses mots me brisent. Incapable de lui répondre, je fais demi-tour et je pars en courant. Je cours. Sans rien voir. Sans rien entendre. Seuls les derniers mots d'Erwan cognent mon crâne.

Tu es comme Doyen, voire pire.

Il a enfin vu le monstre que j'étais. J'aurais dû en être soulagé. Hélas, il n'en est rien. Ses mots ont été pires, bien pires que ses coups.

Je cours comme un désespéré – ce que je suis actuellement – jusque chez Antoine. Je me fiche qu'il soit avec Sam, j'ai besoin de le voir. Je cours jusqu'à la résidence Rude et appuie sur l'interphone.

-Oui ?

-Antoine, c'est T. Viens me chercher...

Incapable d'achever ma phrase, je m'écroule sur le béton. Et le noir m'enveloppe.


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant