Chapitre 24

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Je lève les yeux vers lui. Est-ce qu'il vient juste de dire...qu'il porterait plainte contre lui pour moi ?

-Ne le fais pas, Erwan. Il s'en prendra à toi.

-Non, il ne me fera rien. J'ai déjà eu affaire à lui et j'en suis ressorti vivant. Je lui avais dit la dernière fois que je porterais plainte s'il ne cessait pas sa violence. Cette lettre est une preuve suffisante : si je me rends à la police avec ça, ils l'arrêteront. Et le cercle sera enfin brisé.

Il y a un silence. Est-il vraiment prêt à faire ça pour moi ?

-Te sens-tu capable de le faire, T ?

Je secoue la tête.

-Non. J'ai trop peur de lui.

-Alors, j'irai. De toute manière, j'ai gardé la lettre de Langlois.

-Tu ne me l'as jamais montrée, je lui dis soudain.

Il la sort de son sac et me la tend. Je la déplie et lis.

Monsieur l'officier de police,

J'ai l'honneur d'attirer votre attention sur la maltraitance de l'un de mes étudiants.

En conséquence, je porte plainte contre Mr Doyen, tuteur dudit étudiant, demeurant au 18 rue Aristide Briand à Chenôve.

Des personnes ont été témoins de cette violence, en l'occurrence, la totalité des élèves, enseignants et membres de l'Université de Bourgogne sise à l'Esplanade Erasme.

Je vous prie de recevoir, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.

Eric Langlois, doyen de l'université.

Eh bien...C'est en effet une preuve puissante. Et Erwan a raison : les marques de mon corps en sont également. Etant donné qu'il m'a frappé à mains nues et qu'il me maintenait fermement, je dois en plus avoir gardé la marque de ses doigts sur ma peau. Troisième preuve infaillible.

-N'y va pas, Erwan. N'y va pas, il te tuera. Je t'en supplie...

A mon grand soulagement, je le vois hocher la tête. Sans un mot de plus, je pose la lettre, ôte mon tee-shirt et m'examine dans le miroir de ma chambre. Jusqu'à ce jour, jamais je n'avais osé regarder mon corps en détail.

Mon torse, mon dos et mes bras sont striés de marques rouges et de taches rougies, bleuies et violacées. Je contemple en silence ces fleurs colorées qui ornent ma peau et je frissonne lorsque les mains d'Erwan viennent les cueillir. Je ferme les yeux et le laisse façonner son bouquet. Ses mains froides apaisent les brûlures dont je souffre encore, je me laisse aller contre lui sans un mot. Il s'allonge en m'entraînant avec lui, tandis que ses doigts continuent d'effleurer mon torse. Pas une parole n'est échangée. Ni même un baiser. Je me contente de savourer les caresses qu'il me procure, les sensations qu'elles éveillent en moi.

De la douceur.

Du calme.

Du bien-être.

Du bonheur.

Jamais encore je ne me suis senti aussi bien. Dans ses bras, je suis apaisé. Serein. Il est mon havre. Mon refuge.

Et je ne repartirai pour rien au monde.


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant