Chapitre 77

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Il me frappe. Il s'acharne. Encore. Et encore.

-Je t'avais dit de le quitter ! Je t'avais dit de m'obéir ! Et je sors de l'asile pour quoi ? Pour te retrouver avec lui ! Quitte-le ! Quitte-le !

Je hurle, tandis que la ceinture continue de cingler ma peau. Non, je ne peux pas le quitter, je ne peux pas, c'est impossible. Je viens à peine de le réhabituer à mon contact, je ne peux pas tout arrêter maintenant.

Soudain, ses doigts sont sur mes bras et me secouent. Pourquoi fait-il ça ? Il me secoue plus fort, je me débats et lui crie d'arrêter, lui hurle de me lâcher.

-T ! C'est un cauchemar, réveille-toi ! C'est moi, c'est Erwan, il faut que tu te réveilles !

Cauchemar ? Erwan ?

J'ouvre brutalement les yeux, haletant. Erwan est là, à genoux au-dessus de moi et il me tient les bras.

Une seconde. Il me tient les bras ? Sa peur du contact serait-elle partie ?

-T ?murmure-t-il. Est-ce que ça va ?

Je hoche la tête, incapable de faire le moindre geste. Et je le vois se baisser lentement...jusqu'à s'asseoir sur moi. Je reste immobile, bouche-bée, les yeux écarquillés.

-Et toi ?j'articule finalement. Tu vas bien ?

Comment voulez-vous que je parle normalement alors que nous sommes tous les deux en boxer, autant dire presque nus, et qu'il est assis sur moi ? C'est mission impossible.

-Oui. Je veux...m'y habituer. Laisse-moi faire, d'accord ?

Je hoche à nouveau la tête, attentif et curieux. Que va-t-il faire ?

Je sens sa main prendre la mienne et l'avancer lentement, très lentement jusqu'à son torse. Je retiens mon souffle, tandis que nos mains se rapprochent de plus en plus de sa peau. Et enfin, enfin, il la pose dessus. J'expire et me détends – je ne m'étais pas rendu compte à quel point j'étais resté crispé tout le long du processus.

Nos regards se croisent.

-Est-ce que ça va ?je murmure.

Il hoche la tête. Il me lâche et je laisse ma main sur son torse, craignant de briser le charme si je bouge.

-Touche-moi, me dit-il doucement.

Quoi ?

-Tu...Tu es sûr ?

-Oui. Je t'ai demandé de me séduire et le toucher fait partie de la séduction. Réhabitue-moi au contact, je t'en supplie.

Je n'arrive plus à savoir lequel de nous deux séduit l'autre. Lui en étant assis sur moi en boxer ou moi en frôlant sa jambe et en acceptant de le toucher ?

Lentement, très lentement, je soulève ma paume et descends mes doigts en effleurant son torse sans le toucher davantage. Nos yeux ne se quittent pas. Je lis dans les siens un mélange de peur et de désir, sans pour autant savoir quel sentiment l'emporte sur l'autre. Toutefois, il ne me repousse pas, ce qui est déjà un bon point. Je continue mon exploration et je le vois soudain renverser la tête en arrière en fermant les yeux. Cette fois, c'est sûr : le désir l'a emporté sur la peur. Depuis le temps que je les séduis, je sais reconnaître le plaisir physique chez les garçons que je touche. Pour la première fois depuis qu'il est sorti de chez Thibault, Erwan me désire. Me désire vraiment. J'en ai le souffle coupé.

Il rouvre les yeux et sa main vient à son tour frôler mon torse. Ma respiration s'accélère et je lutte soudain pour garder le contrôle de moi-même. Je le veux. Mais il vient à peine d'accepter mon contact. Je dois y aller doucement.

Nos regards restent accrochés l'un à l'autre, pierres de jais plongées dans une eau pure, tandis que les danseurs continuent lentement leur ballet.


Séduction Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant