Je suis réveillé par la lumière du soleil qui inonde mon visage. Je mets un moment à identifier la chambre dans laquelle je me trouve, puis je me souviens : c'est celle d'Antoine. La soirée me revient en mémoire, impossible de savoir comment je parviens à m'en souvenir avec tout ce que j'ai bu. Le Chat Noir, la musique, l'alcool, Loïc, le baiser, Antoine, la douche froide, le verre d'eau, les aspirines. Tout. Je me souviens de tout. Et merde ! J'enfouis mon visage dans mes mains et pousse un soupir de honte et de désespoir. Oui, je me souviens de tout, y compris de ma rupture avec Erwan.
La bouche pâteuse, je me lève et vais rejoindre Antoine à la cuisine.
-Tu es toujours fâché contre moi ?je demande, penaud.
-Ça dépend, me répond-il.
-De quoi ?
-De ce que tu as décidé de faire par rapport à Erwan.
Je hausse les épaules, tandis que le prénom coule comme du vinaigre sur les plaies de mon cœur.
-Je ne peux rien faire. Il m'a quitté, Antoine. C'est fini.
-Ce n'est fini que parce que tu l'as voulu, T. Tu t'es battu contre ton tuteur en restant avec moi et avec Erwan, en te laissant flageller sans jamais rien nous dire. Bats-toi. Ne laisse pas Thibault te prendre ce que tu as de plus cher.
Il nous sert deux cafés forts.
-Tu l'aimes autant que tu m'as aimé moi, voire plus. Je ne t'ai jamais vu souffrir ainsi pour un garçon. Séduis-le. Utilise ton arme fatale et montre-lui à quel point tu tiens à lui !
J'avale une gorgée de café. Séduis-le. On en revient toujours à la séduction. A croire qu'elle est la seule arme que je possède...ce qui est le cas.
Mais je ne peux pas séduire Erwan ! Il est heureux avec Thibault et je veux son bonheur.
-J'essaierai, je dis pourtant en grimaçant un sourire.
-Sage décision.
Je baisse les yeux, bois une nouvelle gorgée de café et repose doucement ma tasse.
-Antoine, je...il faut que je te dise quelque chose.
Comme si j'avais besoin de ça en ce moment...Mais je n'y tiens plus, je dois le dire à quelqu'un. J'aurais préféré le dire à Erwan, mais vu les circonstances, ce n'est peut-être pas la meilleure idée qui soit.
-Pas une déclaration d'amour, j'espère ?
Je ne peux m'empêcher de sourire à ces mots.
-T'es vraiment con !
-On ne sait jamais, me répond-il avec un sourire narquois.
Cela fait longtemps qu'Antoine et moi ne sommes plus ensemble, mais il m'a pardonné tant le jeu que la rupture et a accepté de rester mon ami. Il est même devenu mon meilleur ami et je le remercie chaque jour pour cela.
-Promets-moi de ne le dire à personne, je le supplie.
-Je te le promets, T. Tu es mon meilleur ami, non ? Tu sais que tu peux tout me dire.
J'hésite, nerveux. Les mots claquent encore dans mon esprit, je me mets à trembler. Aussitôt, je vois Antoine se lever et venir me prendre dans ses bras.
-Que t'arrive-t-il, T ? Dis-moi !
Les larmes me montent aux yeux.
-Ma mère a été violée par son frère. Mon oncle est mon père.
