Les deux semaines suivantes on me prépara à aller voir les elfes. J'appris leurs codes de royauté et leur façon de vivre, en plus des cours que me donnait mon précepteur le matin. La comtesse ne parlait plus de mes cours de combat de l'après-midi et évitais de me croiser lorsque je remontais à ma chambre pour me laver. Ces cours avec Achille portaient leurs fruits : j'étais plus forte, les muscles de mes bras, mes jambes se voyaient nettement. Nous étions moins fatigués, moins essoufflés et nous maîtrisions chaque arme à la perfection.
- Vous êtes moins forte qu'un homme princesse mais vous êtes plus petite et plus rapide, servez-vous en, me conseilla-t-il un jour.
Pour la première fois je réussis alors à battre Kinhan à l'épée. J'étais souple et rapide. Achille disait toujours que le combat est un jeu d'échec : se concentrer, attaquer, gagner. Je n'étais pas convaincue de cette comparaison mais pour une fois qu'il était philosophique.
Comme prévu Habib m'envoya une lettre afin de me tenir au courant de son voyage et des négociations pour les alliances. Voici ce qu'il m'écrivit :
Chère princesse,
Comme promis je vous envoi cette lettre pour vous informer de l'évolution de ma mission.
Je suis donc partit la semaine dernière pour trouver les Saribains réfugiés à Risseta. La route vers le Nord était plutôt tranquille et monotone. Je bavardais peu aves mes deux compagnons de voyage qui ne pensaient qu'à leurs petite vies et leur jolies personnes. En tout cas je n'hésite pas à le dire, grâce à vous, princesse, j'ai découvert le pays qui m'héberge sous un autre angle. Les routes du nord m'ont montrées de superbes paysages, car partout autour de nous il n'y avait que des vallées avec de jolies collines pleines de verdure, des champs recouvraient les pleines, des forêts aux arbres immenses abritant divers animaux, etc. Imaginez-vous ma surprise lorsqu'une biche traversa le chemin de terre juste sous mon nez, laissant derrière elle la trace de ses sabots. Toutes ces belles choses m'incitent encore plus à mener à bien ma mission.
Nous marchions jusqu'à ce que le soleil embrase le ciel de ses rayons. A ce moment-là nous montions notre campement avant la que la nuit ne s'installe.
Un soir on s'arrêta à l'auberge d'un village. C'était une petite bicoque qui ne payait pas de mine de l'extérieur mais l'intérieur était refait à neuf et toute la décoration était à la gloire de votre joli pays. Des fresques avaient été peintes sur les murs. Ces fresques racontaient l'histoire d'Ialane depuis Suzanne, votre grand-mère, jusqu'à la dernière, qui laissait encore une odeur de peinture fraîche dans l'auberge. A votre avis, princesse, que représentait la dernière peinture ? Je ne sais pas si vous avez deviné alors je préfère l'écrire. La dernière œuvre représentait notre princesse héritière bien-aimée, toujours aussi radieuse et lumineuse, et la jeune fille était entourée de son peuple fêtant son retour au palais. Cette œuvre n'est-elle pas une preuve d'amour, princesse ? Moi je pense que si. Les Ialanois vous aime et ont confiance en vous alors continuez de vous faire confiance. On croit en vous.
On reprit notre marche vers le nord dès le lendemain matin, aux aurores, et on marcha quatre jours à cheval avant d'arriver enfin à la frontière entre Risseta et Ialane. Tout au nord d'Ialane l'air commençait à se refroidir mais pas autant que lorsque l'on avançait sur les routes gelées de Risseta. Plus on s'enfonçait dans ce pays, plus nos mains bleuissaient. Notre verdoyante végétation avait laissé place à un paysage recouvert d'un épais manteau de neige blanche.
On mit seulement une journée pour aller de la frontière à la ville de mon peuple réfugié. Cette ville ressemblait à toute autre ville de Risseta, mis à part ses habitants à la peau mate.
Lorsque l'on entra dans la cité, la tenue vestimentaire de mes congénères me surpris. Jusqu'au moment où je m'aperçus qu'il faisait moins huit degrés. Il était donc normal de porter des gants et manteaux de fourrures, surtout pour les Saribains habitués à la chaleur torride. Seulement quelques courageux étaient sortis dans la ville qui était très calme.
Mes compagnons étant affamés on chercha en premier de quoi manger. On prit donc la rue principale en espérant tomber sur une auberge. C'est là que je reconnus l'enseigne d'une auberge que j'adorais en Sarib. « A table ! » était écrit en lettres rouges, comme avant. Je choisissais celui-là, heureux de revoir cette enseigne. En entrant à l'intérieur les odeurs épicées, la décoration et les quelques Saribains assis à manger me rendirent nostalgiques de mon chaud pays aux dunes de sable et aux miraculeuses oasis. On s'assit à une table puis une serveuse s'approcha pour prendre notre commande.
Sans même lever les yeux je la reconnue, cette voix veloutée que je chérissais tant en Sarib. Croyez-moi, Méridine, on oublie jamais une voix aussi douce et agréable. Mon cœur fit un bond avant que je ne la regarde pour voir son joli visage, qui n'avait pas changé, ses cheveux d'ébène, qui ondulaient sur ses frêles épaules, ses yeux noirs charbons et enfin les fines lèvres, qui me faisaient chavirer lorsqu'elle souriait. Samira.
Je levais les yeux pour revoir son joli visage, elle me reconnut aussitôt. Les retrouvailles avec mon amie furent joyeuses, je crois que cela faisais longtemps que je n'avais pas été aussi heureux. On discuta longuement de tout, de rien, de notre nouvelle vie. Je lui parlais de vous, de ma quête, de mon nouveau pays que j'aime tant. Elle nous indiqua le chemin pour rejoindre la demeure du Loup qui, selon elle, pourrait nous aider. Je vous avoue princesse que là, j'étais perdu. Qui pouvait bien se faire appeler le Loup ? J'étais sceptique, mais je faisais confiance à Samira, alors on décida, mes compagnons et moi, d'y aller. Je m'attendais à voir une magnifique maison, mais je fus déçu, lorsqu'on arriva face à une espèce de bicoque en pierre, toute défraichie.
On avançait prudemment lorsque la porte s'ouvrit sur un petit homme d'une soixantaine d'années, le crâne dégarni, il portait un veston gris plutôt chic, un pantalon de la même couleur et des chaussures à talonnettes noires, qui ne le faisaient pas beaucoup plus grand qu'1m40. Il nous toisa de ses petits yeux avant de nous dire, d'un ton grave, que sa grandeur ne pouvait nous recevoir ce jour-là. Il ajouta, d'un air agacé, que nous allions devoir revenir le lendemain. J'ai tout fait pour qu'il accepte de nous laisser entrer, lui signifiant que c'était de la plus haute importance. Malheureusement rien n'y fit, il finit par me répondre que si je voulais rencontrer ce fameux Loup, j'allais devoir être dans son assiette.
Je ne savais toujours pas qui était ce Loup mais il n'avait pas le sens de l'hospitalité. Le message était clair, nous n'étions pas les bienvenus aujourd'hui. On retourna à l'auberge pour y prendre une chambre et se reposer après notre long voyage.
Je suis en ce moment dans cette chambre à vous écrire princesse. Je vous enverrais une lettre lorsque j'aurai rencontré cet homme mystérieux qu'est le Loup.
Bien à vous, Habib
Cette lettre me rassura, Habib était en bonne santé. J'espérais que ce « Loup » pourrait nous aider et accepterai de s'allier à nous. Cet homme avait en effet l'air froid. Peut-être que ce « Loup » n'était pas aussi bien que le prétendait Samira, l'amie d'Habib. Je préférais garder espoir et chasser les mauvaises pensées, en me disant que cet homme accepterait de nous aider. En attendant, j'avais d'autres problèmes à régler, comme finir de préparer mon voyage chez les Elfides.
VOUS LISEZ
Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)
ParanormalAttaqué par un puissant sorcier noir, le petit royaume d'Ialane est menacé d'être rayé de la carte. Alors que les alliances s'avèrent être fragiles, la jeune Méridine, seule héritière du trône, s'engage dans une guerre longue et sans merci. Dans un...