Chapitre 17 (Première Partie): Drane

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- Je vois la ville à l'horizon ! avait lancé mon oncle.

Nous étions à Drane depuis une heure maintenant et nous marchions vers la ville. Nous avions d'abord aperçu le toit puis les tours du château. Ensuite, petit à petit, la ville commença à se dessiner au loin. L'annonce de notre arrivée imminente avait fait son chemin parmi notre armée et chacun pressait le pas inconsciemment.

Notre arrivée devait être la plus discrète possible, même si le mot « discrète » n'était peut-être pas le plus approprié pour une armée entière de loups, elfes, Saribains, soldats de Risseta et d'Ialane. Nous avions donc décidé d'arriver par l'entrée Nord de la ville, soit à l'opposé du champ de bataille. On s'arrêta face à la grande porte Nord de la ville fortifiée. Les guetteurs, en haut des fortifications, nous firent de grands signes manifestants leur joie de voir arriver la relève. Les énormes battants de la porte s'ouvrirent lentement pour nous laisser entrer.

Beaucoup des habitants de Drane avaient quitté la ville, les autres avaient participés à l'effort de guerre. Aussi le premier pas posé à l'intérieur des fortifications eu l'effet d'une catapulte : les soldats affluaient de partout, les habitants encore présent couraient vers nous, une véritable haie d'honneur fut créée. Les gens criaient, riaient, nous encourageaient le poing levé vers le ciel, certains jouaient des airs entraînants, joyeux souffle d'un nouvel espoir.

Je fus d'abord intimidée par tant de monde, tout cet espoir que notre arrivée renvoyait. Je tournais la tête vers la droite et vis mon oncle saluer la foule. A ma gauche Kinhan souriait aux gens, leurs faisant de petits signes de remerciement, Samira était descendue de son cheval et caressait les mains qui se tendaient vers elle. Derrière moi les Elfides faisaient apparaître des fleurs blanches dans leurs mains, signe de paix, et les jetaient à la foule. Mon regard croisa celui de Lubin, j'avais compris. Alors je me mis à imiter mes alliés, mes amis, levant les mains pour saluer la foule. Le sourire aux lèvres, rassurant le peuple, les soldats ayant vu trop de morts, trop de sang et tellement de ces choses horribles de la guerre, ces soldats à qui il fallait redonner un nouvel espoir.

Autant dire que notre entrée « discrète » était un peu loupée mais il fallait s'y attendre, malgré tout, les troupes du Destructeur étaient trop loin pour savoir ce qu'il se passait à l'intérieur de la ville. Notre arrivée remarquée s'acheva au camp de l'armée. Là, un soldat nous attendait pour m'accompagner, ainsi que les représentants des alliances, dans la tente du général Caïn. D'autres étaient chargés d'aider la nouvelle armée à s'installer, tout était parfaitement organisé et l'installation se passa à peu près correctement.

La tente du général se trouvait au centre du camp. Elle était plus grande que les autres mais restait rudimentaire. A l'intérieur se trouvait une table avec des cartes, des crayons, un verre d'eau, à moitié plein, laissé là en l'attente d'être bu. Dans un coin se trouvait une bassine et un seau d'eau, sûrement ce qui devait servir de douche puis un lit de camp avec un matelas peu épais, un duvet et quelques couvertures défaites.

Lorsqu'il me vit le général se leva de sa chaise, près de la table, et me salua :

- Princesse, vous voilà enfin. Je vous attendais avec impatience.

- Oui, me voilà général, mais je ne suis pas venue seule. Je vous présente nos alliés : les Elfides, mon oncle et ma tante, souverains de Risseta mais aussi la meute des loups, ainsi que les Saribains aujourd'hui dirigés par Samira, avais-je dit en désignant mes compagnons.

- Alors notre ennemi n'a qu'à bien se tenir, lança le général qui n'avait pas l'air aussi sûr de lui.

Chacun se vit ensuite attribué une tente où j'y déposais mes affaires. Je n'avais que quelques vêtements, mon épée, ainsi que ma tenue de guerre que l'elfe soldat m'avait offerte lors de la bataille du trône. Ma tente était composée des mêmes éléments que celles du général mis à part la paille que j'avais faite rajoutée pour que Lubin puisse dormir près de moi. La tente de Kinhan était à côté de la mienne, celle de Samira en face, tandis que mon oncle et les Elfides étaient un peu plus loin. Des toilettes improvisées avaient été fabriquées à l'entrée du camp et des tuyaux avaient été réquisitionnés pour amener de l'eau, froide, mais de l'eau propre tout de même. Je n'allais pas me plaindre, cela aurait pu être pire. Exténuée je fis une courte sieste avant le conseil de guerre organisé en fin d'après-midi dans la tente du général.

- Il est de retour...il est tout près, ma mère reprit son souffle. J'en suis sûre...je le reconnaîtrais entre mille.

- De qui parles-tu maman ?

-  Je le sens, il vient pour toi. Il sait que tu es là.

Son image frêle, squelettique, s'évanouit et sa voix faible, presque inaudible, disparue elle aussi, puis je repris mon sommeil sans rêves.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant