Un Père (deuxième partie)

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Le vent faisait ondoyer mes cheveux. Il pleuvait toujours, mais l'arbre m'abritait quelque peu. Kinhan s'assit près de moi, en silence. Je posais ma tête contre son épaule.

- Pourquoi faut-il toujours que les gens qui m'approchent se fassent tuer ?

- Méridine, ce n'est pas de ta faute.

- C'est moi qui l'ai envoyé se battre ici. Il n'a pas revu sa femme depuis des mois, et je dois lui remettre sa dernière lettre. Comment vais-je lui dire que son mari a été tué en se battant pour moi ? Comment pourrais-je affronter sa souffrance ?

Il ne me répondit pas, ce qui était pire.

- Aide-moi Kinhan..., le suppliais-je.

- Je ne sais pas Méridine. Je ne sais pas.

Il me caressa la joue tendrement.

- Tu ne me laisseras pas, hein Kinhan ? Promets-moi de ne pas mourir, s'il te plaît.

- Je te le promets, si Zynaï le veut.

Je retendais la corde de Redoutable quand mon oncle demanda à entrer. Il entra, trempé. Sa carrure imposante prenait toute la place. Il me sourit puis vint s'assoir sur ma couchette. Je lui offris une serviette pour s'essuyer le visage. Je préférais rester debout, face à lui.

- Méridine, comment fais-tu avec...heu...enfin tu comprends ?

- Je le fais, c'est tout.

- Tu me mens. Ta mère était ma sœur, nous avons le même sang, et je sais pertinemment que l'on n'apprend pas à utiliser ses pouvoirs comme ça. Ton...grand-père était un enchanteur.

- Je le sais.

- Qui t'as appris ?

- Qu'est-ce que cela change de savoir qui m'a appris ?

Il me regarda l'air préoccupé, mais changea vivement d'attitude, comme pour cacher son embarras.

- Non ça ne change rien. Cependant, nous savons tous, que si tu n'avais pas utilisé les enchantements, nous n'aurions pas tué tous les monstres et les autres archers seraient morts.

- En effet.

- Nous avons aussi tous deviné que le comte de Saraziane avait hérité des gènes sorciers de son père. Et je pense que nous avons besoin de vos pouvoirs, mais aussi de ceux de ton mentor, pour vaincre le Destructeur qui lui aussi possède ce genre de pouvoirs.

Je dû reconnaître que ce n'était pas une si mauvaise idée. C'était même une excellente idée. Otis avait dit vouloir m'aider à gagner la guerre en m'apprenant l'enchantement. Il pouvait aussi nous aider de cette manière.

Je me rendis le soir-même sous le grand arbre, pour notre rendez-vous habituel. Kinhan et Lubin m'accompagnaient. Arrivés sous l'arbre on attendit, comme toujours, que notre professeur fasse son entrée magistrale, cinq minutes après notre arrivée. C'était un principe. Tous les soirs nous avions le droit à une nouvelle arrivée grâce à la magie. Ce soir-là, il sortit de l'arbre, comme si de rien était. Il épousseta son manteau, toujours le même, de plus en plus usé, donnant l'air que celui-ci était neuf. Ensuite, il l'enleva et le jeta au pied de l'arbre. Cela valait bien la peine de l'avoir épousseter. Sous son manteau il portait un magnifique habit noir, brodé de fils noirs sur le torse. Un habit de deuil.

- L'un de vos amis est mort Otis ? demanda Kinhan.

- L'ami de la princesse aussi, remarqua-t-il d'un air énigmatique.

En effet je portais moi aussi le deuil, c'était obligé. Les broderies de ma robe partaient du bustier et s'évaporaient sous mes hanches. Mes cheveux étaient coiffés en cascades de boucles.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant