Chapitre 17 (Dernière Partie) : Drane

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 Autour de moi la bataille battait son plein. Nous avions subi des pertes mais pas autant que l'ennemi. J'entendais déjà les cris victorieux de soldats près de moi quand on vit une nouvelle armée de monstres courir pour entrer dans la bataille. Le doute s'installa en moi. Combien d'armées allaient sortir du camp adverse ?

Les loups arrivèrent alors en force. Je ressentis la détermination de Lubin ainsi que sa concentration. Les flèches des Saribains commencèrent à traverser le ciel et toutes trouvèrent un corps monstrueux où se ficher. J'admirais encore une fois l'adresse et la précision des Saribains. Dans l'art et la maîtrise de l'arc c'étaient bien eux les meilleurs. Lorsque les loups arrivèrent je sentis l'ennemi s'essouffler mais c'était sans compter l'arrivée quelques instants plus tard de leur nouvelle armée. Je sus alors qu'on était pris, nous avions perdus, il était impossible pour nous de résister à cette nouvelle attaque.

Pendant tout ce temps je n'avais cessé de faire tournoyer mon épée aux côtés des autres soldats. Un monstre arriva à ma hauteur et dans un bruit guttural tenta de me faire tomber de cheval. Je pris alors les rênes de ma monture qui fit un tour quasi parfait où je tranchais la tête de mon adversaire mais aussitôt un autre à ma droite me fonça droit dessus. Je n'eus malheureusement pas le temps de réagir, il avait déjà bondis et refermer ses bras puants de lambeaux. Je m'écrasais lourdement le dos contre le sol, bloquée par la bête au-dessus de mon corps, qui me tenait fermement. Elle ouvrit sa gueule puante, laissant échapper une bave visqueuse qui tomba sur mon visage. Ce monstre était nettement plus fort que moi et dans ma chute j'avais perdu mon épée. Je n'avais plus d'armes et plus aucune force, je voyais ma mort arrivée. J'envoyais un message télépathique à Lubin pour lui dire adieu mais c'était sans compter l'arrivée de mon oncle qui planta son arme dans le dos du monstre. Je me dégageais aussitôt remerciant Estéban de la tête et courus chercher mon épée quelques mètres plus loin.

J'attaquais à pied à présent puisque mon cheval avait tout bonnement disparu. Des cadavres des deux camps jonchaient le sol. Je marchais malgré moi sur des membres, des corps ou des visages, tout en me battant. J'essayais de ne pas y penser mais il était compliqué d'en faire abstraction. Je vis les regards horrifiés de certains morts. Derrière moi j'entendis le cri d'un soldat avant de mourir, mais aussi des appels au secours de soldats grièvement blessés. Je me rappelle encore aujourd'hui l'odeur du sang qui stagnait dans l'air tout autour de nous.

J'étais en train de me battre lorsque je sentis quelqu'un dans mon dos. C'était Kinhan. Soudain il se décolla de moi puis j'entendis sa lame s'enfoncer dans le corps de son ennemi. Le sang gicla sur mon visage tandis que je tranchais la tête du monstre qui me faisait face. Je me retournais ensuite et vis que Kinhan avait lui aussi le visage rempli de sang séché, du sang noir, celui des monstres. Mon ami était blessé à la lèvre et à la tempe. On continuait de se battre côte-côte, s'aidant mutuellement. Notre duo était extrêmement destructeur, comme si nous étions liés par le Ni'a et savions ce que l'autre allait faire. Aucun ennemi ne nous résista.

Je tournais la tête vers la ville, nous avions perdus du terrain, si ça continuait on perdait la ville. J'entendis Kinhan me crier :

Méridine ! Sauve nous !

Je savais ce qu'il voulait dire mais malheureusement je ne savais pas utiliser mes pouvoirs.

Je ne peux pas Kinhan, je ne sais pas !

Tu l'as déjà fait, essaie ! On est mort !

J'allais lui répondre quand une vive douleur à l'épaule m'obligea à lâcher mon arme. Une flèche m'avait transpercé l'épaule gauche. Je plaquais mon autre main à l'emplacement de la flèche en criant de désespoir et de douleur. Je sentis le sang, mon sang cette fois, me couler entre les doigts. Lubin ressentit la douleur en même temps que moi. Kinhan tentait de faire barrage devant moi tandis que je me relevais tant bien que mal. Un soldat Ialanois me soutint puis tira d'un coup sec sur la flèche m'arrachant en même temps un cri de douleur. Mon oncle hurla de se replier, tous les soldats se mirent alors à courir vers notre camp tandis que les flèches des Saribains volaient toujours et qu'au-dessus de nos têtes les elfes continuaient de faire sortir de terre des plantes carnivores qui dévoraient les monstres avec leurs crocs.

Kinhan me pris la main et m'emmena dans une course folle à travers la plaine tout en faisant tournoyer son arme. Lubin et Loup arrivèrent à notre hauteur. Sans hésiter je montais sur le dos musclé de Lubin et Kinhan sur celui de Loup. Je glissais mes mains dans le pelage gris du loup tout en suivant le mouvement que sa course me faisait subir. A chaque pas je ressentais la puissance de ses pattes et de son dos. A chaque foulée la douleur était plus horrible.

Au bout des quelques minutes de course dans la plaine, qui me parurent des heures entières, on arrivait à notre camp où les Saribains laçaient leurs dernières flèches.

J'avais survécu à cette bataille mais je ne m'en réjouissais pas car nous avions encore perdu du terrain.

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Et voilà ! Ce chapitre est, enfin, terminé ! La suite bientôt 

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant