Un titre

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Après m'être lavée et habillée correctement, je me rendis dans la tente de Kinhan. Il n'y était pas, son armure était toujours là où il elle était avant la bataille. Je l'effleurais du doigt. Il était impossible qu'il l'ait nettoyée si vite et aussi bien lustrée. Je compris. Il ne l'avait pas mise, il était parti se battre sans son armure. La panique m'envahie. Peut-être n'avait-il pas survécu...Je sortis aussitôt de la tente du garçon et courus dans le camp, relevant légèrement ma robe afin d'être plus libre de mes mouvements. Je baissais la tête pour ne pas tomber en posant mes pieds au mauvais endroit. Je courais si vite que je ne fis pas attention et heurtais de plein fouet mon oncle, encore sale de poussière, son armure sur le dos.

- Mais faites attention ma nièce, il pourrait vous arrivez malheur à courir comme cela, me réprimanda-t-il.

- Ne vous inquiétez pas, je ne pense pas que cela soit ici que je suis le plus en danger. Il pourrait m'arriver bien pire quand je suis dans la bataille mon oncle.

Il acquiesça, d'un air grave.

- Votre idée, avec les loups. Elle était excellente. Savourez votre première victoire votre altesse, me répondit-il, avec un signe de tête avant de s'en aller.

Je me remis à courir de plus belle jusqu'à la première infirmerie. J'entrais au milieu des blessés et des infirmières. Ce fut le même spectacle désolant de la dernière fois. Des hommes gémissant de douleur, les plaies encore fraîches et dégoulinantes de sang, l'odeur de mort. J'en fis rapidement le tour sans trouver mon ami nulle part. Personne ne fit attention à moi. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Les larmes commençaient à me monter aux yeux.

Je ressortis de l'infirmerie pour courir en rejoindre une autre. Toujours ce même spectacle qui se répétait dans chacune d'elles. Je la traversais comme la précédente, fouillant du regard chaque recoin, ouvrant chaque rideau qui séparait les blessés les uns des autres. Je vis alors Samira, assise sur une chaise, l'air exténué et la jambe droite pleine de sang.

- Samira ! criais-je.

- Chuuut ! me réprimanda une vieille infirmière à la peau ridée et au regard froid.

Je m'approchais de la jeune femme puis l'interpellai, en prenant soin de chuchoter.

- Méridine, vous allez bien ? me demanda-t-elle, visiblement soulagée de me voir en pleine forme.

- Ça va, je n'étais pas dans la bataille. Votre jambe ne vous fait pas mal ? Ce n'est pas trop grave j'espère, m'inquiétais-je, oubliant quelque peu Kinhan.

- Oh non, ce n'est rien, elle me rassura en chassant l'air d'une main. Cela saigne beaucoup mais je ne pense pas que la blessure soit profonde.

Une infirmière arriva avec un sceau d'eau, des compresses et du désinfectant. Elle nettoya la plaie de la saribaine avec l'eau, avant de la presser avec les compresses, imbibées de désinfectant.

- Ne vous inquiétez pas c'est juste une grande coupure, je vais bander votre jambe puis vous pourrez repartir. N'oubliez pas de nettoyer tous les jours avec du savon, expliqua la jeune infirmière.

Samira me prit les mains et les retourna, paumes face au ciel. Elles étaient rouges et abîmées. Mes doigts saignaient encore un peu aux plaies que la corde de mon arc m'avait infligées. Mon amie passa délicatement son doigt sur celles-ci, ce qui me fit tressaillir.

- Il faut soigner ça Méridine. Je me doutais que vous seriez blessée à cet endroit.

L'infirmière répéta les mêmes soins sur mes doigts que ceux qu'elles venaient de faire sur la jambe de mon alliée.

- Ne vous inquiétez pas à force de pratiquer le tir à l'arc, vos mains seront habituées, me rassura Samira en me montrant ses propres mains.

En effet ses doigts avaient une peau plus épaisse et plus dure à l'endroit où la corde pressait. Je me souvins qu'un jour, un groupe de musique était venu au château lors d'un bal. Il y avait un guitariste et il avait accepté de me faire essayer sa guitare. Il m'avait prise sur ses genoux, avec l'accord de ma mère, et avait posé la guitare sur les miens, ses doigts la tenant fermement. C'est à ce moment-là que j'avais remarqué sur sa main droite, avec laquelle il faisait les accords, que sa peau était différente, tout comme celle de Samira.

Soudain un gémissement rauque me fit sursauter. A ma droite un homme avait la main tranchée. Je détournais rapidement les yeux, tandis que la raison de ma présence dans cette infirmerie me revint en tête.

- Kinhan ? Vous savez où est Kinhan ? demandais-je à Samira.

- Il n'était pas à sa tente ?

-Non...seulement son armure, mais elle était propre, lui expliquais-je de nouveaux les larmes aux yeux.

Ne vous inquiétez pas. Il est peut-être à la grande infirmerie, ou bien il n'était pas encore rentré lorsque vous êtes allée voir.

J'acquiesçais en silence, lui serrant la main. Puis je repartis à toutes jambes, comme j'étais venue. Je courais de nouveau le plus vite possible, bousculant les soldats ou infirmières au passage. La grande infirmerie était à l'autre bout du camp, aussi j'arrivais devant, essoufflée par ma course folle et les pieds en feu.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant