Chapitre 5: Aux mains des mangos

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On reprit la route au petit matin. Le soleil nous caressait la peau et nous chantions la berceuse du palais royal. J'avais l'impression que tout allait s'arranger, j'allais au château et une fois là-bas je monterais une armée et irais délivrer ma mère. Malheureusement rien ne se passa comme je l'avais imaginé.

*

Ma mère, je voyais son doux visage, son sourire sucré et ses gestes tendres. Je repensais au rêve de cette nuit, sa mise en garde, sa voix avait l'air si réelle. Elle avait l'air si proche, j'avais eu l'impression de la sentir tout près de moi. Je sentais son souffle dans mes cheveux et son odeur dans mon sac de couchage.

J'étais dans mes pensées lorsqu'un cri d'attaque me fit sortir de ma torpeur. Notre petite caravane était attaquée par deux hommes, grands et costaux, un sabre dans leur main. Ils coururent vers nous et arrivèrent bien plus vite que je ne l'aurais pensé.

Le plus grand avait une barbe noire tout comme ses cheveux et ses yeux. Une cicatrice rouge lui barrait la joue droite, lui donnant un air féroce. Ses jambes étaient longues et athlétiques, chaque pas faisait saillir les muscles de ses mollets.

Le second était plus petit mais tout aussi costaud. Une cicatrice lui coupait la lèvre, l'empêchant de sourire du côté gauche. Ses sourcils étaient épais tout comme son nez et sa bouche. Tout en lui me faisait penser à un chien hargneux.

On essaya tant bien que mal de nous défendre. Habib n'eut pas le temps de sortir son arc. Nous avions été surpris par la force des deux hommes, et je dois admettre que ma maîtrise du combat au corps à corps n'était pas vraiment au point. En seulement quelques minutes on se retrouva tous les trois, pieds et mains liés sous le plancher de la roulotte, avec laquelle les bandits se déplaçaient.

La pièce était petite et pas assez haute pour qu'un enfant de dix ans se tienne debout. La roulotte brinquebalait sur la route et nous étions cahotés sous le plancher. Le seul éclairage était les rayons du soleil qui filtraient çà et là à travers les planches de bois. Je m'aperçus que nous n'étions pas seuls. D'autres avaient été faits prisonniers des deux hommes. Leur langue m'était étrangère mais Kinhan réussi à communiquer avec eux:

- Alors ?

- Ils viennent du Nord de l'Himpa.

L'Himpa était une chaîne montagneuse, extrêmement dangereuse, en Sarib. Habib ne pouvait communiquer avec eux car ils parlaient un langue propre à leur tribu.

- C'est tout ?

Je commençais à m'impatienter.

- J'ai une mauvaise nouvelle.

- ...

Je ne savais pas si je voulais connaître la suite.

- S'il te plaît ne garde pas ça pour toi. Alors ?demanda Habib.

- Nous avons été capturés par des mangos, lâchât-il.

- Des mangos ?! m'écriais-je.

- Oui, mais j'ai aussi une bonne nouvelle, ils vont à Olysie, autrement dit au palais !

- Bon, c'est déjà ça.

Au moins il fallait voir le bon côté des choses, nous allions au bon endroit.

- En plus, avec la roulotte, nous arriverons plus vite que prévu.

S'il avait fait moins sombre je suis sûre que j'aurais pu voir Kinhan sourire, heureux de sa déduction.

- Oui, mais en attendant nous sommes attachés sous le plancher d'une roulotte, dirigée par deux mangos qui font trois fois la taille de Kinhan.

Là, Habib avait raison, même si tout le monde est plus grand que lui étant donné la petite taille des Saribains. Nous étions aux mains des mangos, autant dire que nous allions être vendus comme esclaves le lendemain même, au pied de mon propre palais.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant