Chapitre 17 (Quatrième Partie): Drane

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Le cor de chasse retentit dans tout le camp. Le Destructeur n'avait pas mis longtemps à lancer son attaque, cela ne faisait pas un jour que nous étions là. Séraphine était repartie dans la nuit avec les soldats qui rentraient à Olysie. Tout le monde s'activa, les armes furent sorties en quelques minutes. Je courus à ma tente où je pris mon épée, et enfilai ma tenue de cuir. Kinhan sortit en même temps que moi de sa tente. Il avait revêtit son armure, il me regarda. Dans ses yeux je vis la même peur que celle qu'il devait voir dans les miens. Le temps s'arrêta une seconde, juste le temps d'une respiration puis tout repartit. Je traversais le camp en courant, au milieu des soldats en armure, des loups et des elfes. Je vis des Saribains monter sur leur cheval, armés de leurs arcs ainsi que toutes sortes de flèches. Arrivée au bout du camp, face à la plaine, un soldat me donna un cheval. Je montais dessus tout en gardant les yeux rivés sur la ligne noire en face. Cette ligne noire qui avançait beaucoup plus rapidement que je ne l'aurais voulue.

Derrière moi les cavaliers attendaient en rangs serrés le signal du départ. A l'autre bout du camp se trouvait le général Caïn, lui aussi les yeux rivés sur la ligne d'en face. Devant moi, à cinq cent mètres, se tenait la dernière ligne des soldats à pied, et tout devant en première ligne, mon oncle attendait le bon moment, je ne le voyais pas mais je le savais.

Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Le silence total se fit, mes oreilles bourdonnaient, mes yeux brillaient. J'y étais, je n'avais plus le choix. Je cherchais Kinhan des yeux mais ne le trouvais pas. Devant, la ligne noire avançait toujours, on distinguait maintenant les corps, sombres et répugnants, faits de lambeaux, des monstres du Destructeur. On entendait leurs cris inhumains et effrayants traverser la plaine. Mais un cri guerrier couvrit tous les leurs, un cri annonçant le début, ce cri qui en fit jaillir pleins d'autres parmi les soldats en première ligne, ce cri qui déclencha notre attaque. Juste devant moi je vis les soldats courir vers la bataille, lances épées et boucliers en avant. Les armes de glaces des soldats de mon oncle, luisaient sous le soleil. Durant quelques minutes on n'entendit plus que les pas des soldats courant vers l'ennemi, ces quelques minutes où nous ne devions pas bouger et regarder nos camarades se lancer dans la gueule du loup. Puis retentit le choc, ce moment où les deux armées se rencontrent, ce moment où les boucliers se mettent en place et les épées en avant commencent à s'entrechoquées.

Devant mes yeux se déroulait le début de l'attaque, je voyais les soldats se battre, je les voyais tombés, je les voyais mourir. Mon cœur battait de plus en plus fort, j'avais l'impression qu'il allait exploser, mon estomac était retourné, j'eus l'envie de vomir.

De l'autre côté du camp le général se prépara à lancer l'attaque. Nous devions contourner le tas pour arriver sur les côtés. Je me préparais à mon tour, je savais ce que je devais faire. Je posais ma main tremblante sur le pommeau froid de mon épée. Au même moment j'entendis Lubin par télépathie :

- Ce sont les plus grands guerriers qui ont le plus peur avant la bataille.

- On verra si je survis à celle-ci.

Tout en sortant mon épée de son fourreau je me rappelais les paroles de ma mère dans une de ses apparitions : « Continue de te battre, j'ai confiance en toi Méridine ». Je me souvins aussi de mon amie de prison, morte lors de ma première bataille, « J'ai foi en vous Méridine, Zynaï vous protège. » avait-elle dit, juste avant de mourir. Mais aussi ma dernière conversation avec Loup où il m'avait comparé aux flammes : « Magnifique, subjuguant et attirant mais une force de la nature, une puissance destructrice, cachée derrière une grande beauté. ».

- Je levais mon épée vers le ciel, vers Zynaï, puis l'abaissait face à l'horizon en criant :

- Cavaliers ! A l'attaque !!!

J'éperonnais ma monture qui partit sans attendre au grand galop suivit par les autres cavaliers. De l'autre côté le général avait lui aussi lancé le départ. Je décrivis un arc de cercle pour attaquer les côtés. Je sentais le vent siffler dans mes oreilles et mes cheveux, je n'entendais que mon cœur battre dans ma poitrine et les sabots de mon cheval martelant le sol avec force. Nous étions en plein galop quand les elfes décolèrent du camp et commencèrent à attaquer et disperser les lignes adverses. L'ennemi subit un bon nombre de pertes dans cette attaque et se dispersa.

C'est dans ce désordre total que l'on arriva, moi et mes cavaliers. On entra au cœur de la bataille. Je ne pensais plus qu'à me battre. Mon épée tranchait, voltigeait et s'enfonçait dans les chairs des monstres pour tuer. Du sang noir maculait mon épée, à côté de moi un cavalier tomba à terre et un monstre se jeta à la gorge du pauvre homme. Je détournais les yeux horrifiée par ce spectacle et regardais le ciel traverser de sorts lancés par les elfes. Un monstre tenta de m'attaquer mais je ripostais aussitôt et lui plantait mon arme dans son crâne sans hésiter.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant