La Délicate et la Redoutable

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- Votre altesse ! m'interpella un elfe au teint gris, un soldat.

Je me retournais pour me retrouver face à l'elfe qui venait de me rejoindre. Il avait l'air jeune, comme la plupart de ses congénères, mais avec cependant quelques ridules autour des yeux. Il portait une armure légère et usée ce qui m'étonna. Je n'avais jamais vu aucun elfe avec une armure aussi usagée. Tous se fabriquaient une nouvelle armure dès que la leur avait servi. D'ailleurs, les autres soldats les jalousaient à cause de leurs armures, rutilantes comme au premier jour.

- Que puis-je faire pour vous lui demandais-je, gentiment.

Lubin se tenait à côté de moi.

- Son armure est très usée pour un elfe, me dit-il par télépathie.

- Je confirme, c'est étrange.

Pendant cette discussion silencieuse le soldat répondit à ma question :

- On m'a demandé de fabriquer cet arc pour la Délicate et la Redoutable, votre altesse.

Il me tendit un magnifique arc, fabriqué dans la même matière bleutée que le château des Elfides. Je le pris dans mes mains et passait mes doigts sur la matière sculptée. Une rose, aux pétales d'une finesse incroyable, se trouvait au centre de l'arc, tandis que des deux côtés de la rose partaient des flammes fines mais qu'on devinait tout de même pleines de force.

- Qui sont la Délicate et la Redoutable ? demandais-je intriguée et admirative du travail de cet elfe.

- Je ne sais pas votre altesse. On m'a juste dit de sculpter cet arc pour la Délicate et la Redoutable sans aucune indication de plus et c'est lorsque j'eus fini qu'on me demanda de vous l'offrir.

- Qui vous l'a demandé ?

- Je ne sais pas non plus, on m'a donné ces instructions sur des parchemins, qui ont été chacun planté par une flèche les pieds ma couchette l'un après l'autre.

J'acquiesçais tout en contemplant l'arc. Qui pouvait avoir demandé de construire cet arc pour moi ?

- Samira, me souffla Lubin.

- Sûrement...

Je remerciais de tout cœur l'elfe, tout en le félicitant pour son travail, que je qualifiais d'extraordinaire. On le regarda s'éloigner tranquillement. Son armure m'intriguait toujours autant, aussi je me promis de lui demander pourquoi il ne la renouvelait pas, comme le faisaient les autres elfes.

L'elfe soldat avait à peine disparu que je me tournais vers Lubin. Nos yeux se croisèrent. Il hocha imperceptiblement la tête, en un regard nous nous étions compris. Je me félicitais intérieurement d'avoir accepté le Ni 'a, je découvrais chaque jour une nouvelle complicité avec Lubin. Je détestais de plus en plus qu'il soit loin de moi sans qu'il m'ait dit où il était. Dès qu'il réapparaissait, je sentais instantanément le vide se combler.

On marcha jusqu'à la tente de Samira, tout en évitant les soldats qui s'entraînaient, ceux qui se défiais pour passer le temps et ceux qui couraient dans tout le camp, pour trouver quelqu'un qui veuille bien leur forger une nouvelle arme. Arrivés devant la tente de la Saribaine j'entrais sans ménagement, comme elle le faisait pour me réveiller.

En me voyant entrer la jeune femme leva la tête pour me regarder. Elle était assise sur un tabouret, ses cheveux détachés, une brosse dans la main droite, un miroir de poche dans la main gauche. Je ne dis rien. Pendant quelques secondes je restai à la contempler, ses cheveux noirs ondulés, formaient comme un halo autour de son visage. Puis je fermais la tente laissant Lubin à l'extérieur. Elle se leva lentement et me sourit. La clarté extérieure ne filtrait pas et nous étions dans une pénombre que Samira rendait chaude et rassurante.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant