La Délicate et la Redoutable (3)

10 3 6
                                    

Les attaques des elfes inondaient toujours la plaine quand les archers à cheval se replièrent, suivis des soldats à dos de loups. Maintenant c'était à nous d'entrer dans la bataille. Je jetais un coup d'œil furtif sur les soldats qui devaient m'accompagner dans cette attaque. Puis je levais mon bras droit, point serré, haut dans le ciel :

- Pour Ialane ! hurlais-je.

Aussitôt les quinze loups se mirent à courir vers l'ennemi. Mon arc et mon carquois en travers du corps, je m'accrochais aux poils argentés de Lubin. Le vent sifflait à mes oreilles et rentraient dans mes yeux. De petites larmes se mirent à couler sur mes joues.

Plus nous nous rapprochions, plus les bruits de la bataille s'intensifiaient. Au-dessus de nos têtes les elfes attaquaient toujours. Devant nous apparut un énorme rhinocéros, créé par six elfes. Il écrasa plusieurs monstres sur son passage avant de disparaître en des milliers de minuscules feuilles.

C'est à ce moment-là que l'on arriva dans le cœur du combat. Je lâchais le pelage de Lubin, qui ralentit, pour dégainer Redoutable. Je tirai une première flèche de mon carquois, tendis la corde avant de tirer dans ce qui devait être l'œil d'un monstre. La flèche lui transperça la tête et il tomba à la renverse dans un dernier râle. Je ne m'attardais pas sur ma première victime et tirais d'autres flèches sans plus attendre. Toutes firent mouche. Au bout d'une vingtaine de flèches je vis que les monstres commençaient à se replier. Je regardais autour de moi pendant quelques secondes. Alors que nous étions en train de tirer nos flèches, les loups avaient reproduis le même schéma qu'avec le cerf dans l'arène. Nous formions un arc de cercle dont Lubin et moi étions le centre. Tout en continuant de tirer mes flèches je vis de chaque côtés deux loups empêcher l'ennemi de s'enfuir sur les côtés. Puis petit à petit on forma un cercle parfait autour de nos victimes.

Les monstres se regroupèrent au centre du cercle. Ils n'attaquaient plus et observaient. Seuls les cris gutturaux des monstres brisaient le silence. Les quatorze autres archers avaient les yeux rivés sur moi. D'un signe de tête je leur indiquai d'armer leurs arcs. Ils tendirent tous en même temps.

- Tirez !

Les flèches sifflèrent dans le vent elles atteignirent toutes un monstre. Cependant je m'aperçus rapidement que notre attaque n'avait pas été assez puissante, les ennemis étaient seulement blessés. Soudain leur regard changea, je ne vis plus de peur dans leurs yeux. Il devint presque moqueur. Mon mal de crâne avait disparu, mon visage était un masque de détermination et certainement de rage dû à mon envie de vengeance, mais mon cerveau était en ébullition. Si je ne réagissais pas rapidement, ils n'hésiteraient pas à nous tuer.

Je tentais le tout pour le tout et descendis de Lubin :

- Le cerf accepte la mort, dis-je à Lubin.

Il comprit. Aussitôt il sauta sur les monstres et en un quart de secondes les quatorze autres loups fondirent eux-aussi sur les bêtes, crocs en avant.

- A vos arcs ! criais-je. Tendez !...Tirez !

Les flèches se mirent à pleuvoir au centre du cercle que nous formions, tandis que les loups sautaient à la gorge des monstres. A nouveau les soldats armèrent leurs arcs. D'un coup d'œil je jaugeais la situation. Nos flèches empoisonnées n'agissaient pas assez vite et les monstres justes blessés pouvaient encore nous atteindre.

Je sentis la nature emplir mon corps et sans réfléchir j'invoquais le feu. Aussitôt toutes les flèches prirent feu.

- Tirez !

Les monstres touchés par ces flèches hurlèrent et se débâtir contre cette force de la nature qu'ils essayaient d'éteindre en vain. Je recommençais l'opération plusieurs fois. Chaque monstre touché se désintéressait aussitôt de nous.

Nous tendions à nouveau nos arcs lorsque deux monstres sortirent de la bataille qui se jouait au centre pour venir nous attaquer. Mon cœur ne fit qu'un bond, aussitôt je fermais les yeux. Quand je les rouvris les deux monstres avaient disparus enveloppés par la terre. Je croisais le regard des archers, médusés. La voix de Lubin retentit dans ma tête :

- Ne vous préoccupez pas de ces soldats et sauvez-nous, vous pouvez le faire.

- Je peux essayer, mais écartez-vous du centre. Espérons qu'ils ne soient pas trop rapides.

J'avais à peine fini ma phrase que Lubin sorti du combat en courant, aussitôt imité par les autres loups. Sans plus attendre j'usais de mon pouvoir contre les monstres, qui ne comprirent pas ce qu'il se passait. D'abord la terre se mit à trembler de plus en plus fort. Je vis les regards apeurés des monstres mais aussi ceux des archers.

- Ne bougez pas ! leur hurlais-je, faites-moi confiance !

Ensuite le feu jaillit de nulle part au centre du cercle que nous formions. Les flammes étaient denses et rougeoyantes. Les monstres, léchez par les flammes, ne pouvaient plus s'échapper. La terre tremblante les empêchait de sortir du brasier. Le feu crépitait tandis que les bêtes hurlaient de douleur et de désespoir.

Je remontais sur le dos de Lubin sans un mot puis on repartit vers le camp. Je ne voulais pas voir ces horribles monstres mourir. Leur mort ne me soulageait même pas. Quand on arriva au camp le feu cessa. Nous avions tués tous les monstres.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant