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   Je fus réveillée par la lumière du soleil qui filtrait à travers le feuillage des arbres. J'avais très mal dormi, à cause de ma mauvaise posture, et de ma douleur au bras. Mais... pouvait-on ressentir le mal d'une blessure que l'on avait eue lors d'un rêve ? Ou alors n'était-ce pas un rêve...? La jeune femme ténébreuse qui m'avait entaillé le bras existait-elle vraiment ou sortait-elle tout droit de mon imagination ?

Je portai mon regard à mon membre endolori et ce que j'y aperçus me confirma que je n'avais pas rêvé. J'avais une horrible blessure rougeâtre sur l'avant-bras. Malgré le sang, on pouvait distinguer des lettres gravées dans ma peau : PeV. Cette inscription m'intrigua beaucoup. Que signifiait PeV ? Quel était le rapport avec cette femme, cette...Cornelia ? Ces inscriptions m'aiderait-elles à découvrir qui elle était ?

  Je ris nerveusement. Non, bien sûr que non. Elle n'était qu'une image dans ma tête. Sûrement de vieilles peurs enfantines qui resurgissaient au moment où j'étais le plus attaquable.

  Mais cette inscription dans ma peau était pourtant bel et bien là. Je ne savais plus quoi penser.

Je tentai de me lever, mais fus prise de vertiges et me rassis immédiatement. À en croire la grosse tâche pourpre qui stagnait sur le banc, je devais avoir perdu pas mal de sang.

  Je regardai ma montre. Il était 6h42. Je décidai de rentrer chez moi pour me laver et me changer.

  Alors que je sortais les clefs de ma poche, je remarquai que mon sac était adossé à la porte. Nola était vraiment adorable. Elle m'avait ramené mes affaires car je n'étais pas revenue. Ceci me rappela ce qui s'était passé la veille. Ma gorge se serra et j'en eus les larmes aux yeux.

  Si quelqu'un voyait une adolescente pleurer en regardant son sac, il la prendrait sûrement pour une folle. Je ravalai mes larmes et souris légèrement à cette pensée.

  Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule. J'eus un hoquet de surprise et fis volte-face. Une jeune femme se trouvait là, me souriant. Je la dévisageai de la tête aux pieds. Ses traits étaient délicats, son visage rassurant. Ses cheveux blonds étaient rassemblés en un chignon coiffé-décoiffé. Elle était habillée simplement; un jean et un chemisier rose pâle.

« Axelle, c'est ça ? » me demanda-t-elle avec un fort accent des pays de l'Est.

« - Oui... dis-je timidement.

- Comme tu le sais...tes parents...

- Sont morts. »

Elle sembla impressionnée.

« Oui...ils sont morts. Donc, comme tu es mineure, tu ne peux pas vivre seule. Ma collègue et moi sommes des assistantes sociales. »

Elle me désigna une voiture grise garée non loin. À l'intérieur se trouvait une autre femme.

« Nous allons t'emmener dans un centre d'accueil où tu logeras quelques jours, puis nous t'enverrons chez un membre de ta famille. Tu as une tante qui habite dans le nord, il me semble. Tu iras sûrement chez elle... Mais nous verrons ça plus tard ! Je te laisse une heure pour te doucher et rassembler quelques affaires et ensuite nous irons à ton centre d'hébergement. Pas contre, autant te prévenir tout de suite, tu iras en cours cet après-midi ! »

Alors que j'entrais dans la maison, je me souvins d'un détail...

« Oh heu, madame ! J'ai...une blessure, dis-je en montrant mon bras. »

Elle fronça ses sourcils parfaitement épilés.

« Oh ! C'est pas beau à voir ! On verra ça après ta douche... Appelle-moi quand tu auras fini. Et au fait, moi c'est Ana ! finit-elle avec un sourire maternel. »

  Après m'être rapidement douchée, j'appelai Ana. Elle appliqua de l'antiseptique sur ma blessure et y posa un bandage. Alors que je m'apprêtai à sortir de la salle de bain, elle m'interpela.

« - Oh, Axelle...

- Oui ?

- Tu pourras en parler au psychologue. »

Je la regardai sans comprendre. Elle me désigna ma blessure d'un mouvement de tête.

« - Au psychologue ?

- Oui, tu sais, une personne qui t'écoute... »

Je la coupai et ris nerveusement.

« - Oui je sais ce qu'est un psy, merci. Mais comment ça en parler à un psychologue ? Je vais être suivie ?

- Écoute Axelle, tu viens de perdre tes parents, je sais que ce n'est pas facile. Et même si je trouve que tu as l'air de pas si mal le vivre - contrairement à d'autres je veux dire -, en parler pourrait te faire le plus grand bien, crois-moi. »

Je m'apprêtai à protester mais me ravisai. Ça ne servait à rien de discuter, je savais qu'au final je n'aurais pas le choix.
Elle se leva énergiquement.

« Allez miss, c'est l'heure de partir. »

  Je choisis une tenue légère mais avec des manches longues pour cacher le bandage et suivit Ana jusqu'à sa voiture.

  Le siège en cuir du véhicule étant très confortable, je m'assoupis presque immédiatement après que l'on ait démarré.

· • ·

Ana me réveilla en me secouant légèrement.

« Axelle, on est arrivées. »

Je souris à l'entente de son accent. Je le trouvais très charmant.

  Le centre n'était vraiment pas très luxueux. Ma chambre, une pièce minuscule et sombre, était composée en tout et pour tout d'un lit et d'une armoire. Une toute petite lucarne y apportait une faible lumière. À cette heure le centre était désert, les résidents étaient tous en cours.

  Je mangeai en compagnie de Béatrice, la deuxième assistante sociale, puis elle me raccompagna au lycée.

· • ·

  Depuis que j'étais revenue en cours, tout le monde me lançait des coups d'œil inquiets, comme si, à tout moment, je pouvais exploser. Je le remarquai mais les ignoraient, préférant écouter le prof.

Il faisait vraiment chaud pour un mois de mai, et, machinalement, je relevai mes manches. Alors que j'écrivais, je me rendis compte tout à coup que l'on voyait mon bandage. Je sursautai et remis mes manches rapidement.

  Je regardai autour de moi pour vérifier que personne n'avait vu, lorsque je vis Nola, la bouche légèrement entrouverte et les yeux figés sur mon bras, une expression à la fois surprise et affolée sur le visage.

MirlewnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant