· • 17 • · ✅

112 21 9
                                    

  La vie suivit son cours, sans qu'aucun épisode particulier ne vienne la perturber. Ce calme me paraissait presque trop plat, après la succession incessante des épisodes des derniers jours. Je soupçonnais une tempête de ne pas tarder à arriver, ce qui m'empêchait de profiter pleinement de ce repos qui m'était accordé.

  Arzun était toujours bienveillant, s'inquiétant sans cesse de mon confort. Sa présence m'apaisait beaucoup, j'aimais me sentir au centre de son attention. Leoris, quant à lui, ne me parlait plus avec agressivité. En fait, il ne me parlait tout simplement plus du tout. Il paraissait me fuir comme la peste. Il ne semblait pas en colère ; on aurait plutôt dit qu'il craignait quelque chose. Jalilia faisait tout pour créer un climat chaleureux. Toujours enjouée, elle se donnait du mal pour qu'une bonne ambiance règne.

  Cependant, depuis la veille, une certaine tension était palpable, en particulier entre Amadeo et Leoris. Peut-être finalement que ce dernier n'était pas désagréable qu'avec moi ? J'avais effectivement entendu, assez souvent, des éclats de voix et des échos de disputes, sans que je ne connaisse pour autant les raisons de ces malentendus.

  Une fois de plus, j'entendis des voix parler à un volume sonore élevé. Je m'approchai discrètement pour enfin comprendre la raison de la dispute. La porte de la bibliothèque était entrouverte et il était clair que les voix venaient de là :

« - ...sait rien ! C'est possible, et je me méfie. Tu devrais en faire de même,  Amadeo ! Rappelle-toi la dernière fois... Elle est capable de tout.

- Tu t'inventes des choses. Nous avons réussi, c'est tout !

- Oui, on a réussi, mais c'était beaucoup trop simple !

- Arrête Leoris, tu deviens paranoïaque !

- Non, je... ». Il stoppa net et s'approcha lentement de la porte. 

  Il resta là sans bouger un certain temps, et finit par fermer le battant. De la discussion qui suivit, je n'entendis que quelques bribes telles que "trop facile...contrôlé...déjà agit...solution...". J'étais curieuse de savoir de quoi ils parlaient précisément, mais je ne voyais pas de quelle manière je pourrais en apprendre plus. Je me décidai finalement à retourner dans ma chambre.

  Je me tournai, m'apprêtant à y aller et sursautai. Jalilia se tenait devant moi, droite comme un i. Je rougis et partis en direction de ma chambre. Elle me suivit du regard mais ne dit rien. Dans mon dos, je sentais encore son regard posé sur moi. Puis j'entendis toquer et une porte s'ouvrit. Des chuchotements me parvinrent aux oreilles et me je retournai. Je croisai alors le regard perçant et glacial de Leoris, et un frisson me parcourut.

· • ·

« - À table ! »

  Je finis rapidement de me brosser les cheveux et descendis pour aller manger.

  Lorsque j'ouvris la porte de la cuisine, mon sang se glaça dans mes veines. Amadeo et Arzun étaient ligotés et Jalilia était retenue prisonnière, un couteau sur la gorge, dans ses bras. Les bras de Leoris !

  Un petit rire nerveux sortit de ma gorge.

« - Leoris, t-tu fais quoi là ? »

- Ça se voit pas, peut-être ?

- Leoris, je... rigole pas !

- Ça tombe bien. Moi non plus. On est d'accord au moins sur une chose.

- A-arrête cette blague, c'est vraiment pas drôle.

- Mais c'est pas censé te faire rire ! Tu vois cette lame ? »

MirlewnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant