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   Une femme vêtue de noir était penchée sur moi, un rictus maléfique collé à ses lèvres. Ses longs cheveux noirs me frôlaient la peau, me faisant frissonner. Son regard était sombre, pénétrant. J'avais l'impression que ses pupilles me transperçaient de part et d'autres, qu'elles laissaient des traces indélébiles sur chacune des parcelles de ma peau qu'elles rencontraient.

« Si tu ne te rends pas, nous irons la chercher. Et tu souffriras, puisque vous êtes liés... Alors fais bien ton choix : soit tu me suis, soit tu souffres. N'oublie pas qu'elle en subira les conséquences. »

  Sa voix était à la fois mielleuse et glaciale. Elle semblait se prêter au jeu de la séduction, tout en me menaçant. J'eus un haut-le-cœur. La seule pensée de sa chair contre la mienne me répugnait.

  Une peur indescriptible m'envahit. Je ne connaissais pas cette femme mais pourtant je ressentais envers elle une haine profonde. Je ne comprenais pas pourquoi.

En guise de menace, et comme pour affirmer mes ressentis, une lame de poignard apparut dans mon champ de vision. La femme cessa soudain de se concentrer sur mon visage et porta son attention ailleurs. Ses yeux faisaient des allers-retours entre mon bras et l'arme qu'elle tenait à la main. Je paniquai en voyant son regard rempli de haine, de malice et d'envie.

  Puis je sentis une douleur atroce sur mon bras gauche, comme si quelqu'un essayait de m'arracher la peau. Je sentis les fibres de mon épiderme céder unes à unes sous la pression du métal. Mes yeux se remplirent de larmes. La douleur était insoutenable.

  Elle me regardait avec insistance, comme réclamant mes cris de douleur. J'avais mal, mais je ne pouvais lui donner satisfaction. Je tentai d'intérioriser ma souffrance, de l'enfouir au plus profond de mon être. Je ne voulais pas voir un sourire triomphant naître sur ses lèvres.

  Je pensai à l'Autre. Elle souffrait le martyre par ma faute. J'avais un moyen d'empêcher cela, mais je ne pouvais m'y employer.

« Alors comme ça, tu renonces à la protéger. Oh, après tout, une de plus, une de moins... Tu n'es pas à ça près ! »

  Je ne pus empêcher la crispation soudaine que ses paroles engendrèrent sur tout mon corps. Elle le remarqua.

  Je ne la regardais pas. Ma tête était tournée vers le côté, mon regard cherchait un échappatoire, loin. Je fixai un point invisible. Ma vue était toujours brouillée par les larmes, qui restaient coincées sans s'écouler.

« Ou peut-être que tu as peur de ne pas y arriver. Oui, ça doit être ça. Tu as peur d'échouer cette fois, comme tu l'as déjà fait par le passé. »

  Je tâchai de créer une barrière dans mon esprit afin que ses paroles ne puissent atteindre mon cerveau. Mais cette barricade virtuelle ne résista pas face à ses mots tranchants. Malgré moi, ils s'insinuèrent dans ma tête, infiltrant chaque méninge une à une, se répandant comme un poison. Mes souvenirs resurgirent tous brusquement.

  J'aperçus de nouveau cette vision que j'avais mis tant de temps à isoler dans un coin de ma tête, dans l'espoir de ne plus jamais avoir à faire à elle. Son corps, que la vie venait de quitter, posé à même le sol. Ces yeux que je ne verrai plus jamais s'ouvrir, ces lèvres que je ne verrai plus jamais sourire.

« Et souviens-toi : personne ne peut triompher contre la toute-puissante Cornelia. »

MirlewnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant