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- Nestor !

Un homme apparut.

- Vous m'avez appelé, ma Dame ?

Cornelia lui lança un regard mauvais et il se reprit :

- Bien sûr que vous m'avez appelé, ma Dame ! Que dois-je faire ?

- Emmène-la !

- Très bien.

Elle haussa les sourcils et l'homme se corrigea de nouveau :

- Enfin je voulais dire... Très bien, ma Dame.

- Tu as encore beaucoup à apprendre, Nestor.

- Bien s...

- Assez parlé ! le coupa-t-elle. Emmène-la.

Il me prit brutalement le bras.

- Nestor ?

Il s'arrêta et se retourna vers cette femme qu'on appelait aussi la Dame de Pique, tellement elle était sombre et puissante.

- Une dernière chose... Met-la dans la chambre, bien sûr ! Il ne faudrait qu'elle ne veuille plus jamais revenir chez moi ! rit-elle méchamment.

***

Nestor me conduisit une fois de plus jusqu'à la chambre dans laquelle j'avais déjà dormi lors de ma dernière visite. Le grand lit à baldaquin était toujours coincé dans une niche creusée dans le mur et le paravent qui le séparait du reste de la pièce n'avait lui non plus pas changé de place. Il y avait encore le chandelier et le petit bureau en bois foncé. Rien n'avait changé. Cette pièce paraissait sortir d'une autre époque sans pour autant en être inconfortable. L'homme repartit, me laissant seule. N'ayant rien à faire, je m'allongeai.

***

J'étais à demi endormie lorsqu'une personne entra dans la chambre.

- Ma Dame veut vous voir.

- Tu peux me tutoyer Matt, tu sais. Mais laisse-moi dormir ! répondis-je, toute endormie.

- Qui est "Matt" !?

J'ouvrai les yeux, cette fois complètement réveillée, et les écarquillai. Ce n'était non pas ma Paire qui se tenait là, comme je l'avais cru dans mon sommeil, mais Nestor.

- Ma Dame veut vous voir, répéta-t-il. Vous devez vous lever.

Trop abasourdie pour obéir, je ne me levai pas. Il s'impatienta, m'agrippa plus que fermement les bras, me souleva et me mit sur pieds. Je me dégageai et lui lançai un regard noir tout en frottant mes membres endoloris. Il reprit mon bras et sortit de la pièce.

La "Toute-Puissante" nous attendait, assise confortablement dans un immense siège.

Nestor s'approcha de "sa Dame" et lui chuchota quelques mots à l'oreille.

- Nestor ! dit-elle en serrant les dents pour contenir sa rage.

- Ou...oui ? demanda-t-il, inquiet. Ma Dame, s'empressa-t-il de rajouter.

- Imbécile ! Je sais déjà qu'un de ses complices s'appelle "Matt" ! explosa-t-elle. C'est même...sa chère Paire ! continua-t-elle d'une voix mielleuse. Mais bref, assez parlé.

Devant le manque de réaction de son homme de main, la Dame de Pique se racla bruyamment la gorge.

- Oui, ma Dame ?

Elle souffla pour montrer son agacement.

- Tu peux disposer, Nestor !

- Bien, ma Dame.

Alors qu'il partait, elle dit tout bas, plutôt pour elle-même que pour moi :

- Quel imbécile celui-là ! Je me demande pourquoi je le garde !

Elle continua plus fort d'une voix doucereuse :

- Je t'ai fait venir, ma chère, pour parler. J'ai...quelques petites questions à te poser.

"Ma chère" ! Pff ! On n'était pas vraiment copines, à ce que je sache ! Si ?

- Je suis d'accord avec toi ! Nous ne sommes pas copines, mais...nous nous connaissons quand même !

Devant ma tête étonnée - quelle tête je devais avoir ! -, elle rit de bon cœur - si seulement elle en avait un ! -, ravie de l'effet qu'elle me faisait.

- Effectivement, ta tête est assez comique à voir ! Et en ce qui concerne mon cœur, et bien j'en ai un ! Il est peut-être en pierre, mais, j'en ai un ! Sinon je ne pourrais pas vivre hahaha !

Je ne cachai pas ma conviction :

-Ha. Ha.

Elle lisait donc dans les pensées ? Cela allait me poser problème. Il fallait donc que je bloque mes pensées...ou que je ne penses plus ?

- Oui, je suis télépathe ! Tu vois ça comme un problème ? Ce n'est pas mon avis ! En fait, ça ne me dérange pas vraiment, au contraire !

Oui, bon, j'avouais que ça pouvait être cool de lire dans les pensées des autres, mais quand on devenait non pas le 'lecteur' mais le 'lu', ça devenait vite agaçant.

- Tu as raison, ça peut être d'une grande utilité !

Et voilà qu'elle remettait ça !

- Si tu veux mon avis...

Non !

- C'est pas grave ! Je disais : si tu veux mon avis, tu subiras ça souvent ! A chaque je serais près de toi, en fait !

Elle soupira et redevint la vrai Cornelia, celle que tout le monde craignait. Toute ombre de sourire se dissipa sur son visage.

- Bon, assez rit ! Parlons plus sérieusement. Tes parents, tes chers parents sont morts, d'après ce qu'on m'a dit ?

- C'est pas tout nouveau, dis-je entre mes dents. Elle avait le don de parler des choses les plus délicates.

- Oh ! Je suis vraiment, vraiment navrée, hum hum...

Soudain une idée me vint...

- Vous voulez dire...que mes parents sont "morts"...comme Margot ?

- Oh, non ! Ça n'a rien à voir !

Tout espoir de revoir un jour mes parents et mon frère se dissipa à cet instant, en même temps que cette phrase qui paraîtrait si banale à une personne extérieure à cette conversation.

- Ils sont bien morts, je te le confirme...

MirlewnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant