- Bien... Dans quelques jours peut être... Bien sûr, dis lui que tu viens de ma part.
Callen répondait avec son même ton monocorde et froid. Luna qui venait de sortir de la douche l'écoutait de la porte du salon avant de faire demi tour pour se perdre dans le grand appartement. Cet endroit était aussi glacé que Callen, il ne comportait ni photo ni aucun signe qui aurait pû faire penser qu'il ne vivait pas dans un catalogue d'aménagement. Tout était si ... impersonnel.
- Tu es réveillée.
- On dirait, lança la jeune femme avec méfiance en le défiant du regard.
- Cet après-midi je dois aller à un rendez-vous, je te dépose chez toi ?
Elle répondit par un bref hochement de tête sans le lacher des yeux. Il paraissait encore plus étrange que d'habitude, comme si cela était seulement possible. Un léger sourire s'étira la commissure des lèvres de Callen lorsqu'il se rendit compte qu'elle portait son jogging et un de ses sweats.
- J'ai pris ça au hasard, répondit-elle à sa question silencieuse.
Elle sentait cette tension étrange qu'il y avait entre eux, à moins qu'elle n'émane de Callen, impossible à dire. Mais Luna ne cessait de la sentir, elle était quasi palpable.
Quelques heures plus tard Nina vint frapper à la porte de la chambre de la jeune femme pour la prévenir que Callen allait partir. Après l'avoir remercié Luna retourna au salon où Callen l'attendait, assis dans un fauteuil, jouant avec ses clés.
- Enfin !, glissa-t-il en se levant pour rejoindre l'entrée avec Luna sur les talons.
Dans l'ascenseur ils restèrent silencieux. Une fois dans le parking Callen se dirigea vers une porsche noire. Il ouvrit la portière à Luna qui rejoignit le siège passager avant de faire le tour du véhicule pour s'asseoir derrière le volant. Le moteur ronronna quelques secondes lorsqu'il mit le contact avant que la voiture ne se mette en route. Luna laissa sa tête reposer sur la vitre, les yeux rivés sur la route.
- Ça ira ?
- Tu t'inquiéte pour moi maintenant, répliqua-t-elle avec suffisance.
- Excuse moi de t'aider !
Luna se tourna vers lui pour voir ses doigts figés autour du volant et ses lèvres pincées.
- Je t'aurais bien sauté au cou pour te remercié mais quelque chose me retient.
D'un coup de volant Callen gara la voiture sur le bord de la route.
- Luna je ne veux pas encore me disputer avec toi, alors parfois tu peux juste être reconnaissante et ...
- Vu ce que je fais pour toi je refuse d'être reconnaissante !
Il s'apprêta à répondre mais la sonnerie de son téléphone les coupa.
- Oui, répondit Callen qui avait activé le haut parleur.
- Hey Cal', dis-moi tu aurais pas un truc pour aromatiser l'enterrement de vie de garçon de mon cousin, un truc plus cool qu'un amuse bouche !
- Ros, tu es sur haut-parleur. Et je me charge de ça pour toi.
- Ah désolé Cal', d'autant plus que te connaissant tu es en galante compagnie. Bon on se tiens au courant, amuse-toi bien.
Les derniers mots firent lever les yeux de Luna au ciel, cet homme était définitivement un goujat. Callen raccrocha avant de jeter un coup d'oeil oblique à sa compagne qui paraissait terriblement agacée. Il hésita entre l'ignorer et la brimer ou simplement s'excuser. Ne réussissant à choisir entre les deux options il demeura figé dans le silence, tentant de concentrer ses pensées sur la route.
- Tu couches avec les filles qui travaillent pour toi ?, demanda Luna qui ne pouvait plus museler sa curiosité.
- Oui.
Il n'avait répondu qu'après un moment, n'étant pas sûr qu'il était prudent de le faire.
- Souvent ?
- Assez.
- Tu les payes ?
- Est-ce bien nécessaire ?, demanda-t-il en arquant un sourcil.
Sans répondre, Luna détourna son regard de lui, pourquoi lui posait-elle autant de questions.
Quelques minutes plus tard ils s'arrêtèrent chez elle, à son plus grand soulagement. Alors qu'elle commençait à remonter la ruelle, Luna remarqua Callen derrière elle.
- Tu ne vas pas entrer !
- Je t'accompagne, c'est non négociable.
Ils s'affrontèrent silencieusement du regard. Luna finit par céder, espérant ainsi plus rapidement se débarasser de cet homme. Ils montèrent les escaliers qui menaient dans le petit appartement de Laura. "Rien avoir avec celui de Callen'' pensa la jeune femme. Pourtant elle devait lutter chaque jour pour garder ce logement, handicapée par des finances trop fragiles. Lorsqu'elle ouvrit la porte et traversa le salon-cuisine-chambre à grandes emjambées pour rejoindre la chambre de son père. Elle le retrouva endormis sur son lit devant un écran toujours allumé. Doucement, Luna s'assit sur le bord du lit, fixant cet homme qu'elle aimait tant.
- Louise, soupira-t-il en ouvrant difficilement les yeux.
- Oui papa, je suis rentrée. Tu devrais te rendormir tu as l'air épuisé.
Il lui adressa un sourire affectueux et protecteur dont lui seul avait le secret et qui pouvait, en une seconde, calmer le plus indomptable dragon.
- Bonjour jeune homme.
- Monsieur, répondit poliment Callen d'un signe de tête.
Luna lui jeta un regard foudroyant avant d'embrasser son père sur le front et de réajuster la couverture.
Une fois dans la pièce d'à côté elle tentait de dominer sa colère.
- Tu n'as pas le droit de lui adresser la parole !, fulmina-t-elle.
- Je n'ai fais que le saluer.
- Non ! Lui c'est un homme honnête, il ne traîne pas dans nos histoires crasseuses alors je t'interdis de lui parler !
- Quoi ? Tu es encore en plein Oedipe ma petite Louise ?, répliqua Callen avec suffisance.
Hors d'elle Luna le gifla si fort que chacun de ses doigts étaient imprimés sur la joue de son interlocuteur. Ce dernier serrait les poings à s'en briser les phalanges, poussé à bout par le comportement de sa compagne.
- Cet homme s'est saigné pour moi, il m'a tout donné, alors je t'interdis parler de lui ainsi ! Maintenant dégage, tu n'as plus rien à faire ici.
En un éclair Callen la plaqua contre la cuisinière derrière elle. Il avait conscience que la pression qu'il faisait peser sur les avant-bras frêles de la jeune femme devait lui être à peine supportable mais il ne pouvait se contenir.
- Alors si tu veux qui lui ai encore du respect pour toi, siffla-t-il en insistant sur "lui", je te conseille de te montrer bien plus aimable.
Si Luna ne répondit pas, Callen remarqua tout le défis qu'elle réunissait dans un regard. Dans une lenteur calculer il la libéra avant de se diriger vers la sortie.
- Et je veux te voir ce soir à l'hôtel, ajouta-t-il avant de claquer la porte.
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Les vices du plaisir
RomanceCe monde. Ce monde d'argent et de plaisir, c'est, depuis deux ans celui de Luna. Une prostitué, une escorte, son emploi a de nombreux noms mais la même forme. Elle vend du plaisir à l'état le plus pur. Aucun homme ne lui résiste et pourtant une part...