Chapitre 11

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Le hall était étrangement calme en ce début de soirée, le brouhaha habituel ne résonnait pas noyé dans une musique assourdissante. Quelques filles attendaient sagement assises sur un divan, discutant calmement. Quelque chose se préparait, Luna en était persuadée. Elle apperçut Laurence en pleine discution avec un jeune homme noir, un port de tête altier et une grâce inconnue dans chacun de ses gestes. Laurence ordonna à la nouvelle venue de se changer. Elle rejoignit le reste des filles qui pour la plupart ne lui adressait plus la parole depuis qu'elles avaient appris qu'elle voyait le frère de la patronne.

Enfin Laurence s'approcha d'elles, présentant une à une chacun des filles. L'homme que Luna avait vu précédemment les détaillait longuement d'un regard franc et sûr. Mais qu'est-ce-que Laurence pouvait bien avoir derrière la tête ?

Après quelques minutes il désigna trois filles, dont Luna, qui durent rejoindre l'étage alors que les autres furent tranquillement relâchée.

Alors qu'elles rejoingnaient l'escalier Luna remarqua que Callen venait d'entrer et ne put s'empêcher de croiser son regard glacé. Quelques minutes plus tard elle se retrouvait seule comme chacune des filles dans une chambre vide.

Elle attendit. Longtemps, très longtemps. Si longtemps qu'elle hésita à sortir mais devina que ce serait l'excuse parfaite pour que Laurence la malmène encore plus. Enfin la porte s'ouvrit sur le jeune homme qu'elle avait vu plus tôt. Celui-ci entra et referma la porte derrière lui avant de sortir un cigare de sa veste pour se le coincer entre les lèvres une fois allumé. Il la détailla longuement de haut en bas, comme s'il cherchait quelque chose.

- Vous êtes Luna c'est ça ?

Cette dernière répondit d'un signe de tête.

- Vous savez pourquoi je suis là ? Je cherche des filles pour mon établissement.

Luna le fixa avec méfiance, que ceci voulait-il signifier ?

***

Callen avait apperçu Luna mais se refusait à la moindre intervention. La peur qu'il avait dans ses yeux lorsqu'ils étaient dans cette chambre l'en avait complétement découragé.

Étrangement tout semblait vide, prit d'un silence qu'on ne trouvait qu'en journée. Il retrouva sa sœur au bar, un cocktail entre les mains.

- Je peux savoir pourquoi il n'y a personne ?

- Un invité de marque, répondit-elle simplement.

- Qui ?

- Un brésilien.

Callen la dévisagea longuement, son instinct lui soutenait que quelque chose n'allait pas. Il fixa un moment les filles assises sur le divan qui semblaient en pleine discution.

- Qu'est-ce-que tu ne me dis pas ?

- Oh, ne me dis pas que tu ne me fait plus confiance mon frère chéri.

- Répond, grinça-t-il.

- Il vient voir si quelque chose l'intéresse, lança-t-elle avec lassitude.

Callen mit une minute à comprendre, hors de lui il gravit les marches quatre à quatre et ouvrit chaque porte de l'étage pour retrouver Luna. Enfin il la trouva debout face à un homme qui le dévisageait sans comprendre.

- Dégage, ordonna Callen à l'intention de l'étranger.

- Pardon ?

- Je t'ai dis de ta casser de chez moi, vite, barre-toi !

En pleine incompréhension l'homme finit par sortir de la chambre. Callen le fusillait du regard jusqu'à ce qu'il eut totalement disparu avant de se tourner face à Luna, immobile devant lui.

Cette scène ressemblait étrangement à celle de la chambre. Il ne savait pas si il devait dire quoi que ce soit et finit par choisir de partir. Alors qu'il tournait les talons il sentit une main le retenir.

- Pourquoi tu as fais ça ?, demanda Luna.

- Je protége mes investissements, tu le sais bien, répliqua-t-il en tournants les talons.

"Bien sûr", pensa Luna avec mépris. Elle ne supportait pas qu'il la traite comme un objet, comme si il avait absolument tous les droits sur elle. Il ignorait à quel point elle était forte, à quel point il lui avait été difficile de se battre, seule, coontre sa dépendance mais elle y était arrivée. Et Callen osait la traiter comme ça. Luna fulminait, cet homme la mettait littéralement hors d'elle. Lorsqu'elle redescendit la jeune femme retrouva Laurence au pied de l'escalier, qui la dévisageait froidement. "Ça doit être de famille" se trouva-t-elle à penser.

- Tu couches avec mon frère ?, demanda-t-elle de but en blanc.

- Même pas, et ce n'est pas vraiment dans mes projets.

Les deux femmes se toisèrent un moment.

- Ne t'inflitre pas dans ma famille, j'ai l'habitude des salopes comme toi, je t'ai à l'œil, grogna Laurence avant de tourner les talons.

***

Ray fixait son frère depuis de longues minutes, profondement affecté par l'humeur de ce dernier. Callen n'avait pas décroché un mot lors de cette soirée qui se voulait familiale organisée par leur sœur. Depuis des jours Ray voulait lui poser la question qui lui brûlait les lèvres mais il n'avait pas trouvé le moment opportunt. Ils venaient de finir de dîner et restaient silencieusement assis face à l'âtre crépitant. Laurence traversa la pièce annonçant qu'elle allait se doucher, laissant les deux hommes seuls. Ray la suivit des yeux avant de reporter son regard sur Callen, éternellement immobile devant lui.

- Qu'est-ce-qu'il s'est passé entre Luna et toi ?, demanda-t-il enfin.

Lentement Callen leva les yeux vers lui avant de porter son verre à ses lèvres dans un geste mesuré.

- Rien.

- "Rien", tu pense sincérement que ça va suffir ? C'est la première fille que tu emmêne avec toi chez nous et tu pense que je vais ne satisfaire d'un simple "rien" ?

- Pense ce que tu veux ...

Un silence pesant retomba entre eux. Callen était décidé de ne pas parler de la jeune femme, il ne le ferait pas.

- Tu couches avec elle ?

La question de Ray surpris son frère au point de lui faire tourner la tête vers lui.

- Je n'ai jamais couché avec elle, articula-t-il en appuyant chaque mot.

- Pourquoi ? Tu avais l'air d'en mourir d'envie et il te suffit de lui ordonner pour qu'elle écarte les cuisses, serais-tu soudainement saisis par le remord de tes activités ?

- Tais-toi, tu ne comprends absolument rien, répliqua séchement Callen.

- Ou ... tu es amoureux d'elle, lança fiérement Ray.

- Arrête avec tes conneries !, s'emporta Callen avant de se lever pour quitter la pièce loin de l'inquisition de son frère.

Ray le regardait partir les lèvres pincées avant de choisir de lui-même rejoindre la chambre du manoir loin d'être satisfait du comportement de son frère.

Les vices du plaisirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant