Les vices du plaisir

Chapitre 16

Les roues d'une voiture crissèrent au bout de l'allée qui menait dans la maison de la famille de Callen. Ray desendit et entra à la recherche de son frère qui l'avait contacté plus tôt. Il essayait de le cacher autant que possible mais il était inquiet pour lui.

Il apperçut Callen qui s'acharnait à coup de fléchette sur une cible contre le mur. Ray approcha doucement et observa un instant l'homme torturé qu'il avait devant lui. Personne n'aurait envié la situation de son frère avec qui la vie s'était déjà montrée cruelle. Il y avait tant de colère retenu dans ses jets que Ray imaginait très bien que Callen n'allait définitivement pas bien.

- Tu vas continuer à m'analyser ou te décider à sortir de ta cachette, lança l'intéressé entre deux lancers.

Ray soupira face au ton sec et aggressif de son frère mais s'approcha néanmoins de lui.

- Bon tu m'as appelé je suis là, ça fait deux jours que tu as disparu, j'ai eu peur pour toi !

- J'ai besoin que tu t'occupe de Luna, elle reste ici jusqu'à ce que son père aille mieux.

- Mais ça ne marche pas comme ça Cal ! Je dois travailler, je ne suis pas une nourrice ! Elle a besoin de ton soutient en ce moment, pas du mien.

- Elle a peur de moi ! Avoue Ray il y a de quoi être dégoûté quand on me regarde ! Elle ne veut pas de moi, elle n'a pas besoin de moi, hurla Callen qui avait lancé aussi fort que possible ses fléches contre le mur.

Ray comprit immédiatement la situation, son frère ne supportait pas d'être rejeté, ça lui faisait même peur. Et indéniablement Luna avait commis cette erreur et l'avait blessé, vraiment. Il aurait aimé que son frère lui raconte les évènements mais il le connaissait trop bien pour savoir qu'il ne le ferait pas.

- Respire, lança doucement le jeune homme en saisissant les épaules de son frère. Écoute moi, cette jeune femme t'apprécie beaucoup mais tu ne peux pas la blâmer de ne pas réussir à t'accepter : des hommes se servent d'elle comme objet sexuel depuis trop longtemps. Alors oui bien sûr, c'est très difficile pour elle d'imaginer que tu ne veux pas juste la payer pour une prestation. J'ai confiance en toi Cal', tu es quelqu'un de bien, tu saura prendre soin d'elle.

Lorsqu'il sentit que la tension de son frère s'était dissipé.

- Mais qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?, souffla Callen en levant les yeux.

- Tu vas aller la voir et tu vas lui parler, tu vas lui dire ce que tu as besoin de lui dire et essayer de la comprendre.

Ray lui offrit une dernière accolade fraternelle avant de l'abandonner pour retourner en ville. Il ne pouvait s'empêcher de croiser les doigts espérant plus que tout que cette histoire ne dérappe pas.

***

Callen attendait depuis près d'une heure la sortie de Luna. En une heure il avait eu le temps de tourner une centaine de scenarios différents dans son esprit dont la fin était presque toujours tragique. Après tout Ray ne la connaissait pas, et si toute cette histoire n'était qu'une très mauvaise idée. Et s'il se trompait ? L'estomac noué et les mains moîtes il l'apperçut enfin qui se dirigeait vers l'Audi. Luna monta sans un mot, dans une atmosphère déjà lourde. Après quelques secondes Callen démarra et s'engagea sur la route. Aucun d'eux n'était prêt à se jeter dans une conversation.

Quelques minutes plus tard le moteur s'arrêta dans la vielle cours d'un bâtiment du bourg du village. Luna descendit sans broncher, bien qu'étonnée par leur destination. Ils entrèrent dans la vieille bâtisse pour se retrouver dans une immense pièce remplit d'un merveilleux fumé mêlé aux voix des clients. Une jeune femme apparut devant eux avec un sourire radieux et sauta au cou de Callen.