Chapitre 8

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Il était beaucoup trop tard, ou bien trop tôt. Callen s'était personnellement chargé de rendre cette journée interminable, ce qu'il avait bien sûr réussis.

Noyée dans son manteau, Luna rentrait chez elle à grandes enjambées dans le dédale de ruelles qui menaient à son immeuble. Il lui restait deux heures avant de devoir se rendre dans son lycée. En hâte, la jeune femme disparut sous la douche avant de se changer pour préparer le petit déjeuné et les repas de son père. Dès que tout fut en ordre elle arma on sac sur son épaule pour descendre les marches quatre à quatre et arriver tout juste à avoir son autobus. Une heure plus tard elle était devant sa salle de classe, relisant rapidement des cours auxquels elle n'avait bien sûr pu jeter un oeil. Comme à son habitude elle était la première et regardait chaque nouvel arrivant gratifier son ami d'une tape amicale alors qu'elle se contentait de rester assise, invisible à leur yeux. La cloche sonna, signal qu'ils devaient entrer dans la salle. La journée fut longue, terriblement longue, et tout ça n'était que la faute de Callen ! Il avait tout fait pour lui pourrir la vie. Elle espérait que ce soir elle pourrait se soustraire à venir à l'hôtel mais elle n'était pas dupe, maintenant qu'elle s'était mis Callen à dos, ces moments lui seraient bien plus insupportables encore.

- Mademoiselle ! Mademoiselle !

Luna sursauta, tendue à l'extréme. En un regard elle découvrir la salle vide et son enseignant debout à ses côtés. "C'est pas vrai ...", gronda une voix.

- Excusez-moi, je ... enfin c'est ..., balbutia-t-elle face à son regard franc.

- Cette situation n'est pas possible. D'ailleur j'ai appelé chez vous il y a deux jours et votre père m'a assuré que vous êtiez à un tournois d'echec organisé par l'établissement.

Les yeux en soucoupe Luna faillit s'étouffer. Elle avait besoin de tout sauf qu'un prof un peu trop zélé vienne mettre son nez dans sa vie.

- Qu'est-ce-que vous voulez ?, grinça-t-elle méfiante.

- Simplement vous aider, il est clair que vous avez un probléme et quelqu'il soit il est possible de vous aider à vous en sortir, vous devez en parler.

La jeune femme n'avait pas remarqué ses propres mains tremblantes et son regard brûlant. Elle ne savait pas quoi faire, pas quoi répondre, "À mes heures perdues je me prostitue. " , comme si elle pouvait expliquer une nouvelle pareille. En hâte, elle acheva de ranger ses affaires totalement déboussolée.

- Écoutez je veux simplement vous aider.

- Alors laissez-moi, répliqua-t-elle du tac au tac.

Avec rapidité il bloqua son sac, l'obligeant à venir chercher son regard inquisiteur.

- Je suis sérieux, vous devez vous faire aider.

- Merci beaucoup mais je suis loin de tenir à la compassion d'un fonctionnaire qui souhaite se dire que les gens ont plus de problèmes que lui. Alors je vais vous demander de me lacher et de me laisser sortir d'ici.

Un ange passa alors que son interlocuteur recevait un à un chacun de ses mots. Soudainement, comme si le sac était devenu brûlant il se retira et fit quelques pas en arrière. Sans hésiter Luna gagna la porte avant d'entendre dans son dos :

- Je ne veux pas vous faire peur, mais sachez que quelque soit le guêpier dans lequel vous êtes tombée, des gens sont près à vous en faire sortir. Parlez-en à votre famille ...

***

Assise dans le bus qui la déposait devant l'hôtel Luna était encore boulversée par les mots qu'elle avait échangé avec son enseignant. Il avait propulsé des centaines de questions en elle. Bien sûr elle préférait mourir plutôt que d'en parler à son père mais pouvait-elle trouver la moindre solution ? L'arrivé de son arrêt la sortie de ses pensées.

Les vices du plaisirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant