Chapitre 7

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Je me figeai, le souffle coupé, les yeux écarquillés. Sa langue s'insinua d'autorité entre mes lèvres, trouva la mienne.

Grisée de plaisir, le cœur affolé, je fermai les yeux et agrippai de mes mains le col de son blouson. Je laissai ma langue s'enrouler autour de la sienne et le goûter avidement. Sa dextérité m'étourdissait, je perdais pied, plongée dans un monde de sensations enivrantes.

Ses lèvres bougèrent, il s'interrompit pour changer d'angle, puis sa langue reprit notre ballet enfiévré. L'une de ses mains s'accrocha dans mes cheveux, tandis que l'autre descendait dans mon dos pour mieux me plaquer contre lui – je sentis nettement la bosse de son entrejambe.

Les joues en feu, je l'embrassai en y mettant tout mon cœur, toute mon âme, son souffle chaud balayant ma joue, sa respiration saccadée répondant à la mienne. Je mordillai sa lèvre inférieure, il répliqua par un grognement sauvage avant de revenir à l'assaut. Je gémis de plaisir, fondant complètement entre ses bras puissants et impérieux. Il aspira ma langue, la mordilla légèrement. Je l'agrippai de plus bel, ivre de son odeur, de sa chaleur.

Il finit par s'interrompre, à bout de souffle, haletant.

― Viens, souffla-t-il, sa bouche contre la mienne.

― Hein... ?

― Viens, chez moi on sera tranquilles.

Une alarme résonna dans ma tête. La panique m'envahit, je me raidis.

― Euh, non, désolée...

― Quoi... ?

Il s'éloigna légèrement, me dévisagea, reprenant son souffle.

― Euh, je ne préfère pas...

― Pourquoi ?

Je me détournai, terriblement gênée.

― C'est à cause de mon frère, c'est ça ? Il y a quelque chose entre vous ?

― Mais non ! Il n'y a rien du tout ! C'est juste que... ça va trop vite.

Maël continua à me dévisager, immobile. Je levai les yeux vers lui, ne sachant comment exprimer la panique qui venait de m'envahir.

― Trop vite ? Pourquoi trop vite ?

― Eh bien, c'est tout ça...

― Tu ne veux plus ?

― Je ne sais pas... S'il te plait, ramène-moi au campus.

Je préférai mettre un terme à cette scène mortifiante. Il fallait que je prenne du recul, que je comprenne ce qui me bloquait, alors même que je le désirais comme jamais.

Maël n'insista pas. Il prit le chemin du retour vers le parking sans un regard de plus, comme blessé, drapé dans sa dignité. Il me ramena en moto à la fac où ma voiture m'attendait. Pour le trajet, je posai seulement mes mains sur sa taille, et cette fois il ne fit rien pour raffermir ma prise. Quand je descendis et lui rendis son casque, son visage resta fermé, sans expression.

― Désolée, vraiment...

― Pas grave. À plus.

Il disparut sans un signe, dans le vrombissement d'une moto qui s'éloigne.

 Je rejoignis ma voiture dans un état second, avançant mécaniquement. J'ouvris ma portière, m'assis à ma place, mais renonçai à mettre le contact. Je ne pouvais pas conduire tant que mon esprit battait la campagne. Je l'avais rembarré sans être fichue de lui expliquer pourquoi ! Je ne savais même pas s'il accepterait de me revoir, après ce fiasco. Son orgueil de mâle devait en avoir pris un coup.

J'avais pourtant une envie dévorante de lui, de ses bras autour de moi, de sa peau contre la mienne, de son... Hum. Jamais aucun homme ne m'avait fait perdre la tête comme ces quelques minutes passées entre ses bras. Mes lèvres me brûlaient encore de son baiser enflammé. Mais j'avais eu le sentiment soudain, à son empressement, qu'il me considérait comme un simple plan cul, une nana avec qui coucher pour passer un bon moment. Or moi, j'en voulais plus. Je voulais apprendre à mieux le connaître, je voulais faire durer un peul'attente !

***

Je passai le week-end suivant chez mes parents, à les aider au jardin et aux menus travaux que mon père entreprenait régulièrement dans le pavillon. Je n'avais pas appelé Yann, vendredi. J'avais besoin d'avoir l'esprit libre, or cette histoire avec Maël accaparait toujours mes pensées. Je me voyais mal affronter Yann dans ces conditions. Au fait, j'ai revu ton frère, tu sais, celui que tu détestes ? Il a voulu coucher avec moi mais je l'ai envoyé promener !

D'ailleurs, pas une fois ce dernier ne me contacta du week-end. Après tout, il connaissait mon mail, maintenant... Même occupée à de menues tâches, je repensais à chaque parole échangée, aux rires partagés, aux regards complices. Il me manquait terriblement... La nuit, je me touchais en pensant à lui. Je rêvais de sa peau contre moi, de son corps sur le mien. Cet état de manque de pouvait pas durer, j'allais devenir dingue !

Le dimanche soir, en rentrant chez moi, je décidai de passer à l'offensive. Même si je craignais une rebuffade, il fallait que j'essaie. Bon, cela dit, je n'allais pas non plus le supplier pour qu'il daigne me revoir ! Armée de ma dignité et de ma fierté dans chaque main, j'attrapai mon portable.

Hum. Courageuse mais pas téméraire, je choisis plutôt de lui envoyer un sms – timide, moi ?? Je pris le paquet de cigarettes posé sur ma table basse et entrai les numéros inscrits. Puis :

[Salut, c'est Céline. Est-ce que ça te dirait qu'on se revoie ? À plus.]

Simple, bref, digne.

Ma fierté et ma dignité ne valurent plus grand-chose l'instant d'après, quand je commençai à tourner en rond dans mes 20m2 en attendant fébrilement une réponse. Et s'il ne répondait pas ? S'il répondait, mais me disait d'aller me faire voir ? Si ce n'était pas le bon numéro ?

Cinq longues et stressantes minutes s'écoulèrent avant que la sonnerie annonçant un message retentisse. Je déverrouillai vivement l'écran et affichai le message, d'un numéro inconnu.

[Oui, bien sûr ! Je suis désolé pour l'autre fois. Où ? Quand ?]

Un poids énorme se retira soudainement de ma poitrine. Je restai immobile un long moment, des papillons plein les yeux, à savourer mon soulagement...

[Demain soir ? Je finis à 19h30. Tu sais où me trouver...]

Ah, ces fameux trois petits points et leur mystère ! Ils montraient que j'étais ouverte à la discussion, et plus si affinité ! Je verrai bien le moment venu dans quel état d'esprit il serait. Je lui devais quand même des explications pour l'avoir embrassée aussi ardemment, puis avoir tout arrêté brusquement...

Sonnerie de portable.

[Ok ça roule, à demain ma belle !]

Je regardai ma montre : encore 24 longues heures avant de le retrouver...

Aimer, rire... survivre (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant