Chapitre 11

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― Ce n'est pas très gentils de partir avant moi..., me murmura-t-il, le regard tendre.

Je laissai échapper un gloussement, et répliquai :

― Désolée... Mais c'est de ta faute, aussi ! On n'a pas idée d'être aussi sexy...

Il m'embrassa en riant, enfonçant sa langue dans ma bouche. Puis il reprit les rênes, que je lui abandonnai volontiers. Il me retourna vivement, écarta mes jambes et, dos à moi, me pénétra à nouveau. Dressée sur mes genoux, je me cambrai en arrière pour chercher sa bouche. Il m'embrassa encore quelques secondes, avant de rompre le contact et de se laisser aller à de brusques mouvements qui me firent tomber en avant, en appui sur les mains. Il me pilonna alors avec toute la force et l'ardeur jusqu'ici retenues, s'enfonçant encore plus profondément. Les mains agrippées à mes hanches, ses coups de butoir me transpercèrent et m'arrachèrent de nouveaux cris de plaisir, que je n'essayai même plus de réprimer.

Il lui fallut peu de temps pour jouir à son tour. Il se figea soudain en grognant, avant de pousser un long soupir de plaisir. Puis il se dégagea, enleva le préservatif dont il noua l'extrémité avant de le laisser tomber par terre.

Un sourire béat aux lèvres, il revint s'allonger à côté de moi et passa un bras autour de mes épaules. Je me blottis contre lui, la tête sur son épaule, nos sueurs entremêlées. Mes yeux se posèrent sur les lignes délicates de son tatouage, éclairé par la faible lueur de la lampe de chevet. Je caressai d'une main sa poitrine ferme, suivant d'un doigt les formes des motifs qui la parsemaient. Quelques poils clairsemés la couvraient. J'étais vraiment sous le charme de ces motifs géométriques au charme viril entêtant...

Nous restâmes un long moment silencieux, reprenant notre souffle, et savourant la béatitude de ce moment parfais. Nos regards se croisèrent et se comprirent aussitôt. Ni lui ni moi n'étions rassasiés. Ce n'était qu'un entracte, le deuxième acte n'allait pas tarder.

***

Le lendemain matin, en retard, je cavalai dans la fac en direction de la bibliothèque, perchée sur mes hauts talons. Mes pieds étaient déjà au supplice, j'allais devoir rester assise pendant un moment...

Tout en poussant les portes à battants, je repensai à notre second round. Moins fougueux que le premier – fatigue oblige –, nous nous étions contenté d'un missionnaire, mais très intense par les émotions partagées. Maël m'avait emportée vers d'autres cieux, plus calmement mais en m'enlaçant fortement entre ses bras, ses lèvres collées aux miennes. Je m'étais agrippée à lui, presque désespérément – comme un koala à sa branche.

Nous nous étions endormis sitôt la lampe éteinte. Je ne m'étais même pas essuyée entre les jambes, tant pis. La cyprine de mon intimité tacherait sans doute ses draps – mais ça ne me dérangeait pas, au fond, de laisser une trace de mon passage dans son lit...

Et puis dans la nuit, je m'étais réveillée, comme cela m'arrive parfois. J'avais regardé mon amant dormir un moment, avant d'aller me blottir contre lui. Cela l'avait réveillé. Après quelques baisers et caresses appuyés, il m'avait prise en cuillère, ses grandes mains empoignant mes seins. Au matin, j'avais sautillé jusqu'à la porte pour éviter les trois capotes nouées qui gisaient à terre.

J'avais encore des étoiles plein les yeux en poussant la porte de mon bureau. Mais en allumant mon poste de travail, les doutes commencèrent à pointer le bout de leur nez. Nous avions passé une nuit mémorable, mais après... ? Il avait été très clair sur sa volonté de ne pas s'attacher. D'un autre côté, c'était aussi la première fois qu'il éprouvait quelque chose d'aussi fort, il l'avait lui-même avoué. Quand il m'avait déposée sur le campus, j'étais si pressée que nous avions seulement échangé un rapide baiser, puis il m'avait lancé : « Allez file, ma belle ! À bientôt ! » sans plus de précision.

Je forçai mon cœur à se calmer. J'étais tellement accroc à ce mec que je ne pouvais même pas imaginer en rester là. C'était inenvisageable ! Tout dans ses gestes, ses regards, ses soupirs, me disait que nous avions partagé quelque chose de particulier. Mais serait-ce suffisant pour lui ? Je ne voulais même pas songer au contraire. Impossible. IM-PO-SSIBLE.

***

Dans la matinée, je décidai d'envoyer un sms à Yann pour l'inviter à prendre un verre ce soir. Cela faisait plus d'une semaine que nous avions dîné ensemble – une semaine et cinq jours que j'avais rencontré Maël. Si je tardai plus, il allait penser que ma proposition d'amitié n'était que du vent, de belles paroles pour atténuer mon refus. Or je souhaitais réellement continuer à le voir.

[Bonjour Yann ! Cela fait un moment, mais j'aimerais beaucoup de revoir, en toute amitié. Es-tu disponible ce soir ?]

Sa réponse ne se fit pas attendre longtemps, enjouée. Comme je finissais à 16h et lui à 19h, nous convînmes plutôt de nous retrouver pour déjeuner ce midi. Quelques heures plus tard, nous nous attablions à l'intérieur d'une brasserie du centre.

― Ça fait plaisir de te revoir ! me salua-t-il. Comment vas-tu depuis vendredi dernier ? Enfin, celui d'avant ?

― Très bien, et toi ? Je n'ai qu'une heure pour manger, mais ça devrait aller, le prévins-je. Je suis désolée de ne pas t'avoir appelé plus tôt, j'étais très prise...

― Pas de soucis, sourit-il. Moi aussi j'étais occupé.

― Je m'en doute. Ta boîte marche bien ?

― Très bien, on a un nouveau client, un important concessionnaire automobile. Ils ont décidé de dépoussiérer leur communication numérique, et c'est nous qui avons le contrat.

― Super ! dis-je en levant mon verre, sincèrement contente pour lui.

Au serveur qui vint prendre nos commandes, je demandai une omelette au fromage, et Yann un steak frites. Le déjeuner passa agréablement à parler de choses et d'autres – boulot, sorties, ...

― Tu prends un dessert ? me demanda-t-il quand le serveur revint prendre nos assiettes vides.

― Non, il ne faut pas que je traîne. Juste un café.

― Un pour moi aussi, dit-il au serveur. Bon, dis-moi, j'espère que n'as pas eu de soucis avec mon stupide frangin ? me demanda-t-il en riant. La ville est assez grande, mais on ne sait jamais !

Le ton était léger, mais je ris jaune.

― Eh bien tu vas rire, mais... je l'ai revu.

― Ah bon ?

Il redevint sérieux, passant en un instant de la surprise au soupçon.

― Le soir où on a dîné ensemble, je l'ai aperçu à la terrasse d'un bar, expliquai-je. Un vrai hasard !

― Ah...

Yann s'était raidi. Mais si je continuai à fréquenter Maël, Yann le saurait certainement de toute façon, à un moment ou un autre...

― Est-ce qu'il t'a draguée ? me demanda-t-il gravement.

― Hein ? fis-je, prise de court. Pourquoi ?

― Parce qu'en général il s'intéresse à toutes les femmes que je rencontre. Une autre de ses façons de se « venger ».

Aimer, rire... survivre (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant