Chapitre 12

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Je rougis fortement, pétrifiée.

― Tu veux dire qu'il sort avec tes...

― Il t'a draguée.

Son ton était ferme, presque accusateur. Je me mordis la lèvre inférieure. Il soupira, jeta des regards exaspérés autour de nous.

― Maël ne « sort » pas, il baise. J'espère pour toi qu'il ne t'a pas mise dans son lit ?

― Ça ne te regarde pas ! m'exclamai-je, sur la défensive.

Il leva les yeux au ciel en se passant les mains dans les cheveux.

― Mais c'est pas vrai, quel putain de salaud...

― Écoute, Yann, cette fois c'est différent..., tentai-je.

― Est-ce que tu sais pourquoi je déteste ce type ? me coupa-t-il sèchement.

― Oui, il m'en a parlé...

― Ah vraiment ? Et malgré ça, tu as quand même... ?

― Il m'a dit qu'il avait séduit ta copine au lycée, mais qu'il regrettait ! Je t'assure, il regrette vraiment, c'était une bêtise de jeunesse...

― Mais quel connard !

Il faisait de gros effort pour se contenir devant moi, mais son beau visage avait viré au rouge.

― Il est prêt à raconter n'importe quoi ! Je ne t'en veux pas de l'avoir cru, c'est un baratineur de première ! En effet il a couché avec la fille dont j'étais tombé amoureux, uniquement pour me faire chier. Mais loin de regretter, il s'en est amplement vanté en riant de son grand rire de débile ! Depuis toutes ces années il ne fait que ça, en rire ! Et depuis, il a toujours continué à s'intéresser aux femmes que je fréquente, parfois jusqu'au bout !

J'étais mortifiée, blême sur ma chaise. Le café arriva, mais j'avais perdu toute envie. Je me sentais humiliée, salie, mais surtout brisée. Après notre premier rendez-vous écourté, il n'avait sans doute jamais eu l'intention de me recontacter. Il avait simplement saisi l'occasion que je lui donnais pour retenter sa chance. Ses excuses m'avaient paru sincères, mais Yann avait raison, c'était un baratineur de première.

Mes yeux s'humidifièrent. Il fallait que je parte avant de me donner en spectacle devant Yann.

― Je suis désolée..., dis-je en me levant.

― C'est moi qui suis désolé, Céline, dit Yann doucement. Si tu as besoin de quoi que ce soit...

― Merci, mais là il faut que je digère ça, me forçai-je à sourire. Je te rappelle, ok ?

― Ok. N'hésite pas.

J'acquiesçai de la tête. Mes larmes eurent le bon goût d'attendre que je suis sortie de la brasserie pour déborder. Cet enfoiré avait pris son pied en se servant de moi. Certes, il avait pris la peine de chercher mon nom sur Internet pour me retrouver. Mais était-ce si difficile ? À la réflexion, non, pas vraiment. Il pouvait bien se donner cette petite peine pour faire enrager son frère. Ses confessions ? Rien que Yann ne m'aurait appris de toute façon. Et ses prétendus regrets, n'en parlons pas...

Peut-être que je devrais me consoler dans les bras de Yann, après tout. Sur le moment, cela me parut une excellente idée. Si gentil, si compréhensif, c'était l'homme idéale, j'étais folle de lui avoir dit non. Un jour. Pas aujourd'hui, j'avais trop mal. Je rentrai à la bibliothèque en mode zombie, et fonçai jusqu'à mon bureau.

***

Heureusement, je n'avais pas de permanence à assurer à la borne d'accueil cet après-midi. Je pus restée enfermée dans mon bureau à ressasser mon humiliation.

Aimer, rire... survivre (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant