Chapitre 8

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Cette fois j'avais prévu le coup, je vins directement à la fac en transports en commun. J'avais soigné ma tenue : des bottes noires à talons hauts sur un jean moulant, un petit pull cintré et court. Par-dessus, un blouson court également, qui dévoilait mes fesses et mes jambes. Enfin, une queue-de-cheval en prévision du port du casque, et des boucles d'oreille créoles en argent de 5cm. Côté maquillage, je restais discrète, pas besoin d'en faire trop : un trait de crayon noir autour des yeux, une légère touche de fond de teint et ça suffisait. Non, pas de rouge à lèvre. Si tout se passait bien, je ne voulais pas lui en coller partout...

Le soir venu, alors que je quittai la bibliothèque, mon rythme cardiaque monta en flèche à mesure que j'approchai des portes de sorties.

― Ah, Céline, attendez-moi !

Ce fut avec contrariété que je vis Jérémy cavaler vers moi.

― Est-ce que vous êtes libre pour prendre un verre avec...

― Désolée Jérémy, ça ne va pas être possible, coupai-je, agacée. J'ai rendez-vous avec mon compagnon.

Il se figea sur place.

― Ah, votre...

― Oui. À demain !

Je le plantai là sans état d'âme. Ce n'était pas très charitable, mais je n'étais pas d'humeur à me laisser distraire de mon but. Je savais aussi que c'était un mensonge, mais prononcer le mot « compagnon » me donna des ailes... Après tout, qui sait, peut-être que...

Sitôt dehors, je repérai immédiatement la moto et son propriétaire, au même endroit que la dernière fois. Rythme cardiaque, papillons, le grand retour ! Quand il m'aperçut, le visage de Maël s'éclaira, et son regard me détailla des pieds à la tête, l'air agréablement surpris. Je souris, ravie de mon petit effet.

Cependant, quand je parvins près de lui, il m'accueillit avec un sourire un peu moins grand, un peu moins sûr de lui...

― Est-ce que ça va ? fut la première chose que je lui demandai, inquiète.

― Oui, ça va. Avant tout, je voudrais m'excuser pour jeudi dernier...

Je respirai, soulagée.

― Et si on allait en parler autour d'un verre ? proposai-je en souriant.

― Bonne idée.

Il me rendit mon sourire, soulagé lui aussi. Il avait craint visiblement que je lui en veuille !

― Tu m'emmènes ? fis-je gaîment.

― Monte, et accroche-toi !

Cette fois, je n'hésitai pas à passer mes bras autour de sa taille pour me tenir. Le sentir à nouveau contre moi, pouvoir l'enlacer, ça faisait un bien fou ! J'allai même jusqu'à me blottir contre son dos, ce qui n'était pas nécessaire, à proprement parler. Il tourna légèrement la tête, le temps pour moi d'apercevoir son petit sourire en coin. En réponse, il arrondit le dos pour mieux me sentir...

Sans me demander de destination, il me conduisit dans le centre-ville de Nantes, où il gara son engin. Je reconnus la rue animée et, quelques mètres plus loin, le bar où je l'avais aperçu par hasard, un peu plus d'une semaine plus tôt. Ce fut là qu'il me guida.

― Ça te rappelle quelque chose ? me demanda-t-il, malicieux.

― Bien sûr ! Mais ce n'est pas forcément un bon souvenir... Je me suis bien payée la honte devant tes potes !

― Pour moi c'est un très bon souvenir, car sans ce hasard je ne t'aurais jamais revue...

J'acquiesçai. C'était vrai aussi. Nous nous installâmes en terrasse et, au vue de l'heure, de commander plutôt à dîner. Ce fut un croque-monsieur pour moi, un burger pour lui.

Aimer, rire... survivre (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant