Gu Hai - Bai Luo Yin -1- "Une vie."

87-Le choix des circonstances.

Wei Li pensait pouvoir voir toutes les victimes du Directeur fou, leur parler, les écouter.

Lors de la réunion chez le père de Gu Hai et la mère de Luo Yin, Bordel, ils font rien comme les autres, il vit que cela n'était pas opportun, voire replongerait la plupart dans des tourments inutiles.

Il passa donc parmi les uns et les autres au moment de ce rendez-vous, recueillant les ressentis, les questionnements, les mots. Il en conclut : rien ne pourra réparer le traumatisme causé ; même s'ils n'étaient pas dupes de la situation de leur pays, ces agissements les rendaient abasourdis par ce déchaînement de violence ; la conscience résultante était une méfiance accrue envers les autorités et tout ce qui se rapprochait d'un uniforme, mélangé avec un respect pour ceux qui le portaient.

Mais, le plus important était la chance qu'ils avaient de se connaître, d'avoir des liens forts avec des personnes chères et aimantes. L'image de Luo Yin et Gu Hai, plus la question de Monsieur Sian, résumait les propos de chacun.

Ils avaient essayé de désunir ce que l'humanité avait de plus beau, l'amour de l'autre.

Pour un homme comme Wei Li, pétri par une forte empathie, c'était comme une violation de l'intime. Il en parla avec sa sœur, le soir. Elle avait un peu près les mêmes opinions, augmentées par l'immense absence de celui qu'elle aimait.

Wei Li décida de ne plus se mentir, de ne plus se cacher. Il décida de changer de vie.

Le père de Gu Hai recherchait des techniciens et ingénieurs en informatique, cela lui convenait très bien.

Il travaillerait au QG SHI, sur un bateau transformé en agence d'espionnage. Il accepta la proposition, le salaire étant le double de l'actuel. Il comprit les risques et la période de formation, à certaines techniques de combats et de défenses. Il devait se présenter chez Gu Wei Ting dans deux jours. Il se joindrait à quelques membres de l'équipe Charlie qui finissaient leur formation aux combats rapprochés.

Il voulait changer de vie, assumer son homosexualité, trouver une certaine liberté, ce travail lui permettait. Il ne savait pas s'il y resterait longtemps, mais c'était une opportunité.

Sa sœur l'approuva, pas ses parents. Ils avaient vu le genre de résultat de ce milieu et ne l'acceptaient pas. Wei Li le regrettait, mais c'était pour lui un moyen de ne plus subir l'horreur de cette nuit et la détresse de sa sœur, son impuissance.

Son poste débuterait dans moins d'un mois lunaire, voire avant, pour la supervision des installations de l'informatique à bord et du supercalculateur. Wei Li n'avait pas travailler à ce niveau et le défi le motivait. Il se sentait suffisamment en confiance sur ses compétences, pour aborder cette nouvelle phase et le challenge.

Il commanderait, selon les termes de Gu Wei Ting, une équipe d'une dizaine de techniciens et d'ingénieurs. Il n'aurait de compte à rendre qu'à son chef, Jing Wei et lui même.

Wei Li était informaticien dans une grande entreprise, dirigeait un service de maintenance, d'installation et avait des milliers d'heures de repos à prendre. Son dévouement ne fût que très peu récompensé, malgré les belles paroles. Sa démission sera une surprise pour son chef, mais pas pour certains de ces collègues avec qui il avait eu quelques relations intimes. Wei Li végétait, il le savait, mais pour des raisons multiples, comme son confort personnel, ses parents, la peur du lendemain, 'je sais ce que j'ai...' etc, il n'avait pas changé de société depuis des années. Sa sœur lui disait parfois, il lui opposait sa condition de lycéenne. Le bougre...