Tout est écrit ⎜Deen Burbigo⎟

Chapitre 1

La Palmeraie, Marseille, Dimanche 7 Septembre, 4h52 :

- « Camilia on revient on va fumer une clope, tu restes à la table ? »

- « Je crois que j'ai pas trop le choix hein... »

La musique résonne, les gens se déhanchent et moi, assise seule a cette table, je regarde ma cousine s'éloigner dans la foule. Je suis la seule qui ne fume pas alors c'est bien utile pour surveiller la table pleine de bouteilles. Je me demande d'ailleurs ce qu'on fête. Mon départ peut être ou autre chose je ne sais pas, et on le fête pas qu'un peu, plusieurs bouteilles sont en bataille afin de rester dans ce seau de glace bien rempli. Demain je retourne chez moi, à Paris où je démarre une nouvelle vie : nouvel appart, nouvelles colocs, nouvelle fac...

Je suis ici en vacances chez ma tante à Toulon comme chaque année, c'est le seul moyen pour moi de voir ma cousine Nesrine (Ness pour les intimes) pendant plus d'une semaine entière. On a une relation très fusionnelle malgré les centaines de kilomètres qui nous séparent. Ness c'est la sœur que Dieu ne m'a pas donné et ça j'en suis convaincue même si physiquement on est tout l'inverse : du haut de ses 16 ans, Ness manie déjà les soirées en boite mieux que les équations en maths au lycée. Elle fait beaucoup plus âgée et entre facilement dans toutes les boites de son Sud; grande, hyper bien foutue, de longs cheveux bruns, un visage d'ange avec un sourire magnifique et des yeux marrons en amande... tous les hommes tombent à ses pieds.

Malgré le cadre, cette discothèque est super belle, c'est une boite en plein air, mais ce soir je suis pas d'humeur à faire la fête, je suis entre tristesse et excitation. Je devrais profiter de ma dernière soirée de vacancière avant de ré enfiler mes tenues d'étudiante et d'employée mais impossible et pour la 15ème fois de la soirée c'est encore une chanson de JUL qui se fait entendre dans la boite. Je me demande bien pourquoi les gens du Sud aiment autant JUL mais bon au bout d'un mois là bas on finit vite par connaître ses chansons par cœur et on commence même à s'y habituer si je ne m'abuse. En y pensant, je parais bien ridicule assise seule à une table qui vaut plusieurs centaines d'euros à réfléchir au sens de la vie. Dans moins 24 heures je reprendrai ma vie stressante de parisienne, je retournerai à mes cours et mes boulots.

Absorbée par mes pensées je n'avais même pas remarqué cet homme qui s'est assis à côté de moi. Encore un chien de la casse de boite de nuit, ce genre de dalleux que je connais par cœur (étant serveuse en boite de nuit), qui après avoir bu le verre de trop se pensent être les rois du monde et pensent pécho tout ce qui bouge. J'essaye de ne pas lui prêter attention, c'était sans compter son regard perçant que je sens se poser sur moi depuis bien trop longtemps.

- « Quoi ? » je lui demandai de manière très agressive.

- « Je fais rien de méchant, je te regarde, pas la peine d'agresser miss » me répondit-il très sereinement.

C'est à ce moment là que je remarquai que, cet homme, non pas désagréable à regarder, n'avait pas une goutte d'alcool dans le sang (sûrement parce qu'il était le SAM de la soirée) et bizarrement, il remonta un peu dans mon estime. Je le trouvais pas mal et sa voix grave m'attirait énormément.

- « Non mais j'aime pas ça ! Dis moi tu veux un verre c'est ça ? Parce que si c'est ça je t... »

- « Tu m'as pris pour un michto ou quoi ? J'ai pas besoin de ton verre. Je t'ai juste vu seule, je me suis dis que j'allais te tenir compagnie mais apparemment tu en as pas vraiment envie, je vais te laisser... » dit-il tu voix piteuse.

- « Excuse moi, j'ai pas l'habitude de voir des gens honnêtes en boite, surtout ici dans le Sud »

- « Ah ça, c'est bien une parisienne qui le dit »

- « Pas qu'un peu ouais, et toi alors j'imagine que tu es d'ici ? »

- « Je suis né ici mais j'habite en région parisienne depuis peu »

- « Ah bon ? Aucun accent, rien, félicitations, tu m'épates jeune homme »

- « Mickaël, je préfère »

- « Dans ce cas là, tu m'épates Mickaël »

- « Et toi alors j'ai le droit a un prénom ou bien ? »

- « Moi c'est Camilia, mais j'ai comme l'impression que tu te fous de moi...