La Carte

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Devant ma mine complètement déconfite, l'homme attrape délicatement ma main et y dépose le bout de ses lèvres.

-Mademoiselle Lisa, je suis ravi de constater que vous semblez en bonne santé, annonce-t-il avec une mine étrangement enthousiaste.

-Euh... Oui... Je... bredouillai-je déconcertée.

Je finis par abandonner l'idée de répondre quelque chose. Je n'ai pas été formée pour réagir correctement dans ce genre de situations. Je reste donc là, les bras ballants, totalement abasourdie.

Nom d'un bigoudis moisi !

Sous de jolies bouclettes blondes, ses deux yeux bleus clignent, et me dévisagent. Ses sourcils, bien dessinés, tendent de curiosité vers son nez long, et fin. Ses lèvres dessinent un sourire. Un sourire comme je n'en avais jamais vu avant.

Étrange.

Ce type... Maintenant que je le regarde mieux...

-A-attendez ! Nous... nous sommes déjà vu quelque part, non ? demandai-je en essayant de ne pas trop prêter attention à cette phrase stéréotypée.

-Oh ! Vous vous en souvenez ?

-Euh... Pas tout à fait. Mais... Mais presque, m'empressai-je d'ajouter devant son air déçu. En fait, il me semble vous avoir vu en rêve...

"Mooon aaaamoooour, je t'ai vuu au beaaau milieeeeeu d'un rêêêêve..."

-Ah bon ? À vrai dire, nous nous sommes rencontrés il y a cinq jours de cela, chantonne-t-il.

-Cinq jours !? m'égosillai-je en esquissant sans doute une affreuse grimace de stupéfaction.

"Mooon aaamouur un aussi doux rêve est un présage d'amour..."

-Oh bien sûr, continue-t-il sans prêter attention à mon état, j'entends bien que vous ne vous souveniez pas de moi. Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de nous présenter en bonne et due forme. Comte Debray, ajoute-t-il subitement avant de plonger son buste vers le sol pour me faire une révérence.

Il se redresse et me fait face, tout sourire, pendant que je séquestre intérieurement ma conscience dans un coin de mon crâne. 

Ce type est assez effrayant. Si je ne savais pas Mathieu au fond du couloir en train de l'épier, je n'aurais pas attendu plus longtemps avant de me barricader dans ma chambre et d'appeler l'armée !

Il est fou, complètement fou. La seule raison qui me pousse à encore lui faire face, c'est que j'aimerais bien découvrir pourquoi il m'arrive régulièrement de rêver de lui. Et puis accessoirement, j'ai plutôt peur des éventuelles représailles.

-Et donc, risquai-je en reculant un peu, d'où nous connaissons nous ?

-Quoi ? s'étonne-t-il. Vous n'avez toujours pas compris ? Vous êtes restée aussi peu vive d'esprit, Mademoiselle Lisa. Allons, vous ne vous souvenez vraiment pas de moi ?

Je fais non de la tête, de plus en plus désabusée par la situation.

-Voilà qui est vexant, s'amuse-t-il. Je vous ai volé votre portefeuille il y a quelques jours, vous n'avez pas déjà oublié ?

Cette fois, je reste complètement paralysée.

Non mais je rêve !? Ce type est décidément la personne la plus étrange qu'il ne m'ait jamais été donné de rencontrer. Même dans le bus, je vous jure qu'on ne rencontre pas des excentriques pareils ! Et pourtant, vous savez que dans le bus, on croise de tout : même un papy qui se prend pour un kangourou !

-Pardon !? m'égosillai-je. Vous plaisantez, n'est-ce pas ?

Il hausse les sourcils, tout en penchant la tête. À croire que c'est lui qui est totalement dépassé par la tournure des événements. Hors nous sommes d'accord, j'ai légitimement le droit d'être plus dépassée que lui ?

Esclave des Vampires TOME IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant