Ils ne sont pas loin. Ils ne sont jamais loin. Et pourtant, je ne parviens jamais à les atteindre. C'est frustrant.
J'essaye tant bien que mal de récupérer mon portable tombé dans la pâte.
Après une exploration des toilettes, un baptême de plongée dans mon bain, un ou deux séjours dans la boue, il ne va quand même pas finir sa vie enseveli dans de la pâte à muffins, si ?
Entre deux cuillères, je le récupère et viens le déposer sur la table.
-Donne, me dit Raphaël. Je vais l'essuyer.
-Merci, souriai-je.
Pendant qu'il nettoie mon pauvre téléphone, je mets les muffins à cuire.
Dès qu'il me rend mon bébé, je me jette dessus pour voir s'il n'est pas mort.
-Pitié, le priai-je. Ne m'abandonne pas. Reste avec moi, Philippe !
Je l'allume. Je teste.
Verdict : il marche.
-Il est en vie ! hurlai-je euphorique à l'intention de Raphaël. Réjouis-toi avec moi, il n'est pas mort !
-Et bah... Bravo Philippe. Ceci dit, miss, je suis certain que tu ne réagirais pas comme ça pour moi, se moque Raphaël.
-Mon portable, c'est ma vie. C'est tout.
Raphaël rigole, et commence à ranger la cuisine.
Je l'aide alors, et me munis de la farine pour la remettre d'où elle vient.
Et bah quoi ? Pourquoi vous me regardez comme ça ?
Je suis une fille qui a sa part de stéréotypes, je vous l'accorde. Mais quand même, j'ai des limites. Si vous croyez que je vais lui jeter de la farine dessus pour qu'il en fasse de même et qu'on finisse par aller prendre une douche, vous vous fourrez le doigt dans le chou.
« C'est surtout qu'il est trop gentil pour te renvoyer de la farine dessus et qu'il n'osera pas te frapper »
La deuxième moi n'a pas tort. Je déteste m'engager dans des combats dont l'issue est trop certaine.
Donc, je vais agir comme quelqu'un de mature.
Une fois n'est pas coutume.
La cuisine une fois rangée, et les muffins sortis du four, je vais instinctivement m'étaler dans le sofa, avec le saladier qui a servi à faire la pâte.
Franchement, faire de la pâtisserie sans manger la pâte qui traine au fond du plat, c'est comme manger des mikados sans essayer d'engloutir le chocolat en premier, sans casser le biscuit.
Impensable sacrilège.
Raphaël me sort de ma dégustation en disant :
-Je vais ranger ça en haut, dit-il en me montrant le DVD de Lilo et Stitch qu'on a regardé il n'y a pas deux heures de cela.
Je le regarde monter, comme un enfant. Il est mignon.
Je suis vraiment contente que le destin l'ait placé sur ma route, celui-là.
Je devrais les sentir, mais ça n'arrive pas. Pourquoi ? Pourquoi ça n'arrive jamais ?
-Lisa ?
-Mmh ?
Les deux bras fins de Raphaël viennent m'enlacer, depuis l'arrière de son canapé.
Je lève ma tête vers lui et dis :
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Esclave des Vampires TOME II
VampireNon mais franchement ! Vous y croyez-vous ? À quoi ça sert de prétendre lui rendre sa vie d'avant, si c'est pour revenir foutre un bordel monstre un an après, alors qu'elle est en pleine reconstruction !? Je vous le dis moi, les vampires n'ont aucun...