La Glacière

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-Rah ! J’peux pas faire ça, hurlai-je contre moi-même avant de m'affaler sur mon lit.

Je me roule en boule, jette mon oreiller par terre avant de m'étaler sur le sol pour réfléchir.

Je serre les dents, pour éviter de hurler à travers toute la maison.

Le plafond doit avoir peur de moi. Il faut dire que je ne le regarde pas très amicalement.

-Hé quoi ? lui criai-je dessus. C'est la première fois que tu me vois en colère ? Et bah faudra t'y faire mon vieux.

Je lui lance un dernier regard mauvais avant de me hisser sur mon lit, plus doucement.

Pour me calmer, j'essaie de retracer les événements qui m'ont menée à m'énerver toute seule, de façon assez pitoyable.

Tout a commencé ce matin (enfin… bien sûr, quand je dis tout, c’est pas vraiment tout. C’est juste… rhô ! Laissez tomber). Bref, ce matin, ça s’est plus ou moins passé comme ça :

Alors, comment dire...

Vous savez,  Ruby m’a souvent accusée d’abuser de la gentillesse des autres, et de me servir sans honte de ce qu’elle surnomme mon pouvoir de séduction.

Et bah oui. Pourquoi vous me regarder comme ça ? Moi, je le dis, on fait avec ce que Dame Nature nous a donné.

Elle m'a fait un peu grosse, je dépasse souvent au dessus de mon jeans. Elle m'a donné des cheveux dénués de tout forme de respect.
Elle m'a donné un fessier de mammouth, des jambes de camionneurs, m'a faite courte sur patte. Mais bon. Elle m'a laissée assez bien équilibrée, et plutôt jolie. J'en profite.

Dites-vous qu’au moins, j’assume pleinement ce côté… légèrement manipulateur de ma personne.

Enfin, ce n’est pas là que je voulais en venir. Ce que je voulais dire, initialement, avant de dériver comme ça, c’est que Ruby n’a pas tout à fait tort et en l’occurrence, j’abusais clairement, sous des aires faussement innocents, de la bonté de Raphaël. J’avoue tout.

« En quoi ? » me demanderez- vous.

Et bien voilà : le plus gros drame de ma vie, du moins actuellement, est que j’adore le thé, plus que n’importe quoi d’autre.
Seulement, ce que j’abhorre par-dessus tout, c’est de devoir me mouvoir.
Contradictoire, vous direz-vous, étant donné que pour obtenir du thé, il faut commencer par se bouger. Alors que franchement, on est tellement bien assis dans un canapé !

Plutôt problématique, comme situation.

Heureusement pour moi, la solution à mon problème, du moins cette fois-là, était cet adorable Raphaël.

Ainsi, pendant que je flemmardais et me contorsionnait dans tous les sens dans son canapé, comme une limace de l'espace, il m'avait lui-même proposé de me préparer du thé (bien que je l'ai légèrement orienté vers cette voie-là). Je vous rassure, je ne fais pas ça si souvent. Je suis quelqu'un qui se respecte un minimum.

Seulement pour le coup, j'étais vraiment fatiguée. Une nuit abominable ! Du coup, j'ai profité de la bonté de cet homme...

Oui, je sais que c’est mal. Ma conscience me le répète déjà assez souvent, mais j’y peux rien. J’ai beau essayer, je n’y parviens pas ! Je ne parviens pas à résister. Ce garçon est trop gentil. Vraiment, beaucoup trop.

Ça en est presque criminel ! Je me suis souvent dit, que ce n’était pas possible.

Je me surprends d'ailleurs de temps en temps à penser que c’est en réalité un Bisounours infiltré parmi les humains pour partager l'amour et la joie.

Esclave des Vampires TOME IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant