Je ne sais pas vraiment ce que j'attends de cette rencontre. Un miracle, sûrement.
Je regarde la grande horloge de la cuisine. 14h47. Mon cœur ne veut plus s'arrêter. Ok. C'est pas trop tard pour fermer toutes les fenêtres, et tous les volets, avant d'aller me barricader derrière des sacs de farines, des bombes (à eau) dans les mains.
Après tout, rien ne dit que c'est sans danger. Peut-être qu'en fait, c'est une super nouvelle technique mise au point par des voleurs professionnels pour encore plus plumer les gens.
Peut-être qu'il n'est pas aussi calme et inoffensif qu'un mouton, et qu'il voulait juste s'accaparer ma confiance pour mieux me poignarder dans le dos et voler la maison dans son intégralité. Tiens, ça ferait un bon scénario remake du petit chaperon rouge ça...
Enfin, là n'est pas la question.
Je triture mes mains dans tous les sens, écrase entre mes doigts quelques mèches de cheveux, et n'arrête pas de faire des allers-retours entre la cuisine et le salon.
-Je suis inconsciente, me répétai-je sans interruption. Complètement inconsciente.
"Je n'ai pas arrêté de te le répéter."
Et Babette aussi, accessoirement.
C'est pas vrai ! Mais pourquoi j'ai fais ça... En plus, j'ai fais exprès de choisir une heure où les parents sont au boulot et Mathieu, à ses interminables répétitions pour le théâtre. En même temps, je me voyais mal leur dire que je recevais de la visite... surtout quand on voit de quel visiteur il est question.
"Le comte Vincent Debray vient me voir", j'imagine d'ici leur crise cardiaque.
Je devrais peut-être appeler Raphaël, il est au courant, lui. Oh et puis non ! Je serais gênée pour parler à mon aise. J'activerais le filtre à conneries, et là, j'ai besoin de pouvoir déballer tout ce qui me traverse la tête.
-Babette ? T'es plus là ? Babette !? hélai-je comme une folle furieuse, complètement paniquée.
Pfff, je suis décidément aussi désespérée que désespérante...
Quelle heure ? 14h52.
Ok Lisa, fais pas de boulettes. Cache une bombe de déodorant sous les coussins du salon, au cas où. Ça le déstabilisera, il te restera plus qu'à sprinter jusque chez la voisine, et d'appeler la police.
Aussi rapidement que ma condition physique me le permet, je file dans les toilettes, chercher la bombe de désodorisant. C'est le plus malodorant qu'on puisse trouver dans cette baraque, c'est parfait !
Est-ce que c'est raisonnable de glisser une fourchette sous mon pull en cas d'extrême urgence ?
On va dire que oui !
14h56.
Je vais défaillir, c'est sûr. Je dois vraiment m'ennuyer pour aller me mettre un coup de stress pareil. Ma vie est-elle à ce point vide, pour que j'aie besoin d'aller jusque là pour atteindre l'adrénaline ?
"Oh non. Lisa, tu as faux !"
Je fais ça pour en avoir le cœur net. Après, je serai soulagée, tranquille, et on en rira avec Raphaël.
"Sauf si tu es assassinée"
Arrête de semer le doute !!
De toute façon, j'ai déjà rédigé une lettre d'adieu qui expliquait tout et un testament approximatif. Il est caché sous mon oreiller, il sera facilement retrouvé.
Hé hé, prévoyante, la Lisa ! Ça vous en bouche un coin, pas vrai ?
Quoi ? Non je ne suis pas plus folle que paranoïaque !
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Esclave des Vampires TOME II
VampireNon mais franchement ! Vous y croyez-vous ? À quoi ça sert de prétendre lui rendre sa vie d'avant, si c'est pour revenir foutre un bordel monstre un an après, alors qu'elle est en pleine reconstruction !? Je vous le dis moi, les vampires n'ont aucun...